Nos Temps Forts de 2015: Alain Anziani et la métropole: Avec Alain Juppé nous conservons l’échéance du 1° janvier 2016 pour la mutualisation


Ville de Mérignac

Nos Temps Forts de 2015: Alain Anziani et la métropole: Avec Alain Juppé nous conservons l'échéance du 1° janvier 2016 pour la mutualisation

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Temps de lecture 11 min

Publication PUBLIÉ LE 05/05/2015 PAR Joël AUBERT

@qui! –  Alain Anziani, en tant que vice-président de la métropole vous avez aux cotés d’Alain Juppé un rôle important de pilotage de la mise en œuvre de la mutualisation, c’est à dire de la nouvelle répartition des compétences, des équipements, des personnels, ce qui implique aussi des changements de statut, des évolutions de carrière. Cela a semblé soulevé des inquiétudes. Comment est-ce que ça se passe ?
Alain Anziani
– La mutualisation n’est en fait qu’un des trois chantiers de la métropolisation. La création de la métropole, actée en janvier dernier, est progressive . C’est, d’une part, des transferts de compétences dont certains sont déjà effectifs. Par exemple les aires d’accueil des gens du voyages. Nous avions une aire d’accueil à Mérignac ; aujourd’hui c’est la métropole qui va s’en occuper. La politique de la ville, la prévention et la sécurité sont également des compétences de la métropole, la distribution du gaz et de l’électricité aussi. Et on a une petite particularité bordelaise : Bordeaux ça fait soixante ans que notre agglomération ne respecte pas la loi, soixante ans qu’elle n’exerce pas la compétence voierie-propreté. Il faut qu’on exerce enfin cette compétence; ce sont des effectifs importants dans les communes. Ce premier bloc de transfert de compétences c’est déjà tout un chantier.

Un deuxième travail consiste à dire : est-ce que l’on besoin de plusieurs grandes salles de spectacle, de plusieurs grands stades nautiques ? Evidemment non. Il faut donc que l’on décide quels sont les équipements culturels, sportifs qui ont une dimension métropolitaine, un « intérêt métropolitain » tel est le texte même. Avec Alain Juppé nous avons choisi de ne pas trop charger la barque du premier semestre ; cela nous l’examinerons à partir du I° septembre.

@! – Les débats très anciens sur le mode : qui finance qui ? qui bénificie de quoi ? sont de la sorte ainsi posés au grand jour. On le sait bien ici à Mérignac où la ville dispose avec le Pin Galant d’un grand équipement culturel ?…
A. A. – C’est une clarification. Si on prend l’exemple du Pin Galant, il est porté par la ville et tout à fait équilibré en termes financiers. Nous, on y met un million d’euros à peu près par an. C’est un équipement culturel qui s’autofinance et, parmi tous les équipements culturels de France, c’est sans doute un de ceux qui a le meilleur équilibre financier. Mais, paradoxe, est-ce au contribuable financier de Mérignac seul de le financer alors que la fréquentation du Pin Galant est aux deux tiers composée de non mérignacais. Certes on peut dire la même chose pour le Grand Théâtre de Bordeaux ou d’autres…

Prenons l’exemple d’un stade nautique… Aujourd’hui, il n’existe pas de piscine sur l’agglomération capable d’accueillir des compétitions nationales ou internationales. Nous n’allons pas créer trente six piscines de cette nature là. Donc un consensus voit le jour pour qu’il y ait un stade nautique d’intérêt métropolitain aux normes olympiques, ici sur Mérignac.

C’est cela, le second chantier : inutile de dire qu’il est difficile car chaque commune considère qu’elle a sur son territoire quelque chose de métropolitain. Il va falloir discuter, trouver des critères avec la loi qui prévoit qu’un équipement métropolitain doit recueillir une majorité des deux tiers. Il faudra donc que les deux tiers du Conseil de la métropole dise: tel équipement est d’intérêt métropolitain, tel autre ne l’est pas.

La mutualisation ? Un chantier redoutable@! – L’exercice démocratique est donc de grande responsabilité ?…
A. A. – Les deux tiers ça veut dire le consensus ; c’est au-delà d’une simple majorité . Il faut qu’on arrive à se mettre d’accord. C’est tout l’intérêt de la cogestion qui, par ailleurs, est critiquée mais sans cogestion on ne peut pas faire tout cela. Nous y reviendrons. Le troisième chantier c’est celui de la mutualisation, un chantier redoutable.

@! – Pour quelles raisons ?
A. A. – Parce qu’il opère une vraie rupture… Il y a eu la Communauté urbaine de Bordeaux, une première évolution majeure dans les années soixante ; la métropolisation et son volet mutualisation en sont une seconde.

Prenons un chiffre : aujourd’hui la métropole c’est un peu moins de 3.000 personnes, demain ce sera un peu plus de 5.000. Deux mille personnes vont arriver des communes. Cela peut inquièter les personnes qui arrivent de ces communes mais aussi celles qui sont dans l’ancienne Communauté urbaine. Elles se posent des questions du genre : comment tout cela va s’organiser ? est-ce qu’en terme de carrières les perspectives ne vont pas être bouchées par l’arrivée des nouveaux venus ? Il faut expliquer, rappeler le pourquoi de tout cela comme cela est fait à Nantes, Lyon ou Marseille. Est-ce que dans la métropole nous avons besoin de 28 services de paie ? De 28 services de commandes publiques ? On peut même aller un peu plus loin: est-ce que l’on a besoin d’une double instruction pour les permis de construire ? Dans les deux cas, la paie et la commande publique on va dire, en effet, ce n’est pas la peine . S’agissant de la commande publique on aura même le sentiment que plus on regroupe et plus on fait des économies. Mais, il faut aussi qu’on se soucie des entreprises locales: on peut se poser la question suivante : si on fait de grands groupements de commandes publiques alors nos entreprises locales auront peut être plus de difficultés a accéder à ces commandes…L’idée est généreuse les effets secondaires doivent être envisagés.

Intensifier la concertation@! – Pour réussir la mutualisation le dialogue social doit être fort. Il y a eu des tensions récemment . Avez-vous décidé d’avancer en vous pressant moins ?
A. A. – Non, nous avons décidé de conserver le terme du 1° janvier 2016 mais d’aller d’un autre pas vers le 1° janvier 2016. Nous allons aller moins vite mais nous voulons arriver dans les temps. Pourquoi arriver dans les temps ? Parce que si je prends l’exemple de Mérignac, j’ai plus de 200 personnes qui vont partir à la métropole. Imaginons la situation de ces 200 personnes ; elles savent nominativement qu’elles vont partir à la métropole. Mais on ne peut pas les laisser comme ça en suspension ; elles se disent on est aujourd’hui au mois de mai, c’est à dire qu’il reste sept mois avant fin décembre…Si on devait retarder d’un autre semestre ou d’un an ça veut dire que pendant presque deux ans elles ne sauraient pas  précisément ce qu’elles vont faire. Aujourd’hui leur attention, leur volonté, leur motivation sont tournées vers leur futur emploi au sein de la métropole. J’ai souhaité et Alain Juppé est dans la même position, la même vision, celle de garder l’échéance du 1° janvier. Et, ceci, pour une raison simple ; nous sommes les deux plus grands contributeurs. Dans une commune qui ne mutualise rien, évidemment tout va trop vite. Il faut donc que l’on garde ce calendrier là. Nous faisons en sorte d’augmenter la concertation, de la diversifier ; on a nommé une petite équipe avec des élus Alain David d’une part, Nicolas Florian de l’autre et deux élus qui ont l’expérience des ressources humaines, d’un coté Brigitte Terraza et Franck Raynal. 1.NDLR
Aujourd’hui, en effet, l’idée d’intensifier la concertation est là mais sans perdre de vue le calendrier

@! – Comment aborder la question du temps de travail qui a suscité récemment des réactions ?
A. A. – L’idée c’est de lier le régime indemnitaire et le temps de travail. Si on prend par exemple Bordeaux, les personnels vont être très nombreux à venir au sein de la métropole – est ce qu’on peut leur dire vous allez venir à la métropole et vous allez avoir une rémunération plus importante ; ils vont gagner plus parce qu’ils vont s’aligner sur le régime indemnitaire de la métropole et, en même temps, vous travaillez un peu plus, c’est à dire 35 h ?… Aujourd’hui, pour des raisons historiques dans les collectivités territoriales au lieu de travailler 1607 h par an on travaille 1540.. On va donc leur demander de travailler dix minutes de plus par jour puisque ils auront le même régime indemnitaire. Nous lions régime indemnitaire et temps de travail.

Urbanisme : trouver le bon équilibre entre construire et protéger

Alain Anziani, maire de Mérignac

@! – Quels exemples peut on mettre en avant de services qui pourraient bénéficier plus largement à la population du fait de la métropole ?
A. A. – Je reviens sur la question du permis de construire déjà évoqué. Aujourd’hui nous avons un système où il existe une double instruction du permis de construire, l’une faite par les services issus de la Communauté Urbaine qui donnent un avis et l’autre, une instruction en mairie. Désormais, nous allons vers une seule instruction, ce qui signifiera un gain de temps pour la personne qui dépose son permis de construire et l’attend. Ce sera transféré à la métropole, pour les communes qui le souhaitent.

@! – Justement parlons de l’urbanisme au sein de la métropole. Est-ce que malgré l’existence d’un Plan local d’urbanisme on ne laisse pas construire un peu n’importe où et comment ?
A. A. – Il y a plusieurs données dans le débat : nous manquons de logements. Quand on regarde ce qui se passe au niveau national, les lois, à commencer par la la loi Alur et d’autres, consistent à assouplir toutes les contraintes pour construire des logements. Par exemple il existe une contrainte environnemntale, il y a un espace boisé: un texte demain va dire on peut raser pour construire… La priorité est donnée à la construction car il manque 800 000 logements ; donc ne nous compliquons par la vie c’est une donnée très véhiculée nationalement. Mais localement c’est autre chose… Et on l’observe tous les jours…les habitants en ont ras le bol de la densification; ils disent «  arrêtez de nous construire quatre étages dans un quartier pavillonnaire où il y a un bois. Il faut trouver un équilibre entre ces deux contraintes. J’ai pris comme parti de retravailler le PLU de l’aggomération qui va être arrêté au mois de mai ; dans ce PLU là on aura davantage la prise en considération de tout ce qui est environnemental, des règles de recul par rapport à la voierie, de l’identité des quartiers…

Ce débat, d’ailleurs, nous l’avons eu en réunion de la métropole, notamment quand on a conclu l’accord de cogestion. J’ai fait inscrire une phrase en ce sens et tout le monde était d’accord, car on s’est fait interpeller les uns les autres, élus, pendant les municipales sur le thème : vous construisez trop… Il faut qu’on construise mais pas n’importe où, là où il y a des trams, le long des axes de circulation. Par exemple, à Mérignac, il y a cette zone de l’avenue de la Marne, de Mérignac Soleil où on peut faire naître un nouveau quartier. Par contre à Capeyron ce n’est pas le lieu où il faut densifier. Cela c’est très difficile à défendre, car soit tu te fais critiquer par les habitants soit par le monde de la construction.

@! – Est-ce que si la métropole disposait d’un Etablissemnt public Foncier, cela faciliterait les choses, permettrait une meilleure maîtrise ?
A. A. – Oui, car le principal problème c’est bien le coût du foncier. L’intérêt d’ un tel établissement c’est que l’on acquiert aujourd’hui et on met en réserve pour demain. Là où passe le tramway les prix flambent ; si nous avions un établissement qui avait acheté et gelé des espaces on pourrait conserver le même type de prix ; l’établissement public foncier est sans doute une nécessité . Mais on va aller vers l’équivalent d’un établissement public foncier d’un outil, qui va être l’actuelle « FAB », la fabrique, qui va avoir ce rôle.

Le tramway est plébiscité mais il coûte très cher@! – Quels autres exemples de services pratiques à mutualiser ?
A. A. – Dans un tout ordre d’idées ne serait-ce qu’une balayeuse… Nous, à Mérignac on est une grande ville; donc on a deux balayeuses. Des petites communes comme Saint-Louis de Montferrand ou Saint-Vincent de Paul n’ont pas ce matériel là : l’intérêt de la mutualisation c’est de mettre à la disposition de l’ensemble des communes une panoplie de matériels beaucoup plus variés et plus techniques. Le matériel sera, aussi, mieux amorti car il servira à plusieurs communes.

@! – Et les transports ? Le tramway tout le monde en veut et parfois loin du cœur de l’agglomération …Vous êtes allés à Nîmes découvrir le fameux bus à haut niveau de services.
A. A. – Le tramway est plébiscité par la population mais la population ignore son coût. Le tram, aujour’hui c’est entre 22 et 25 millions d’euros le kilomètre. C’est très lourd. Donc l’idée est venue qu’on pourrait mettre des bus à haut niveau de services, comme à Nîmes. Ils coûtent moins cher – deux à trois fois moins- mais transportent moins de monde. Il faut voir où cela est possible dans l’agglomération, les endroits où cela sera possible de mettre ces bus avec les mêmes caractéristiques que le tram, y compris des stations, du confort de l’accés wifi… Quand on me dit qu’il faut qu’un bus à haut niveau de services desserve l’aéroport c’est stupide: si on le fait il y a une rupture de charge. Aujourd’hui, le tram va jusqu’au « Quatre chemins » ; le plus simple c’est quand même de faire quatre kilomètres de plus et d’aller jusqu à l’aéroport, sans de rupture de charge.

La cogestion c’est dans les gênes depuis la création de la CUB@! – La métropole est là depuis janvier. A la Communauté urbaine il existait entre droite et gauche une longue expérience du travail partagé. Ici, à Mérignac on sait ce que cela veut dire ; on a connu le tandem Chaban-Sainte-Marie ?
A. A. – et avant cela le tandem Brettes-Chaban. Le premier accord communautaire a été signé au domicile de Robert Brettes ; après Michel Sainte Marie a poursuivi dans cette voie. Depuis la création de la CUB c’est dans les gênes ; nous sommes en cogestion, en co-développement.

@! – C’est dans l’esprit de l’intercommunalité ?
A. A. – C’est cela que les gens ne comprennent pas toujours. Une métropole c’est une intercommunalité, un ensemble de communes. Il n’ y pas de raison parce qu’une commune serait de droite ou de gauche qu’elle soit exclue de la direction des affaires. C’est la sagesse, ce qui n’empêche pas, et les détracteurs sont nombreux, qu’il y ait des alternances. Certains disent « ils s’entendent.. » Oui, mais pour co-gérer. La CUB a changé de majorités plusieurs fois. Que Talence qui était à gauche soit passée à droite, que l’année dernière beaucoup des communes de gauche soient passées à droite, que des communes de droite soient passées à gauche: tout cela n’empêche pas le débat démocratique et même une certaine virulence. Mais le jeudi, tous les quinze jours, on se réunit au bureau de la métropole. Et, franchement, lors de ce bureau les distinctions ne sont pas gauche-droite ; s’il en existe ce serait plutôt communes importantes face à des communes moins importantes.

NDLR. respectivement maire de Cenon, adjoint au maire de Bordeaux, Maire de Bruges, maire de Pessac

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