Ruralité: « Le village tout entier va devenir un tiers-lieu »


Les représentants de la délégation européenne du projet Interreg CASPER ont posé leurs valises en Limousin du 9 au 11 avril. Leur objectif : découvrir des tiers-lieux ruraux, une solution pour maintenir la population et des services.

Les membres de la délégation CASPERAgathe Perego

Les membres de la délégation européenne du programme CASPER ont visité le tiers-lieu L'escalier à Saint-Léonard de Noblat et échangé sur la participation citoyenne.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/04/2024 PAR Corinne Merigaud

Après la Savonie du Sud en Finlande et le Comté de Somogy en Hongrie, le Limousin a à son tour accueilli ses partenaires européens. Ils ont enchaîné les rencontres et échanges sur le terrain avec, au programme, un tour d’horizon de l’économie sociale et solidaire à la française. Ils ont découvert des tiers-lieux qui font la spécificité de la région. « Il y en a près de 300 en Nouvelle-Aquitaine signale Maud Caruhel, vice-présidente régionale en charge de l’ESS. La Région est engagée dans le soutien aux projets des citoyens dans les territoires. L’objectif est de mailler au plus près et partout. » En plus de ces trois régions, Basilicate en Italie et la Podlaskie en Pologne font partie de ce programme.

Répondre au déclin de la démographie et des services ruraux

Les participants ont découvert en Limousin des initiatives citoyennes qui peuvent ainsi répondre à la problématique du déclin de la démographie et des services dans ces zones rurales tout en atténuant les conséquences. « Malgré le déclin démographique ces cinq régions ont des résultats positifs sur d’autres indicateurs constate Agnès Németh, chercheuse et cheffe de projet à University Eastern Finlande, le but est de les rendre attrayantes afin que les gens y restent et que ces régions gardent leur vitalité. »

Des échanges et des visites de tiers-lieux se sont enchaînés durant trois jours pour appréhender les solutions mises en place en Limousin par des citoyens afin de dynamiser des territoires ruraux.

Les tiers-lieux qui voient le jour aux quatre coins de la Nouvelle-Aquitaine participent à cette dynamique, à l’image de ceux visités par la délégation européenne. Ils sont cinq : l’Escalier à Saint-Léonard de Noblat, La Quincaillerie Numérique à Guéret, La Palette à Dun-le-Palestel, Le Battement d’Ailes à Cornil et La Ruelle à Ségur-le-Château.

On va construire un tiers-lieu agricole et nourricier

La FA’brique à Initiatives du Limousin, dispositif porté par France Active Nouvelle-Aquitaine,  aide à la redynamisation des territoires en permettant aux acteurs locaux (habitants, associations, institutions…) de monter des projets communs. « L’idée est de structurer et d’accompagner la mobilisation citoyenne pour qu’elle se transforme en actes dans la vie quotidienne » précise Jean-Baptiste Gougeon, le coordinateur.

C’est par exemple le cas à Aureil, village de 1 041 habitants. La municipalité a acquis une propriété de 75 ha qui comprend un prieuré, une ferme, une maison au coeur du village, des terres agricoles et des bois. En commission extra municipale, élus et habitants ont planché sur un projet pour cette maison. « Cinquante-quatre propositions ont été formulées et l’idée d’un tiers-lieu est sortie de la réflexion qui a duré un an et demi annonce le maire Bernard Thalamy. On va construire un tiers-lieu agricole et nourricier avec le soutien de la communauté urbaine Limoges Métropole qui propose un appui à la redynamisation des centres-bourg. »

Bernard Thalamy maire d’Aureil et Jean-Yves Rigout, maire de Veyrac, ont présenté leur projet de tiers-lieux.

Les idées sont nombreuses que ce soit des jardins partagés, des mûres transformées en gelée ou encore l’installation de plantes médicinales et aromatiques. « C’est un projet autour de l’alimentation et du bien manger souligne l’élu, avec l’école, nous avons déjà planté un verger de variétés anciennes pommes. » Le modèle viable retenu passe par la mise à disposition et la gestion du tiers-lieu par une association.

Deux groupes de vingt habitants ont travaillé avec La FA’brique à Initiatives du Limousin pour construire cette association. « Les habitants vont maintenant devoir aller au-delà de l’adhésion au projet puisqu’il faudra environ 40 bénévoles pour animer le tiers lieu et une quinzaine d’actifs » prévient le maire. Le tiers lieu pourrait ouvrir début 2026.

On veut faire la politique différemment afin que les citoyens soient partie prenante dans les décisions

A Veyrac (2 200 habitants), la municipalité voit encore plus grand puisque « c’est tout le village qui va devenir un tiers-lieu lance le maire Jean-Yves Rigout. Ce projet d’innovation sociale et de démocratie participative vise à répondre à l’absence de véritable centre-bourg. » La commune est éclatée et les nouveaux habitants ne savent pas comment s’intégrer malgré la vingtaine d’associations qui animent la vie communale.

« On veut faire la politique différemment afin que les citoyens soient partie prenante dans les décisions car ils ont besoin d’être écoutés, estime le maire. On va donc coconstruire et réfléchir ensemble à un projet pérenne qui aura pour objectif de créer du lien social. » Un objectif partagé par Sandrine Karam qui pilote le projet,« La position géographique de la commune est un atout mais il manque vraiment du lien social » appuie-t-elle.

Le premier projet sera de rouvrir l’ancien magasin « Coop » qui deviendra un magasin multifonctions. « L’actuel café s’installera dans ce tiers-lieu » indique-t-il. Une association a été créée le 11 avril, avec une dizaine d’habitants engagés. 

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