Des vins équitables, la solution pour les vignerons ?


En marge de l’opération Blaye au Comptoir où les viticulteurs se déplacent dans les restaurants, la profession s’interroge sur les nouvelles formes de rémunération dans le contexte actuel de crise agricole.

un viticulteur sert un verre de son propre vin à un client dans un restaurantHervé Wambre Photographe

L'opération Blaye au comptoir se tient à Bordeaux les 8 et 9 février. L'occasion de découvrir un viticulteur passionné et le vin qu'il aura produit.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/02/2024 PAR Laura Pargade

Se faire offrir une dégustation à sa table de restaurant, par le vigneron passionné qui a façonné le vin, pour découvrir un vin accessible et pouvoir poser toutes ses questions, voilà l’idée de l’opération Blaye au Comptoir qui se déroule à Bordeaux jusqu’au vendredi 9 février. Cette opération existe depuis maintenant plus de 30 ans, et cette année encore 13 binômes viticulteur / restaurateur ou caviste y participent. Seulement 13, alors qu’il y a 4 ans le chiffre s’élevait à 50. Pourquoi cette baisse considérable dans la participation, alors que l’engouement du public à rencontrer les vignerons serait, lui, inchangé, voire croissant dans le contexte actuel ?

Les restaurateurs ne sont plus libres de travailler en direct avec des viticulteurs des appellations de proximité

Du côté de l’appellation, on tire la sonnette d’alarme. “Les restaurateurs bordelais proposent de moins en moins de vins de Bordeaux. Ils travaillent avec des courtiers qui leur fournissent des produits de toute la France voire de l’étranger. Non seulement il devient difficile de boire du vin accessible et local, mais en plus les restaurateurs ne sont plus libres de travailler en direct avec des viticulteurs des appellations de proximité, pour des achats comme pour des opérations de sensibilisation” dénonce Karine Cailleaux-Breton, la présidente de Blaye Côtes de Bordeaux.

De timides alternatives au modèle bordelais

La faute aux intermédiaires ? L’appellation n’est pas la seule à remettre en cause le modèle très particulier de la place de Bordeaux où les courtiers et les négociants jouent un rôle pivot et pas toujours très transparent sur les évolutions du marché. Cela fait maintenant quelques
années que ces deux professions souffrent d’un désamour important, sans pour autant que la chaîne de valeur de la filière n’en ait été bouleversée. Les alternatives sont encore timides, mais du côté du Blayais justement, on a bon espoir.

“J’étais avant tout vigneron mais je voulais trouver une alternative au négoce, ça ne pouvait plus continuer comme ça”. Jean-François Réaud a fondé les Vignobles Gabriel & Co à Saint-Aubin de Blaye. “On a officiellement une structure juridique de négociant, mais dans la
réalité, on est un collectif de viticulteurs engagés dans le commerce équitable. On définit ensemble une rémunération minimale garantie pour le vin pour tous, et suite à une dégustation à l’aveugle, il y a des bonus de rémunération pour ceux qui ont fait de très bonnes choses.”

Initié dès la fin des années 90, ce système semble apporter satisfaction à la trentaine de vignerons qui ont rejoint la bannière. Aujourd’hui Jean-François Réaud est simplement surpris et déçu que ce modèle économique, le meilleur selon lui pour les viticulteurs, n’ait pas été répliqué ailleurs.

Les intermédiaires classiques du marché engloutissent de telles marges que lorsque l’on s’extrait du système, il reste possible de faire des vins très abordables et qui rémunèrent justement le vigneron

Qu’en est-il du consommateur ? Les produits équitables se sont en effet installés durablement dans le paysage de nos consommations pour le café ou le cacao, mais ils restent cantonnés à une faible part de marché toujours menacée par les baisses de pouvoir d’achat. Pour le vin cependant, il en serait tout à fait autrement. “Les intermédiaires
classiques du marché engloutissent de telles marges que lorsque l’on s’extrait du système, il reste possible de faire des vins très abordables et qui rémunèrent justement le vigneron” affirme Jean-François Réaud. La meilleure preuve ? “On a organisé une dégustation sur Paris et affiché les prix des vins, sans préciser qu’il s’agissait des prix à la bouteille. Les
participants, eux, étaient persuadés qu’il s’agissait du prix au verre…”

Infos pratiques !

Opération “Blaye au comptoir” jusqu’au 9 février 2024, tous les détails : vin-blaye.com/blaye-au-comptoir-a-bordeaux-2024/

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