Des livres et lectures en tous genres


DR

Des livres et lectures en tous genres

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 24/12/2007 PAR Joël AUBERT

Les trois cèpes de Michel (Jean Suhas)


Que Jean nous pardonne ; même si la Saint-Luc est derrière nous il reste les salmis de palombes, un de ceux que j’ai tant aimés, l’autre jour, à Barcelonne-du-Gers chez les Pommiès. Un de ces salmis que Michel Baris cuisinait, du côté de Luxey, pour ses amis. Notre conteur que son métier de journaliste, pionnier de la télévision régionale, de feu l’ORTF à FR3, a conduit de l’Hexagone aux DOM et TOM en a rapporté des saveurs exotiques, une poignée d’évocations aromatisées au piment d’Espelette. Des historiettes, drôles et tendres à la fois, comme lui seul sait les raconter. Vous éclaterez donc de rire quand des Chinois, en visite à Rennes, feront un drôle de sort au varech brillant qui supporte de somptueux plateaux de fruits de mer. Vous ne résisterez pas à l’envie d’essayer, en rentrant du Pays Basque, des Aldudes par exemple, le plat de Mamée, ce « xingar eta arroltze », ces œufs accompagnés de ventrèche grillée que Jean Suhas aime plus que tout. Ces beaux jaunes délicatement cuits sur le lit de leurs blancs, doucement mitonnés. Rien à voir chers « british » de passage entre Hendaye et Bayonne avec vos « bacon and eggs ». Et puis vous comprendrez ce qu’il en coûte à Jean Suhas, qui préside par ailleurs l’association des Savoir-Faire d’Aquitaine, d’évoquer la cueillette des trois cèpes de Michel, aujourd’hui disparu.
(Pleine Page Editeur ; 5A7 ;13 euros)

Le Livre de ma mémoire (Danielle Mitterrand)


Pour le coup voici un très gros ouvrage qui, à bien des égards, vaut d’être lu. Et même si vous n’êtes pas poussés à le faire dans un élan militant, si vous n’êtes pas, à priori, tentés par la relecture des années Mitterrand, à la façon de l’épouse du plus long président de la V° République, vous ne resterez pas indifférent au récit de l’enfance d’une élève des années 30, fille d’un enseignant de collège, attaché aux valeurs de la Laïque. Ce ne fût pas toujours simple de supporter les vexations d’une directrice dans la Bretagne très bien pensante de l’époque. La petite Danielle Gouze ne craignait pas l’affrontement : déjà une âme de rebelle qui ne la quittera jamais. Ni dans les années de la guerre, avec l’exemple d’un père résistant et la fréquentation d’un certain François Mitterrand, dans le cercle des résistants prisonniers de guerre. Ni lorsqu’elle créa la Fondation « France Libertés» il y a plus de vingt ans. Danielle Mitterrand tient son cap, sans fléchir, sur tous les continents. Sa dernière grande croisade : le combat pour la sauvegarde du bien le plus précieux pour le genre humain : l’eau.
(Jean-Claude Gawsewitch Editeur ; 23 euros)


L’obscénité démocratique (Régis Debray)


Quatre vingt sept pages : il n’en faut pas plus à Régis Debray pour nous entraîner, en un seul mouvement, dans cette réflexion née d’une allocution prononcée à l’université de Montréal sur le thème : « Théâtre, politique et religion ». L’écrivain, le philosophe, porte le fer là où l’obscénité s’introduit, au cœur de notre démocratie : « c’est la scène républicaine qu’il faut sauver de l’obscénité au moment où le politique devient le tout à l’ego d’un pays en proie aux tyrannies de l’audimat, de l’émotif et de l’intime. »
( Flammarion ; Café Voltaire ; 12 euros)

Sud Ouest : 60 ans d’actualité, de 1944 à nos jours


Le genre est connu mais il est toujours du meilleur effet ; tourner les pages de l’histoire contemporaine, celles des « unes » d’un quotidien qui tente, jour après jour, la délicate synthèse des événements, nationaux, internationaux, régionaux, locaux. Nous dirions en quelque sorte, aujourd’hui, dans un de ses raccourcis satellitaires, à vocation de fourre-tout : « du global au local ». On ne s’étonnera donc pas que le lourd album que Sud Ouest publie consacre la première de ses « 100 unes historiques » à sa naissance le 29 août 1944, avec ce titre « Bordeaux a fêté sa libération ». Une « une » vraiment historique celle-là, avec le portrait de De Gaulle et cette première phrase de l’éditorial de Jacques Lemoîne : « Enfin sonne l’heure, si longuement, si anxieusement, si douloureusement attendue ! »
Une belle édition que complète, en vis à vis des premières pages sélectionnées, un rappel cursif des temps forts de l’année considérée. Les guerres, les morts, les triomphes du stade, Chaban, Marcel Cerdan, Louison Bobet, Zizou et Dugarry, les présidents de la République, même le dernier… dont il faudra bien attendre, au moins l’an 2067 pour évoquer les mille et une nuits. Coup de chapeau, pardon « chapo » à Marie-Luce Ribot et Christophe Galichon qui ont plongé avidement dans … l’Histoire.
(Sud Ouest ; Hors Série ; 15 euros ;220 pages)

Bordeaux en mouvement (Sophie Guermès, Arnaud Faugas)


1948-2008 : transmission d’une mémoire viticole , tel est le sous-titre de l’ouvrage co-édité par les éditions Mollat et l’Académie du vin de Bordeaux, une noble ambition à laquelle s’est attelée Sophie Guermès une universitaire bordelaise , écrivain de talent, déjà connue pour avoir édité une anthologie « le vin et l’encre ». Cette fois, avec la complicité d’un autre bordelais, l’illustrateur Arnaud Faugas, elle retrace à travers ving-cinq portraits, l’histoire des soixante années qui ont vu tant de mutations au sein du plus grand vignoble AOC du monde.
(Académie du vin de Bordeaux, Mollat ;25 euros)

D’ici aussi :


Le coton de la nuit : (Max Obispo) (Le Sémaphore). Une jolie histoire, en manière de conte de fée, écrite par l’une des figures des anciens des Girondins de Bordeaux, plus habitué de la tribune d’honneur et des chroniques de « Girondins Mag » que du genre romanesque. Mais notre homme qui aime l’Afrique et les Africains s’y est essayé sans complexe et nous entraîne, du pays des « Mossi » au Burkina Faso jusqu’aux rives du Mississipi parmi les Acadiens. Dans un joyeux métissage final au beau milieu des champs de coton. (19 euros)

La rencontre dans l’escalier : (Claude Chambard) (L’atelier). En se plaçant sous l’aile du roman sans doute le plus sombre de Bernanos, Monsieur Ouine, Claude Chambard qui est, à nos yeux, un barde de l’écrit et du livre nous prévient, au moment d’avaler son petit bouquin, du cauchemar qui se pointe. A vrai dire, ce cauchemar-là est une invitation à ne pas perdre un instant des joies débordantes du sexe et de la chair. (5 euros)

Joël Aubert

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle !
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles