Le vélo électrique a le vent en poupe. Taillé pour la ville, il permet de rouler écologique et économique. Il y a pourtant un piège qui attend les cyclistes au tournant : la durée de vie des batteries. « Une batterie neuve, c’est entre 500 et 700€. Une batterie de vélo dure entre 3 et 6 ans, en moyenne. Ce sont des coûts cachés, et les gens ne s’en rendent pas forcément compte. Il y a eu un boom du vélo électrique en 2019-2020. Tous ces vélos-là vont commencer à avoir des batteries usées, il y a un raz de marée de batteries foutues en l’air qui arrive, et les gens vont devoir débourser pour les remplacer », explique Benoît, l’un des 3 fondateurs de Jean Fourche.
Il y a un raz de marée de batteries foutues en l’air qui arrive.
Jean Fourche s’est associée avec Gouach, autre start-up Bordelaise, pour la conception d’un vélo électrique plus durable : un vélo électrique aux batteries réparables.
« Les batteries ne sont rien de plus qu’un assemblage de piles en réalité. Quand on les ouvre pour regarder à l’intérieur, c’est un assemblage plein de colle, de soudures, avec des fils qui partent dans tout les sens. Rien n’est pensé pour être réparé », relève le fondateur. Quand une batterie ne fonctionne plus, personne ne s’embête à la réparer aujourd’hui. Pourtant, toutes les cellules de la batterie ne sont pas forcément inutilisables. « C’est comme si on jetait sa télécommande de télé à chaque fois que les piles sont vides. »
« Gouach a fait le constat et a éco-conçu cette nouvelle génération de batteries, construites à partir de cellules de seconde main. C’est breveté. Il n’y a pas de soudures entre les piles, tous les éléments sont interchangeables ». La promesse de la startup : « pouvoir réparer une batterie de manière très rapide à un prix contenu. »
Comment réparer ses batteries ? « On peut faire un auto-diagnostique via leur application, c’est la première étape. » Il faut ensuite entrer en contact avec Gouach : ils envoient une batterie neuve avec un carton spécifique pour renvoyer l’ancienne. « Sur le papier, c’est faisable en 48H. », annonce Benoît. L’ancienne batterie sera étudiée et réparée, testée, puis renvoyée dans la boucle.
Vélo local et durable
Jean Fourche est né de la rencontre de Benoît, Mathieu et Maël dans un atelier de réparation participatif. « On était bénévoles pour apprendre aux gens à réparer leurs vélos, à pas forcément jeter, recycler les composants. On s’est rencontrés autour de ces valeurs-là, de réparabilité, de consommer localement. On a réfléchi à créer une marque de vélo comme ça se faisait il y a encore 40 ans. » Leur vélo est européen « à 80% » : les composants utilisés sont fabriqués en France ou en Europe pour la majorité d’entre eux, et la fabrication des cadres et fourches est réalisée au Portugal, « à seulement 9h de camion ».
Jean Fourche commercialise un vélo mécanique depuis un an et demi. « C’est un vélo mécanique qui pèse entre 14 et 16 kilos, à la croisée entre le vélo de ville classique et le vélo porteur : on peut charger 15 kilos à l’avant, 35 à l’arrière, ce qui permet de pouvoir charger des gros cartons, une valise …. C’est un vélo en cadre unique, taille unique. De 1m50 à 1m90. »
Poursuivant la même logique de réparabilité, leurs vélos électriques comme mécaniques partagent le même cadre. « Une personne qui nous achète un vélo électrique aujourd’hui, si dans dix ans elle veut le désélectrifier, elle le peut. A l’inverse, si elle nous achète un vélo mécanique aujourd’hui et que dans cinq ans, elle a vieilli, doit faire plus de kilomètres, doit transporter des enfants, elle peut venir chez nous et électrifier son vélo de manière très sure, avec une homologation. »