Les trois ingénieurs diplômés de l’école d’horticulture d’Angers ont posé leurs valises dans une ferme collective. Au pied du Vercors, entre Grenoble et Valence, ils sont passés à la pratique en compagnie des neuf agriculteurs de cette exploitation. « Ils font du maraîchage, des asperges, des noix, des plantes médicinales et aromatiques, des petits fruits et ils ont même un projet de vaches laitières, détaille Martial Lagrange, avec en plus de la transformation et un marché sur la ferme par semaine avec une guinguette. On veut montrer, avec cet exemple, qu’on peut travailler en collectif pour pallier certaines contraintes comme la pénibilité ou la solitude. »
Animés par une quête de solutions, les trois amis espèrent convaincre qu’il n’existe pas qu’un modèle agricole. A chacun d’opter pour celui qui lui conviendra. Au gré des fermes où ils séjournent trois semaines, ils reprennent leur itinérance et s’arrêtent chaque soir chez un agriculteur. Histoire d’étoffer leur périple de mille et une expériences. « Le but est d’avoir une vision globale des métiers que propose l’agriculture et de montrer des solutions aux candidats à l’installation, poursuit Martial, le haut-viennois du trio. On veut donner une image positive et réaliste de ce beau métier. On continue aussi à se former à différentes pratiques en rencontrant des agriculteurs dans leur quotidien. L’enjeu est important car dans dix ans, la moitié sera à la retraite.»
Leur Tour de France se déroule en six étapes avec une première halte, en mars, dans les Alpes-Maritimes pour rencontrer des agriculteurs fonctionnaires. « La commune de Mouans-Sartoux emploie des maraîchers qui produisent les légumes servis à la cantine, explique le jeune homme. Ils ont l’avantage d’avoir un salaire et des horaires fixes ce qui leur assure une certaine sérénité indépendamment de la production et des aléas climatiques. Ce statut peut correspondre à certaines personnes pour relever le défi du renouvellement des générations. »
« Le plus fort taux d‘installation en Pyrénées-Atlantiques »
Après l’Isère, ils mettent le cap sur le Pays-Basque pour séjourner dans trois petites fermes du côté de Saint-Palais. « On veut aussi montrer qu’on peut vivre avec 30 ha et aussi savoir pourquoi les Pyrénées-Atlantiques détiennent le plus fort taux d’installation de France. » Ils rallieront ensuite la Dordogne ou la Haute-Vienne, afin de s’immerger dans un territoire rural et d’en déceler les ressources pour le redynamiser. Ce sera ensuite la Bretagne et la Normandie pour un périple d’environ 5 000 km. « On ne sait pas trop exactement car on fait beaucoup de détours entre nos séjours, indique Martial. On discute des problématiques avec chaque agriculteur rencontré et on repart pour s’arrêter 50 km plus loin. » De quoi se forger de bons mollets d’ici l’arrivée en novembre !
Originaire du Loiret, Adèle a grandi dans une famille d’éleveurs laitiers. Les parents de Martial sont installés en brebis viande à Peyrilhac. Quant à Aristide, sa mère est formatrice en BPREA et son père travaille dans la semence. « Ce Tour de France va nous permettre de comprendre le milieu agricole et ses enjeux, enchaîne-t-il. Notre cerveau est en ébullition, chaque système qu’on découvre est différent et intéressant. L’agriculture peut se pratiquer de plein de manières. » S’ils échangent en temps réel sur les réseaux sociaux, ils espèrent au final en tirer un livre « imagé, accessible pour à peu près tout le monde, et des solutions techniques sur l’installation et tout ce qui peut pallier aux contraintes du métier. »
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