Fabriquer du béton écolo grâce aux sédiments ?


Alors que le ciment, liant essentiel pour fabriquer du béton, est l'un des matériaux les plus polluants au monde, le projet ValoSed a trouvé une solution durable et écologique pour le remplacer par les sédiments.

opération de dragageCanva

9 millions de m3 de sédiments sont dragués chaque année dans le port de Bordeaux.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/05/2024 PAR Manon Gazin

Valoriser les sédiments, encombrants et source notamment de la couleur peu esthétique de la Garonne, pour en faire du béton. Le projet ValoSed (pour Valorisation des Sédiments) veut apporter une solution écologique à la fabrication de la deuxième substance la plus utilisée sur la planète après l’eau, alors que son processus est extrêmement polluant. Ce projet est porté par l’Université de Bordeaux, le Grand Port Maritime de Bordeaux et la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) depuis 2019. Il a permis de créer des formules de bétons écologiques grâce au procédé de la géopolymérisation.

90 à 95% des sédiments sont immergés en mer

Dépôts de matière constitués en moyenne de 80 % de vase et de 20 % de sables, les sédiments se déposent au fond des plans d’eau, comme les océans, les lacs ou les rivières, ou s’accumulent sur terre. Cette vase pouvant entraver la navigation des bateaux, des opérations de dragage sont régulièrement mises en place dans les ports, canaux et bassins. Chaque année, ce sont 10 millions de m3 de sédiments qui sont dragués à Bordeaux, dans le bassin d’Arcachon, à Bayonne et à La Rochelle. Dont 9 millions à Bordeaux.

90 à 95% des sédiments sont ensuite immergés en mer sur des sites autorisés. Le reste est dirigé vers des filières de gestion à terre pour être traités, stockés ou valorisés. Problème : la loi pour l’économie bleue prévoit d’interdire le rejet en mer des sédiments et résidus de dragage pollués à partir de 2025. En parallèle, la demande croissante de sable, nécessaire à la fabrication du ciment, n’est pas viable sur le long terme. 

66% de CO2 en moins

Le ciment, au-delà d’être un liant essentiel du béton, représente aujourd’hui 5 à 7 % des émissions mondiales totales de carbone. Les recherches de ValoSed étaient donc centrées sur cet élément, et les efforts ont fini par payer. « On a réussi à faire une colle avec la vase. Cette colle-là peut remplacer le ciment, elle joue le rôle de liant », explique Lisa Monteiro, responsable R&D béton pour le groupe de BTP français NGE. Issue d’une école d’ingénieur en génie civil et environnement, elle a mené sa thèse en tant que chercheuse au sein du projet ValoSed à l’Université de Bordeaux. « Si le béton en lui-même ne pollue pas, c’est la fabrication du ciment qui dégage énormément de CO2″, souligne-t-elle. « Cette méthode permet un gain de 66% de CO2 en moins »

« L’initiative de beaucoup de projets en France est la loi pour l’économie bleue », explique la chercheuse, qui souligne que ces recherches ne sont pas nouvelles en France. « Le port de Dunkerque fait ça avec l’université de Lille depuis plus d’une quinzaine d’années. Mais c’est la première fois que l’on se penche sur le sujet des sédiments de Nouvelle-Aquitaine« . Le Grand Port Maritime de Bordeaux a ainsi été à l’origine de la mise en place du projet, pour trouver une solution quant à la gestion de ses sédiments. « Réutiliser cette matière-là dans le BTP nous permettrait d’être dans une thématique d’économie circulaire, et d’aider les ports à valoriser cette ressource. Parce que du dragage, il y en aura toujours. Les ports sont obligés d’en faire, et ils l’ont toujours fait« . 

Aujourd’hui, les entreprises partenaires du projet (dont NGE) « se ré-approprient les projets« , pour les mettre en pratique, alors que les recherches sont désormais « matures en laboratoire« . Une première mise à échelle de ValoSed est notamment prévue à la rentrée à Arcachon, avec les sédiments locaux. 

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