Génèse de l’extermination de l’Ours dans les Pyrénées


M.P.Serri

Génèse de l'extermination de l'Ours dans les Pyrénées

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/01/2011 PAR Olivier Darrioumerle

C’est une véritable guerre que les Pyrénéens ont mené contre l’Ours. L’ours des cavernes puis l’ours brun ont connu, depuis les chasseurs du Paléolithique, plusieurs types d’hommes qui ont dû cohabiter avec lui avant de lutter puis de chercher à l’exterminer. Olivier de Marliave nous renseigne sans parti pris sur ce qu’il appelle « l’inconscient pyrénéen », cette volonté délibérée du montagnard d’exterminer ses prédateurs millénaires. On peut lire dans l’Histoire de l’Ours que c’est à partir du XVIIème siècle qu’un système de primes versées pour l’élimination d’animaux malfaisants déclencha sérieusement les hostilités (système qui persista pratiquement jusqu’à l’interdiction de la chasse à l’ours en 1964 !) L’Ours fut alors chassé des forêts boisées vers les massifs montagneux. Et puis, l’invention du fusil à piston, le perfectionnement des pièges et l’usage de la strychnine renversèrent définitivement le rapport de force. Plus de deux cents ours disparaissaient en l’espace d’une vingtaine d’année (1930-1950). En 1962, c’est le début de la protection de l’Ours. À l’époque il en restait une soixantaine dans le massif pyrénéen, suffisament pour qu’ils se renouvellent, mais les ours sont morts les un après les autres. Un par an, jusqu’au dernier. Cannelle, abattue le 1er Novembre 2004 par René Marqueze. « À poils brûlés» (à bout-portant), comme on disait à l’époque de Toussaint Saint-Martin et JB Lamazou, les plus grands chasseurs d’ours pyrénéen. Selon Olivier de Marliave, le nombre des naissances observées entre la vallée d’Aspe et la vallée d’Ossau au début des années 1980 laissait croire qu’il restait entre vingt et trente ours en Béarn. Alors pourquoi ont-ils disparu ?

Des chiens errants plutôt que des ours
Le braconnage est bien évidemment la principale raison de la disparition de l’ours pyrénéen. De la création du permis de chasse en 1844 aux limitations des zones de chasse aujourd’hui, contre les décisions « des gens de la ville », de Paris ou de Bruxelles, les chasseurs ont toujours revendiqué leur liberté séculaire. Sous l’Ancien Régime, la liberté de chasse était totale. Et bien après la Révolution, les chasseurs d’ours étaient fêtés à leur retour. Chaque vallée avait ses héros face à l’ours. Même protégé par la loi, il n’est pas étonnant que l’Ours ait disparu dans les Pyrénées. Mais pour Olivier de Marliave, le braconnage n’est pas seul responsable. Ce sont les hésitations et les hypocrisies entourant ce dossier qui n’ont pas permis d’assurer la pérénité de l’espèce et soutenir le pastoralisme. « Il  faut un plan global, pas seulement limité au Béarn, pour protéger le pastoralisme et écouter les scientifiques car personne dans les montagnes n’ose aller au bout, contre la tradition. » Selon lui, « à montagne riche, faune prospère ». Le retour des hommes dans le parc des Abbruzes en Italie a entraîné une renaissance de la population ursine. Un exemple pour Olivier de Marliave car il existe un lien entre le dépeuplement des vallées pyrénéennes et la disparition de l’Ours. Et la disparition de l’ours entraîne inévitablement un déséquilibre écologique et facilite l’apparition de nouveaux prédateurs. Sait-on que les redoutables chiens errants provoquent, chaque année en France, la mort de quelques cinq cent mille moutons. Chiffre intéressant lorsqu’on le compare au prélèvement global des animaux sauvages (loups du Mercantour, lynx des Vosges et ours des Pyrénées) qui pèse en tout et pour tout, un millier de brebis (revue Ours et Nature, n° 16, p 12, 1998).

Photo : M.P.Serri

Olivier Darrioumerle

1. éditions Sud Ouest 2008; www.editions-sudouest.com

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