« Faire de l’industriel quand on peut faire du plein air »


Magali Mandon a choisi de se reconvertir dans l’élevage de poulets Label Rouge

Magali Mandon a chois de se reconvertir dans l’élevage de poulets Label RougeCorinne Merigaud

Magali Mandon a chois de se reconvertir dans l’élevage de poulets Label Rouge

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 25/04/2022 PAR Corinne Merigaud

Après avoir travaillé quinze ans avec son père dans la quincaillerie familiale, Magali Mandon avait envie de voler de ses propres ailes. En avril 2021, elle a franchi le pas en s’installant en GAEC avec son conjoint Nicolas Coiraud à Saint-Laurent-sur-Gorre avec trois ateliers poulets Label Rouge qui complètent les quatre premiers.

Magali Mandon a retrouvé une certaine sérénité depuis son changement de vie. Cette maman de 36 ans avait envie de se reconvertir pour des raisons personnelles. «Je n’ai pas vu grandir mon fils de 11 ans regrette-t-elle, j’étais à la fois vendeuse, caissière et assistante. J’en avais marre de tout ça, des journées sans compter les heures, des trajets. J’avais envie de tourner la page, de me rapprocher de ma famille. »

Avec un Bac Pro vente et un BTS management des unités commerciales, elle avait un bon bagage pour se reconvertir mais aucune formation agricole. Baignant depuis toujours dans cet univers, elle a suivi son conjoint dans cette aventure débutée en 2016 après un licenciement économique. « Ses anciens collègues lui avaient suggéré de faire des volailles, nous avions déjà quelques poules » raconte-t-elle. Nicolas s’est renseigné auprès de deux groupements dont Terres du Sud avec lequel il va contractualiser. Il a décroché, en un an, un BPREA à la MFR de Cussac en 2015 puis fait construire trois bâtiments pour une production de 56 000 poulets par an Label Rouge. Un quatrième a été installé ensuite « pour tirer un peu de bénéfices » assure-t-elle.

Le Label Rouge pour une meilleure rémunération

En 2019, Magali contacte à son tour Terres du Sud et suit le même parcours que son compagnon pour décrocher son BPREA en 2020. « Ce fut une année compliquée avec un petit souci de santé qui n’a pas remis en cause mon projet, juste retardé un peu. » Pour préparer son installation, elle a été accompagnée par la Chambre d’Agriculture, un soutien indispensable. « Le volet administratif est très lourd, je comprends que certains renoncent, la Chambre m’a aidée de A à Z, sans elle, on ne peut pas s’installer seule. Le Crédit Agricole du Centre Ouest m’a accordé un emprunt de 260 000 euros, la totalité de l’investissement pour les trois bâtiments. » Elle a touché en plus une grande partie de sa DJA de 32 000 €, le reliquat sera versé au bout de cinq ans « si les objectifs sont atteints ». Elle a dû attendre 2021 pour que sorte un nouveau PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles). « Je devrais toucher 90 000 €, un argument important, sans quoi on ne s’installe pas. On a voulu se mettre en GAEC par rapport à l’investissement, associé à 50 %. »

Avec l’installation de trois nouveaux ateliers Label Rouge, le GAEC laurentais va produire 96 000 poulets par an (Photo prise avant la mise sous protection sanitaire) GAEC Laurentais

Avec l’installation de trois nouveaux ateliers Label Rouge, le GAEC laurentais va produire 96 000 poulets par an (Photo prise avant la mise sous protection sanitaire)

Construits par les Ets Barre basés dans le Lot-et-Garonne, les trois bâtiments de 45 m x 9 m disposent chacun d’un parcours de 8 000 m² pour répondre au cahier des charges du Label Rouge. Le choix d’une production sous signe officiel de qualité s’est imposé naturellement dès l’installation de Nicolas. « Nous avions trois options, le poulet industriel, le Label Rouge ou le bio » énumère-t-elle, « faire de l’industriel quand on peut faire du plein air, c’était non. Pour le bio, il fallait attendre cinq ans pour la conversion, nos terres sont bio depuis un an. Il restait le Label Rouge et il faut faire un signe de qualité pour être mieux rémunéré. Dans la filière volailles, le prix du poulet est indexé sur celui de l’aliment mais cela a beaucoup augmenté. »

Des aménagements pour le bien-être animal

Les premières bandes sont arrivées en septembre dernier. Les poussins avaient un jour. Ils doivent sortir avant leur 42ème jour et sont labellisables à 81 jours. Le groupement se charge de l’abattage dans des abattoirs en Dordogne. Les poulets sont commercialisés dans un périmètre proche, en boucheries, grandes surfaces ou collectivités. « J’étais contente quand j’ai vu mes poulets à Super U » lance-t-elle. Les éleveurs sont rémunérés par le groupement après déduction du coût des poussins et de l’aliment.

Un cahier des charges strict garantit aux consommateurs un produit de qualité, dans le respect du bien-être animal. « Nous remplissons tous les jours un cahier d’élevage avec la date et le poids moyen qu’on connaît grâce au peson automatique installé dans les bâtiments » précise Magali. « Les poulets ont nourriture et eau à volonté. Je note la consommation journalière et les températures mini et maxi. Le contrôle qualité est effectué par un technicien de Terres du Sud. Qualisud vient à chaque nouvelle bande. Le bien-être animal est aussi contrôlé une fois par an. Tout se passe bien, je n’ai pas eu de problème.» 

L’exploitation est sous protection sanitaire depuis la découverte d’un cas de grippe aviaire à 20 km de là.

Chaque atelier poulets est équipé d’un lanterneau pour ouvrir automatiquement le toit en fonction de la température intérieure, un plus pour le bien-être des volailles. « C’est un choix personnel, nous sommes prévenus par une alarme sur nos portables s’il fait trop chaud. Il ne faut pas que les poulets s’étouffent. Et ils ont également des perchoirs. » Pour la nouvelle bande, arrivée fin janvier, les bâtiments ont été sexés, coqs et poules sont désormais séparés. « C’est un peu mieux au niveau comportement et poids, les poules sont plus jolies. » La production devrait atteindre près de 96 000 poulets par an.

Revenus complémentaires

Le couple a opté pour l’agroforesterie, plantant des châtaigniers pour apporter de l’ombre aux volatiles. La récolte de châtaignes leur dégagera également un revenu complémentaire. Un autre projet est envisagé sur deux ans pour les nouveaux parcours avec l’installation d’ombrières pour une double protection contre le soleil et les prédateurs. « On louera nos terrains à un prestataire qui se rémunérera en produisant de l‘électricité, le projet a été validé paTerres du Sud pour être en adéquation avec le label », précise Magali.

Aujourd’hui, Magali ne regrette pas son choix bien que l’épizootie de grippe aviaire l’inquiète. « J’ai plus de temps libre, je suis mon propre patron et la production se passe bien » remarque-t-elle. Sous protection sanitaire, le GAEC Laurentais est en limite de zone de surveillance, après un premier foyer d’influenza aviaire détecté à 20 km. « La période me fait très peur, la grippe aviaire est arrivée sur le département, transportée par des vents dominants me disait un technicien. Les animaux sont pourtant fermés depuis six mois. Je viens de finir la deuxième bande et les poulets n’ont pas pu sortir des bâtiments. Je ne sais pas quand les nouveaux poussins arriveront. »



L’info en plus :
Aqui publie une série de portraits de jeunes installés en agriculture en amont de la Journée Installation Transmission, le 24 mai à 14h30 Hall 4 du Parc des Expositions de Bordeaux dans le cadre du Salon de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine.

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