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PUBLIÉ LE 08/02/2023 PAR Cyrille PitoisLa monnaie locale du Pays basque français fête ses dix ans. Et un succès qui ne se dément pas, malgré quelques embuches. Elle va atteindre sous peu les 3,8 millions d’euros en circulation, avec 4 000 utilisateurs particuliers, 37 collectivités locales adhérentes et 1 300 professionnels qui acceptent les paiements en Eusko.
Le Pays basque, est loin, très loin même, devant les autres monnaies locales qui plafonnent autour de 200 000 euros en circulation. La forte identité du territoire ne suffit pas expliquer ce succès. « Avant même le lancement au 31 janvier 2013, un gros travail avait été accompli pour la socialisation du projet. Les associations locales se sont fortement mobilisées et elles ont encore pris part à chaque moment clé du projet, » retrace le président de l’association euskalmoneta, Xebax Christy qui décrit une dynamique à la croisée des dynamiques culturelles, économiques, alternatives, solidaires et paysannes.
Mais l’habitude des Basques à s’impliquer n’est pas la seule raison. L’association rend aussi obligatoire le versement automatique mensuel pour les 3 000 utilisateurs qui ont accepté d’ouvrir un compte. 20 euros minimum chaque mois, 60 euros recommandés. « Ce crédit automatique chargé tous les mois implique un minimum d’utilisation et permet de s’adapter en fonction de l’usage,» poursuit Xebax Christy.
L’eusko a été déployé en format numérique en 2017, suivi de la création d’une carte de paiement puis de l’utilisation avec le smartphone. En 2018 un accord référence pour l’utilisation de la monnaie locale par les collectivités a connu quelques épisodes juridiques. Lorsque la ville de Bayonne a décidé d’utiliser la monnaie locale pour verser des subventions, des indemnités aux élus ou régler des factures à des fournisseurs locaux, la préfecture a retoqué la délibération et saisi le tribunal administratif. Mais quelques mois plus tard un accord a été trouvé avec la même préfecture qui a finalement permis ces paiements. « C’est une première dans l’Etat français et c’est un modèle de convention qui a été repris par Lyon, Nantes ou le Grand Angoulême, » retrace Xebax Christy.
« C’est l’implication de milliers de personnes, bénévoles, entrepreneurs ou institutions qui a permis de créer un réseau de solidarité qui véhicule des valeurs fortes, un projet structurant pour l’économie locale avec des effets sur la relocalisation des échanges et le soutien aux acteurs locaux, » analyse encore le président.
60 000 euros par an aux associations
Par un système de don à hauteur de 3% des fonds détenus en euskos, chaque utilisateur peut sélectionner les associations qu’il souhaite soutenir. Un outil qui a permis de distribuer plus de 60 000 euros aux associations locales en 2022.
L’association avait aussi imaginé favoriser l’apprentissage de la langue basque en proposant des cours aux professionnels qui acceptaient la monnaie locale. Trop difficile à mettre en place au regard de l’organisation desdits professionnels.
Une monnaie locale, comment ça marche ?
Une monnaie locale est une monnaie complémentaire de la monnaie officielle, avec un cours fixe : 1 euro = 1 eusko. Son usage est restreint à un territoire, à certaines marchandises ou services dans le cadre du commerce de proximité pour favoriser l’économie locale. Un comité valide les demandes d’agrément déposées par les professionnels qui doivent obligatoirement avoir leur siège social au Pays basque. La monnaie locale n’est pas utilisable dans un supermarché ou un hypermarché. Pour se procurer cette monnaie il faut adhérer à l’association porteuse, euskalmoneta.
L’eusko n’est pas reconvertible en euros pour les particuliers. Les professionnels peuvent reconvertir des euskos en euros, moyennant des frais de commission de 5 % du montant changé. De quoi inciter les professionnels à chercher des débouchés locaux à leurs revenus en eusko, au lieu de les reconvertir en euros. C’est l’effet relocalisateur de l’eusko.
Les monnaies locales en Nouvelle-Aquitaine
Du nouveau en Gironde : La Gemme, nouvelle monnaie locale, issue de la fusion entre la Miel et l’Ostréa, commence à circuler en 2023. Les nouveaux billets de Gemme remplacent progressivement les billets de Miel et d’Ostréa. Les anciens billets de Miel et d’Ostréa restent valables dans les commerces du réseau jusqu’à la fin 2023.
Gâtinelle, en Deux Sèvres; Lou Pélou en Haute-Vienne et Corrèze; La Bulle en Charente; L’Abeille en Lot-et-Garonne; Le Trèfle à Périgueux; La Beunèze en Saintonge; L’Ostrea dans le bassin d’Arcachon, Val de l’Eyre; La Tinda en Béarn et L’Eusko au Pays basque Nord.
