C’est une situation ambigüe. La loi Fillon de 2003, organisait le départ en pré retraite pour les salariés ayant travaillé sur une longue durée c’est-à-dire ceux qui sont entrés très jeunes sur le marché du travail. Mais à l’époque, à 14 ans, on ne bénéficiait pas toujours de bulletins de salaire. Si bien que l’Urssaf avait validé le recours à une déclaration sur l’honneur confirmée par deux témoins pour la prise en compte des premiers emplois. Alors que le système a été durci en 2008, la sécurité sociale revient donc sur ces dossiers et accuse certains bénéficiaires de fraude à cotisation.
Elle réclame le remboursement d’indus allant jusqu’à 100 000 euros. « Leurs pensions ont été coupées », dénonce Georges Gili, ancien délégué CGT de Dassault, à la retraite. En effet, un certain nombre de ces retraités se retrouvent sans revenu et se disent humiliés par ces accusations.
Une profonde injustice pour les « recalculés »
De son côté, la sécurité sociale justifie ces contrôles par le grand nombre de cas ayant eu recours à ces attestations sur l’honneur alors que ce devait être exceptionnel. Elle assure avoir constaté des fraudes manifestes comme le recours à de faux témoignages. Par ailleurs, elle s’est aperçue que certaines entreprises, ayant favorisé le départ en pré-retraite de leurs salariés, revenaient de manière récurrente dans ces dossiers. Mais à ce jour, elles ne sont pas inquiétées. Sur les 170 dossiers mis en doute en Aquitaine, les deux tiers auraient toutefois été régularisés. Bien décidés à se faire entendre, les retraités dits « recalculés » manifestaient leur colère devant la Bourse du travail mardi 6 décembre à Bordeaux avec un profond sentiment d’injustice. Aujourd’hui, ils attendent que l’affront qui leur a été infligé soit lavé.
Nicolas César
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