Côte basque: le casse-tête de la « libération » des plages


Edith Anselme , Félix Dufour et DR

Côte basque: le casse-tête de la "libération" des plages

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 04/05/2020 PAR Felix Dufour

Samedi, le supplice de Tantale affecte les surfeurs de la Côte basque en particulier ceux du Sud: en face, de l’autre côté de  la Bidassoa qui sépare les  villes frontalières d’Hendaye et Irun: la plage de Fontarabie. Libre d’accès et lieu particulièrement apprécié des noctambules qui allaient y passer les soirées tapas. Dans une autre vie, jusqu’au confinement, une navette reliait les deux villes. Comme  à 18 kilomètres plus au sud, Saint Sébastien (Donostia) et sa célèbre baie que surplombe le Monte Igueldo. Qui invite une question: l’Europe a montré qu’elle avait du mal à s’accorder pour une politique sanitaire commune. Pas surprenant. Mais étonnant que les Pays basque nord (français) et Sud (espagnol) ne se soient pas accordés.

L’adjoint-surfeur à l’environnement de Biarritz,  lanceur d’alerte

 C’est le doc-surfeur Guillaume Barucq, adjoint à l’Environnement qui a endossé le costume de lanceur d’alerte où Biarritz

Guillaume Barucq « Rendez-nous la mer », encadre sa photo d’identité prise depuis l’esplanade qui domine le spot mythique de la Côte des Basques. Évidemment. 

« J’ai été le premier élu à libérer la parole dans la Communauté du surfen France, rappelle-t-il car personne n’osait trop en parler au début Pendant des semaines, j’ai prêché dans le désert. J’ai alors lancé une tribune sur mon compte Instagram et sur Facebook le 14 avril. Elle a été relayée des milliers de fois. C’est de là qu’est partie la mobilisation des surfeurs  pour rouvrir les plages des côtes françaises, Bretagne, Méditerranée, partout. Un combat commun qui a atteint les DOM TOM. J’ai voulu démontrer  qu’il n’y avait pas de risques à aller sur une plage. Au contraire, cela est bénéfique pour la santé et le moral en berne à cause du confinement. Le soleil, l’environnement marin et l’activité physique à la plage sont des atouts positifs ».

Au début, beaucoup ont pensé  que l’élu biarrot en instance de deuxième tour des Municipales dans la célèbre station balnéaire faisait sa promo et l’amalgame avec le retour de plages bondées d’hier. « Médecin, dans la situation actuelle, je sais très bien que l’on ne les retrouvera pas ainsi, mais, il y a une voie comme Saint Sébastien en a montré le chemin ce week-end. Je dois avoir un entretien avec le maire de Donostia (Saint-Sébastien), Eneko Goia, qui a confirmé que tout s’était fort bien passé. Aujourd’hui, je défends une réouverture des plages après le 11 mai, sous le format de « plages dynamiques », qui semble faire consensus localement. La réouverture doit en effet être encadrée finement pour éviter tout risque de contagion et de reprise de l’épidémie. Nous devons aussi pouvoir compter sur le civisme et la responsabilité de chacun. »
Laurent Ortiz, adjoint aux plages et aux sports nautiques de Biarritz, s’il convient qu’il faudrait desserrer l’étau pour le surf et les sports nautiques, planche en commission, surtout pour « l’après ».  Quand arriveront les touristes. « D’évidence, il faudra que chaque mairie que chaque municipalité évite les grands rassemblements, la trop grande proximité. »
Quant à la Fédération de surf, elle tient exactement le même discours avec aussi le souci sous jacent des emplois des écoles et clubs de surf.
Interviewé par France Info, le maire de Biarritz, Michel Veunac, surfe la même vague que son adjoint à l’Environnement. « L’enjeu de la réouverture des plages et de l’accès à l’océan est important pour la vie sociale et locale des usagers ainsi que des amateurs, confiait-il. L’océan est une source de vie et de santé publique. C’est également primordial pour l’économie touristique des stations balnéaires et de tous les commerces qui y sont liés. Nous souhaitons, comme les autres stations de la façade atlantique, trouver des mesures progressives d’ouverture de plages à partir du 11 mai. C’est ce qu’ont fait, par exemple, nos collègues et amis de l’autre côté de la frontière, comme à Saint-Sébastien où, depuis 48 heures, les plages sont ouvertes et les activités nautiques autorisées,  alors que l’Espagne a payé un lourd tribut à l’épidémie ».

« Compter sur le civisme et la responsabilité de chacun »

La stratégie de déconfinement présentée par le Gouvernement mardi dernier ne prévoyait pas la réouverture des plages après le 11 mai. Une décision qui a pu surprendre et décevoir beaucoup d’entre eux. Le sénateur PS des Landes Éric Kerroucher a remis le couvert au Sénat où il  a appris que rien n’était envisageable avant le 2 juin. Comme l’a écrit la députée Modem de la 5e circonscription des Pyrénées-Atlantiques et conseillère municipale Florence Lasserre hier au Premier ministre, suite au rejet d’un amendement d’un député breton à l’assemblée. Et elle l’explique sur  sa page Facebook:
« Vous êtes en effet nombreuses et nombreux, à m’avoir interpellée sur la question de la réouverture de nos plages. Après de nombreuses semaines de confinement et ce temps estival, il est vrai, notre impatience est grande. Sur ce sujet, j’ai longuement échangé avec le Maire d’Anglet, ainsi qu’avec Olivier Chambres, responsable de l’association Surf Santé, en lien avec la Fédération, et de nombreux surfeurs. Aujourd’hui, je défends une réouverture des plages après le 11 mai, sous le format de « plages dynamiques », qui semble faire consensus localement. La réouverture doit en effet être encadrée finement pour éviter tout risque de contagion et de reprise de l’épidémie. Nous devons aussi pouvoir compter sur le civisme et la responsabilité de chacun. » Une démarche encouragée à l’unisson, de Biarritz à Anglet. » Le déeputé de la 6e circonscription, le sud du Pays basque en a fait autant.
En revanche, apparemment le secrétaire d’État auprès le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en charge du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne qui manifestait quelques velléités municipales à Biarritz est resté, jusqu’à ce jour droit dans les bottes du Premier ministre.
Comme la sénatrice Frédérique Espagnac et le sénateur Max Brisson…des Pyrénées Atlantiques. Les raisons de la première sont-elles les mêmes que le second quand Bruno Retailleau, le sénateur Les Républicains, comme Max Brisson prône une ouverture des plages? On reconnaitra aux deux élus une connaissance du terrain et de la difficulté de cette « libération ». Pour résumer leur prise de position et ils pensent qu’il faut le laisser le temps au temps pour s’y préparer, c’est à dire a mnima le 2 juin.

Une diversité des plages qui interroge sur leur fréquentation cet été

Biarritz Grande plage

 Beaucoup d’élus pensent que les locaux, frustrés qu’ils ont été si près de l’Océan, seraient simplement heureux d’y avoirraisonnablement accès. Or le temps des vacances estivales approche. Et les plages d’Hendaye au sud jusqu’Anglet, à l’embouchure de l’Adour au nord qui ouvre sur les Landes ont des configurations différentes. Et certaines font craindre l’engorgement.

« Hendaye, (notre photo) explique Édith Anselme, correspondante de presse dans la ville transfrontalière, est surnommée « La piste verte des Surfeurs. Les écoles depuis celles d’Anglet, y emmènent régulièrement les débutants. Outre que du Centre de thalasso Serge Blanco aux deux Jumeaux, elle affiche 3,5kms de long, elle est très profonde et a une lente déclinaison qui permet, à marée basse d’avoir pied très loin. C’est une plage familiale sécurisée très prisée des parents qui ont de jeunes enfants. En outre, la baie de Chingoudy,(Txigoundy) protégée est un endroit très prisé pour le paddle ».
Rien à voir donc avec la Grande plage de Biarritz, ( notre photo ci-contre) 650 mètres de long, fréquentée en pleine saison par 8 000 à 9000 plagistes par jour. D’autant que la mythique plage de la Côte des Basques plus au sud, ne fonctionne qu’à « mi-temps » c’est-à-dire à marée basse.
Autre cas de figure: avec 4,5 kms de plages depuis le Cap Martin, au nord de Biarritz, jusqu’à l’embouchure de l’Adour, Anglet possède cinq longues plages entrecoupées d’épis. Avec autant d’entrées et de parking. Autant dire que la surveillance des flux ne sera pas aisée.
En résumé, cette « libération » des plages, comme disent les surfeurs qui ont fait de l’océan leur propre demeure, n’est pas une mince équation pour les élus non plus. Christophe Sueur, le maire de Saint-Pierre d’Oléron en Charente Maritime lui a choisi « la dissidence » vis-à-vis de la préfecture et veut rouvrir dès le 11 mai. À suivre…




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