24000 euros pour deux forages au Mali. Le gouvernement, occués à lutter contre les groupes armés, ne se soucie guère du sort des villages reculés. Pourtant, ces populations manquent cruellement d’eau potable. « C’est essentiellement la vie des femmes et des petites filles qui va changer, car ce sont elles qui transportent l’eau à bout de bras », nous explique Didier Bayle, fin connaisseur de l’Afrique. L’association Eaux-vives intervient pour aider les villageois à constuire leurs puits et à les entretenir. Mais il faut être particulièrement attentif. Pas question d’enrichir une famille ou de favoriser une ethnie. Le risque serait de créer un conflit. Didier Bayle, témoin de nombreuses tentatives de corruption, nous raconte : « ce ne sont pas ceux qui sont habitués à la misère que l’on entend le plus… Pour éviter le risque de voir l’aide financière confisquée on met du temps à démarrer les travaux. On va sur le terrain et si on a un doute sur les motivations du chef de village on ne donne rien. »
« Ce n’est pas le cadeau du blanc » Didier Bayle
24000 euros, c’est le prix pour lancer une étude géo-physique et pérenniser les installations. Tout d’abord, creuser au bon endroit, ni trop près d’un puits déjà existant, ni trop loin d’une école. Ensuite, cimenter un forage en profondeur ( 70-80 mètres) car l’eau se fait rare en surface. Enfin, assurer la gestion et la maintenance. » Ce n’est pas le cadeau du blanc. On n’a pas vocation a les tenir par la main. » Didier Bayle assure qu’il est fondamental que les villageois prennent conscience du caractère public de l’infrastructure. En somme, il faut aussi bien trouver quelqu’un qui puisse réparer une pompe à main lorsqu’elle se casse, qu’un comptable qui s’occupe de l’argent récolté par le puits. « Il va sans dire que l’on contrôle. Et si l’argent s’évapore, on sert les boulons ! » s’amuse-t-il. Alors sur place les habitants suivent une formation en mécanique, en soudure, en comptabilité, mais aussi en matière de soins et d’hygiène car le trachome est la cause principale et évitable de la cécité dans le monde.
Photo : Didier Bayle
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Olivier Darrioumerle