Le président du Département Jean-Claude Leblois n’a pas mâché ses mots dans son propos liminaire. « Il s’agit d’un budget prévisionnel de survie et de combat car nous n’avons pas toutes les données. Nous subissons une inflation de 4,3 %, une hausse de l‘énergie de 10,2 % et la situation géopolitique mondiale peut avoir des conséquences avec un gouvernement qui n’arrête pas de taper comme un sourd sur les collectivités locales avec la suppression de tous les leviers fiscaux. » Et d’énumérer la disparition de la taxe d’habitation et récemment de la CVAE. « C’était 13,7 millions en 2022 » qui sera partiellement compensée par la TVA et le fonds vert.
Quant au combat, il pointe les dépenses de fonctionnement en hausse de plus 7 % sur un an en raison du « Ségur de la santé et de la revalorisation de la catégorie C.» Il relève « la bonne santé financière saluée par la Chambre régionale des comptes », donnant « une marge de manoeuvre avec le recours à l’emprunt sur le long terme pour les projets d’investissements. » Ce dernier s’élèvera à 80 M€ (83 en 2022), en hausse de 6,8 millions en lien avec « la fin du fibrage sur le réseau public ». Ainsi, 46 millions d’euros seront des investissements directs et 28,6 sous forme d’aides aux communes notamment.
Un pacte d’insertion sur 4 ans
Le budget de la collectivité est impacté par la progression du RSA « 74,8 millions en 2022 en hausse de 4 % » versé à quelque 10 000 bénéficiaires. La réforme de l’assurance chômage pourrait augmenter ce nombre. Pour ces allocataires, un pacte territorial d’insertion est sur les rails jusqu’en 2025 « pour proposer une solution à un public non homogène » ciblé sur le développement et la valorisation des compétences. Le président du Département a fustigé le désengagement de l’État avec « un reste à charge de 35 millions en 2021 pour la collectivité contre 24,8 en 2015 qui va continuer d’augmenter.»
Concernant les chantiers à venir, il a annoncé le début des travaux entre la D20 à Châlus et la D 2000 pour aménager un tronçon de 2 km, un coût de 6 M€. Dans le secteur agricole, un million d’euros de plus a été voté pour compléter la Dotation Jeune Agriculteur pouvant atteindre 4 600 €, dont un bonus de 1 500 € pour la qualification « Haute valeur environnementale.» Le Département maintient son aide au maraîchage en circuits courts avec des aides au développement de productions, aux investissements et à la diversification des structures de l’insertion. La collectivité a adhéré à la nouvelle SCIC « Ceinture verte des terroirs de la Haute-Vienne » pour développer une filière locale de maraîchage avec le soutien aux installations (300 000 €). Pour les CUMA, l’aide est maintenue pour le matériel (150 000 €) et les bâtiments d’élevage.
Nouvelle aide pour les maisons de santé
Concernant le sport, un plan stratégique de réalisation d’équipements est lancé à destination des collégiens, scolaires et haut-viennois . Le chantier du stade d’athlétisme couvert, à Chéops, va débuter cette année avec un coût réévalué à 19,85 M€ HT (13,3 M€ en 2021) lié notamment à la hausse de l’énergie et la pénurie de matériaux. Le site de Chéops va se développer suite au déménagement de la bibliothèque départementale et la reprise en gestion, par l’EPIC, de la salle d’escrime et du dojo.
Pour favoriser la pratique sportive « un facteur de santé », des équipements seront installés aux collèges Ronsard et Donzelot (city-park, mur d’escalade) et, pour la première fois, le Département en financera aux écoles d’ingénieurs ENSIL-ENSCI. Un second volet concerne le développement du sport avec le soutien des comités, clubs, sportifs de haut niveau et à l’organisation d’événements sportifs (1,8 millions).
Bien que ce soit hors champ de compétences de la collectivité, celle-ci est de plus en plus sollicitée par des communes ou EPCI ayant un projet de maison de santé pluri-professionnelle. Un dispositif d’accompagnement est mis en place au regard de la démographie du territoire. En effet, la part des plus de 85 ans augmentera de 68 % d’ici 2040. « Il nous faut une stratégie d’attractivité médicale en valorisant les atouts de la Haute-Vienne » estime-t-il. Les projets de MSP seront soutenus avec une aide à l‘investissement (500 000 euros). Enfin, le président a annoncé une séance plénière exceptionnelle, le 7 mars, entièrement dédiée aux infrastructures. Un sujet qui localement fâche face à l’inertie des décisionnaires nationaux.