Evento met le cap sur les musiques électros


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Evento met le cap sur les musiques électros

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/10/2009 PAR Joël AUBERT

Mira Calix ou l’art de la musique destructurée
Il faut bien le dire, ces concerts s’adressaient à un public plutôt jeune, relativement branché et sensible aux musiques électroniques. Pour autant le rassemblement sur les quais faisait plaisir à voir. Enfin la belle endormie se réveillait doucement après les douze coups de minuit, intriguée par des sonorités contemporaines envahissant les berges de la Garonne. Avec une programmation très exigente qui plus est (décidément la ville de Bordeaux ne fait jamais les choses comme les autres)! Venu par hasard ou habitué des écoutes confidentielles sur le net ou dans des labels discrets, dès 22 heures, le public se réunissait pour écouter les sons cinématiques de la dj Mira calix. Un petit bout de femme dissimulé derrière ses platines qui dispensait un set peu attractif mais dont le mérite reposait sur le fait de porter dans l’espace public une musique destructurée et inclassable. Seule artiste féminine du label Warp, elle restait fidèle à sa musique instinctive, un mélange de machines et de touches organiques qui en laissèrent plus d’un sur le carreau, à l’image de Charles pourtant venu en connaisseur. « Je n’ai pas de repères pour juger cette musique. Il me manque un rythme binaire, c’est comme si tu me catapultais dans un opéra en huit actes avec des références constantes à la Bible… pourtant je suis restée et je ne peux pas dire que je n’aime pas. » Une performance épurée donc, y compris sur le plan visuel à l’inverse du concert suivant, une illustration sonore signée par le duo Tétine.

France-Brésil: une collaboration musicale énigmatique
« No sex last night » ou comment mettre en musique l’oeuvre de Sophie Calle. Spécialisé dans l’illustration sonore le duo brésilien présentait leur travail sur le langage dans l’électro. Un échantillon de ce qui est au fondement de leur démarche, basée sur la traduction d’événements quotidiens en images personnelles, textures sonores, performance et projections. Réfléchissant au thème de l’autobiographie, la collaboration avec Sophie Calle paraissait couler de source. Connue pour ses expositions photographiques et littéraires autofictionnelles, l’artiste française proposait ici un montage de photos d’un road trip avec son amant sur la Côte Ouest des USA. Un voyage du quotidien, interrogeant les notions de séduction et de banalité, mis en musique par Eliete Mejorado et Bruno Verver. Un live ressenti de façon quelque peu énigmatique par une foule médusée et perplexe. Entre attraction et rejet de l’objet global, cette étonnante performance extrayait l’oeuvre du sacro-saint musée pour le projeter dans l’espace urbain, un phénomène intéressant au coeur de la problématique d’Evento. On peut simplement regretter la longueur du film et la simplicité des nappes musicales qui n’ont pas su donner l ‘ampleur méritée à ce roman photo, exception faite du travail sur les dialogues.

Une fin de soirée entre danse et exigence artistique

La deuxième partie de soirée électrisait un peu plus l’atmosphère avec les performances de Tim Exile et Jon Hopkins. S’ils se sont retrouvés sur scène pour quelques morceaux en commun, chacun dans leur genre ont su donner dans la performance et faire remuer les pieds. L’allemand Tim Exile a ainsi confirmé son statut de petit prince des nouvelles technologies en présentant sur scènes toutes les modulations électro possible de la voix et du son. Doté en prime d’une énergie communicative il a su imposer une performance bordélique en un set dansant et périlleux, son travail reposant sur le mix en live de sons produits par lui-même ou captés dans l’instant. A l’image de ce morceau fait « by you » dans lequel il tendait le micro au premier rang, mixant par la suite en direct les sons recueillis. Une approche de la scène partagée par Jon Hopkins qui délivrait un peu plus tard un set electronica aux influences dub step et techno assez pointu mais très efficace. Peu connu du grand public, il est pourtant entré dans la cour des grands avec son dernier album, l’amenant notamment à travailler avec le groupe américain Coldplay. Une attractivité se fondant sur sa musique atmosphérique et ses mélodies digitales nuancées, prodiguant une intimité des plus séduisantes. Pas de grandes stars donc pour cette première soirée mais une qualité artistique au rendez-vous pour les amateurs de musique contemporaine, électro minimal et techno sous toutes ses déclinaisons. Tout un langage que seuls les vrais passionnés maîtriseront mais que les amateurs pourront apprécier au rythme des beats et des boucles enivrantes.

Hélène Fiszpan

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