Entretien : Philippe Buisson, Président de la Cali, la mobilité comme outil d’attractivité


Ville de Libourne

Interview: Philippe Buisson : Quand Libourne "fête la confluence" et dialogue avec la métropole

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 10/11/2020 PAR Yoan DENECHAU

@qui : Un an après son lancement, quel bilan tirez-vous du réseau de transport gratuit de la Cali ?

Philippe Buisson: En un an, et dans une année ô combien impactée par des confinements, des reconfinements, nous mesurons plus d’un million de transports. C’est au-delà des chiffres que nous espérions, sans le confinement. La réussite du réseau Calibus et son déploiement n’est plus à démontrer. Tout est perfectible. On va continuer à améliorer ce réseau, qu’il s’agisse des horaires ou des dessertes. Ce réseau est né rapidement. Pour créer de la mobilité, pour que les usagers délaissent leur voiture au profit des transports en commun, il faut du temps. Dans une année extrêmement perturbée comme celle-ci, l’adhésion populaire est là.
Je ne regretterai jamais que la Cali ait eu l’ambition de construire un réseau de transport gratuit, qui incarne une forme d’ambition pour l’agglo. Qu’une agglo ait la compétence « transport », c’est ce qui la différencie beaucoup des communautés de communes. Amener de la mobilité sur des territoires qui en manquent, du moins qui en demandent, c’est une ambition noble et une réussite aujourd’hui.

@! : Dans un entretien qu’elle nous a accordé Hélène Estrade, Maire de Lapouyade, a abordé plusieurs sujets, dont le réseau de transport de l’agglo. Elle émettait quelques réserves sur la réussite de Calibus à l’échelon territorial. Sa commune par exemple n’est concernée que par le transport à la demande…

P.B.:
Hélène Estrade a raison sur le Transport à la Demande (TaD). Le TaD a mis plus de temps à démarrer, mais nous y sommes. Aujourd’hui nous avons plus de 400 voyages par mois et cela ne cesse d’augmenter. Nous allons parfaire ce réseau en identifiant mieux les points d’arrêts. Sur ces hameaux et villages très excentrés, ils seront identifiés physiquement, ce qui va amplifier l’attractivité de ce réseau.
Au-delà de ça, le réseau Calibus incarne le statut de l’agglomération. Aujourd’hui, en voyant ce qu’il se passe dans le Libournais, les habitants des communes autour de la Cali ne comprennent pas forcément pourquoi ils n’ont pas de mobilité sur leur territoire. Ils ne s’en prennent pas à leurs élus, mais à la Cali. « Pourquoi les bus ne vont pas à Saint-Émilion, Galgon ou Fronsac », comme si cela relevait de ma responsabilité. Il y a encore beaucoup de pédagogie à faire sur ces territoires pour que les élus se confrontent à la réalité de leurs populations, qui demande de la mobilité et n’en ont pas.

@!: Cette éventuelle extension du réseau hors de la Cali est prévue ?

P.B.: Les choses bougent autour du territoire. Je commence à avoir des Maires qui me disent qu’ils n’étaient pas prêts deux ou trois ans plus tôt. Aujourd’hui certains d’entre eux se disent qu’ils seraient mieux avec la Cali que là où ils sont, parce que la mobilité est offerte aux habitants de la Cali. C’est un outil d’attractivité, y compris au niveau institutionnel.

Des bus citoyens au printemps 2021

@! : Qu’en est-il de cette notion de laboratoire des mobilités, évoquée à plusieurs reprises dans vos prises de parole ?

P.B. : Quelques années plus tôt, lorsque nous avons négocié le déploiement du réseau avec Transdev, j’avais annoncé que je souhaitais faire de la Cali un laboratoire de mobilités. L’enjeu de 2021 est de se challenger. J’espère pouvoir faire naître pour la première fois en France les fameux « Buurbus », les bus citoyens hollandais. Le Buurbus est un bus comme un autre : il respecte des lignes, des arrêts et des horaires. Il s’inscrit dans un schéma global mais il est conduit par un bénévole.
Nous sommes en train de construire cela, avec quelques élus. Je ferai une conférence des Maires de la Cali le 13 novembre sur ce sujet afin qu’ils manifestent leur intérêt pour cette expérience. Il faut structurer une association de bénévoles, de conducteurs, cela pose des questions juridiques, que nous allons lever. Saint-Ciers d’Abzac, Génissac et Moulon m’ont d’ores et déjà fait connaître leur volonté de participer à l’expérimentation. Je vise un début des « Buurbus » à la fin du printemps (expérimenté dans un premier temps pour les marchés dominicaux à raison de 2 allers retours par semaine, NDLR), ce qui serait une première en France.
Nous allons avoir un autre challenge : l’an prochain, la liaison ferroviaire Bordeaux-Lyon va renaître, à l’initiative de la coopérative Railcoop. La gare de Libourne sera desservie. Il y aura deux ou trois trains quotidiens entre Bordeaux et Lyon pour un trajet de 6h. Je vais proposer à la Cali de participer à la coopérative Railcoop à hauteur de 50 000 euros pour accompagner cette initiative. Là aussi c’est un outil de mobilité entre Libourne et l’Est français.

RER Métropolitain : Libourne, ville étudiante ?

@! : Toujours sur le ferroviaire : le RER Métropolitain. Vous l’avez également évoqué de nombreuses fois. Le premier trajet est prévu pour la fin d’année 2020. Comment percevez vous le dénouement de ce dossier ?

P.B. : Je suis très heureux de l’annonce faite par la Région, le PDG de la SNCF et le Président de Bordeaux Métropole concernant cette première liaison du RER Métropolitain Libourne – Campus Bordelais – Arcachon sans rupture de charge en Gare Saint-Jean. Elle devrait naître dans les semaines qui viennent. Cela va faire de Libourne une ville de vie étudiante. C’est très intéressant !
Le projet du pôle d’échange multimodal devrait être bouclé d’ici l’an prochain. Il va venir appuyer le RER Métropolitain par un parking en silo adossé à la Gare de Libourne. Cela nécessitera également un aménagement complet de la gare, de repenser la gare routière et adapter l’interconnexion entre une mobilité urbaine et le TER. C’est un enjeu à 15 millions d’euros et j’espère bien pouvoir l’inscrire dans un contrat avec la Région avant la fin de cette année.


@! :Au-delà de la mobilité, le RER va vous permettre de répondre à un autre enjeu fort : le logement. Au mois d’octobre, lors d’une rencontre avec le PDG de Mésolia à Bordeaux, il évoquait le rapprochement Bordeaux-Libourne, qui permettrait de décharger la métropole bordelaise au profit de ce que vous appelez les « villes moyennes ».

P.B.: Nos  villes, en périphérie de la Métropole, ont une part de réponse aux problèmes de la Métropole. Notamment en termes d’habitat et, en ce qui concerne Libourne, de logement étudiant. Aujourd’hui, pour eux, c’est la croix et la bannière pour se loger à Bordeaux. Ils doivent pouvoir  venir habiter Libourne. Pour cela nous  devons leur faire une double promesse : leur permettre d’aller du domicile à la faculté en moins d’une heure et que leur package logement/transport ne dépasse pas 500€. C’est le défi que nous allons tenter de réussir dans les mois qui viennent.


Un projet structurant à l’aérodrome des Artigues de Lussac

@qui : Sur un volet plus économique que grand public, le feuilleton Flying Whales s’est conclu cet été avec l’annonce de l’implantation de l’usine de dirigeables à Laruscade. C’est une déception pour vous ?

P.B. :
Je comprends le choix qui a été fait, tant par Flying Whales que par le Président de la Région Nouvelle-Aquitaine. Le foncier de Laruscade semble plus facile à adapter à l’émergence de cette industrie. Nous nous sommes battus comme des chiens sur ce dossier. Nous avions des faiblesses. Le foncier que nous proposions – entre l’aérodrome des Artigues de Lussac et Saint-Denis de Pile – est traversé par une route départementale et en plus de cela il avait des fragilités écologiques. Il était traversé par un ruisseau, nous avions commencé à faire les démarches vis à vis de la biodiversité mais ne pouvions pas certifier, par exemple, que l’on ne trouverait pas d’espèce rare pendant les travaux. Le fait que l’usine s’implante à Laruscade, n’est pas une mauvaise nouvelle pour la Cali parce qu’elle va irriguer tout le Nord du territoire.
A nous désormais de confirmer notre volonté d’implanter de l’économie de l’industrie et du service aux abords de l’aérodrome des Artigues  de Lussac. J’espère dans les semaines et mois qui viennent pouvoir annoncer l’implantation d’une filière nouvelle, en lien avec la filière aéronautique. Par ailleurs, je confirme l’intérêt de la Cali de faire naître un aérodrome d’aviation d’affaires sur notre territoire. Nous avons demandé une étude pour viabiliser le projet et les perspectives économiques. Il est structurant à bien des égards : il va nous aider à accompagner Céva Santé Animale et l’implantation d’acteurs  économiques majeurs sur notre territoire. Le projet va également être structurant pour accompagner le tourisme.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles