Interview : Dominique Bussereau – La future nouvelle région Aquitaine-Poitou Charentes, Limousin : Un projet enthousiasmant !


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Interview : Dominique Bussereau - La future nouvelle région Aquitaine-Poitou Charentes, Limousin : Un projet enthousiasmant !

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 03/11/2014 PAR Joël AUBERT

@qui! – Dominique Bussereau, à cinq mois de l’élection départementale, les 22 et 29 mars prochains, on ne ne connaît pas encore les compétences qui vont être celles du département dans le cadre de la réforme territoriale. Qu’en pensez-vous ?
Dominique Bussereau – On est dans un grand vilain flou, en particulier avec un calendrier législatif très compliqué à retenir. Le Sénat, en seconde lecture, vient de voter la carte des régions, le report des élections régionales à décembre 2015, l’avancement des élections départementales en mars. Le texte va revenir à l’Assemblée nationale. Donc, avant la fin de l’année on devrait être fixé mais ce qu’on ne connaît pas encore c’est le mode de scrutin pour les élections régionales. Mais celles-ci sont dans un peu plus d’un an ; c’est donc moins important. Sur la loi que le gouvernement appelle la loi NOTRe, la nouvelle organisation territoriale de l’Etat, le texte viendra en première lecture au Sénat en décembre puis en début d’année – janvier ou février- en première lecture à l’Assemblée nationale. Ce que j’ai cru comprendre des propos du premier ministre – et comme les choses ont beaucoup bougé je dis cela avec des incertitudes – c’est que le texte sur les compétences des départements aurait fait l’objet d’une première lecture complète – départements-régions intercommunalités – avant les départementales, donc avant les 22 et 29 mars.

Elections départementales : j’ai peur d’une abstention massive@! – Au delà du calendrier législatif que peut-on imaginer s’agissant des compétences de chaque collectivité ?
D. B. – Après beaucoup d’incertitudes est-ce que dans les métropoles voulues par l’Etat, Bordeaux par exemple, on fait les mêmes opérations qu’à Lyon, c’est à dire que la métropole prend alors les compétences du département, celui-ci ne s’occupant alors que du territoire hors métropole ? Le premier ministre dit : on ne va supprimer les départements même après 2020 ; on va en garder un certain nombre quand ils ont une caractéristique rurale …Mais qu’est-ce qu’un département rural ? La Charente-maritime et la Charente sont des départements ruraux, est ce que les Landes sont un département rural ?

Le premier ministre dit encore : voyons si on ne peut pas, dans certains cas, faire assumer les compétences du département par des fédérations d’intercommunalités, là ou l’intercommunalité est bien ancrée. Tout cela fait en réalité qu’on ne sait pas. Je suis bien incapable de dire quelles seront les compétences du département de Charente Maritime en 2015-2016 et au-delà. C’est pour cette raison que j’ai pris sans gaieté de cœur la décision de reporter le budget après les élections départementales. D’abord pour une raison républicaine et éthique -il me paraît normal que la nouvelle assemblée complètement renouvelée, notamment par le système du binôme et les modifications de la carte cantonale, vote son budget ; ensuite j’attends de savoir ce que seront nos compétences. Par exemple on ne va pas engager un gros investissement en 2015 si on sait qu’au premier janvier 2016 cet investissement va nous échapper et qu’on ne sera plus en mesure de le gérer. On est aujourd’hui vraiment dans le flou… Et je ne suis pas sûr qu’au moment où les électeurs voteront – ça va rajouter à l’abstention et au dégoût de la politique – tout le monde aura bien compris, en mars prochain, ce que sont les compétences du département. D’autant que les cantons ont été modifiés, que les électeurs jusque là avaient une connaissance du canton, de son chef lieu, du collège, de la gendarmerie, des services publics..Les électeurs vont avoir deux élus qui vont représenter le même espace. Tout cela m’inquiète beaucoup et j’ai peur, à la fois d’une abstention massive ou alors que certains électeurs ne disent : ils nous ennuient avec tout ça ; je vais voter Front National ou autre pour montrer mon mécontentement.

@! – Il faut garder quand même garder son sang froid dans cette période d’incertitude…
D. B. – Ce sang froid on le doit aux citoyens qui sont attachés à leur département. La Charente Maritime a une vraie identité ; on le doit aussi aux 3000 fonctionnaires qui travaillent pour ce département dont certains se disent : je suis au service économie, au service des ports, qu est-ce qui se passe, qu’est ce que je deviens si demain nous n’avons plus de compétence d’intervention économique… C’est difficile à vivre aussi pour ceux qui ont en charge les routes ; ils ne savent pas qui sera demain leur patron, la Charente-Maritime ou la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes ? Alain Rousset nous disait l’autre jour à Sciences Po Bordeaux qu’au sein de l’Association des Régions de France, l’ARF, dont il es président il y avait à ce sujet des visions différentes ; on ne sait pas comment le gouvernement et ses partenaires des grandes associations l’ARF et l’ADF, Association des Départements de France, vont sortir de tout cela…

@! – Cependant, sauf imprévu législatif de dernière minute, il est quasiment certain que la carte régionale va entériner une grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. D’ores et déjà comment imaginer vous les complémentarités possibles, notamment entre Charentes et Aquitaine ?

Bordeaux métropole : une très belle imageD.B – Je trouve ce périmètre très intéressant et porteur d’avenir.

Premièrement parce que pour qu’une région ait une véritable identité il faut qu’elle soit portée par une métropole. On a la chance d’avoir une ville qui est une vraie métropole, une ville qui a une très belle image vis à vis des Français et dont l’embellissement au fil des années, son dynamisme et la magie de son nom, Bordeaux, lui confèrent une notoriété européenne et mondiale. J’étais en Chine ces jours-ci ; quand on m’interrogeait et me demandait où est-ce la Charente maritime ? Je répondais Cognac et Bordeaux.. Ce qui ne veut pas dire que mes interlocuteurs savaient les situer sur la carte de France mais en revanche ces noms leur parlaient.

Deuxièmement nous avons des synergies économiques importantes. Nous sommes une grande région maritime dont la façade littorale ira de la Siévre Niortaise, de la baie de l’Aiguillon jusqu’à la Bidassoa, il existe une synergie sur des produits phare que sont les vins de Bordeaux et le cognac. Des proximités aussi en terme de pêche, d’ostréiculture, de viticulture, de voile, de ports de commerces.. Dans le domaine industriel nous avons un des rares secteurs ou la France tient plus que sa place, où nous sommes compétitifs tant en Aquitaine qu’en Poitou-Charentes, l’aéronautique.

Moi j’ai trouvé intelligent que le Limouisn vienne avec nous ; c’est une région qui se cherche un peu, qui est en dehors des grandes lignes de TGV pour l’instant qui n’avait pas très envie d’aller avec le Centre ou l’Auvergne. Finalement le Limousin nous renforce en nous donnant une identité un peu différente, des paysages autres… A tous les trois on représente une belle région européenne et pleine de complémentarités. Bien sûr, il faudra faire jouer les solidarités, apprendre à travailler ensemble… Charentais maritimes et Charentais de l’intérieur on est habitué à se tourner vers Bordeaux. Je pense qu’il y aura une véritable entité de Centre Ouest-Sud Ouest qui va se bâtir. C’est un projet enthousiasmant. Pour ma génération, l’Europe c’est un projet enthousiasmant ; pour nos enfants c’est juste évident. On peut retrouver un enthousiasme dans l’action locale sur un nouveau territoire à construire ensemble. Je trouve cela psychologiquement et politiquement, au sens noble du terme, passionnant.

@! – Les Charentes sont très disposées a entrer dans ce nouvel ensemble régional mais au sein même de Poitou-Charentes, ce n’est pas forcément le cas des autres départements…
D. B. – Il n’ y pas dans le problème dans la Vienne ; il y a une vraie volonté des forces vives d’y entrer; le maire de Poitiers qui était d’un avis différent s’y est fait ; il a été fair play. Les Poitevins ont aussi compris qu’avec la LGV, ils seraient à une heure de Bordeaux, plus près de Bordeaux que de Paris.

Les Deux-Sèvres, un département complètement enfoncé dans les Pays de Loire ont été sensibles aussi à l’attractivité de l’Aquitaine. Certes, ce sera plus compliqué à faire naître cette idée nouvelle à Parthenay, à Bressuire, à Thouars qu’à Jonzac, Saintes, La Rochelle ou Royan mais je pense qu on y arrivera .. Et si il y a une dynamique, les gens iront là où elle sera ; cela n’empêchera pas que l’Université de La Rochelle continuera à être en phase avec Poitiers ou que l’on va stopper tous les liens actuellement existants en Poitou-Charentes.

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