Bordeaux a été élue ville la plus verte en 2023, selon le classement du Parisien. Pistes cyclables, végétalisation des espaces publics et énergies renouvelables caractérisent la politique de la ville. Si la Mairie s’attache à ses valeurs écologiques, comment a-t-elle conquis le cœur de la population ?
Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux, rappelle comment il a promu le vélo : « Il faut avoir le courage de faire des choses. J’ai décidé de consacrer le deuxième boulevard au vélo et aux transports collectifs. J’ai assumé mes choix mais j’étais prêt à revenir en arrière si ça ne marchait pas. » Un pari risqué qui n’est aujourd’hui plus remis en cause. « Il a fallu attendre 3 semaines pour que le trafic du vélo augmente de 75%. On a pu réduire la pollution de 30% », indique le Maire.
À Bordeaux il n’y a pas que le vélo. « Je pense que le faire ensemble est important », poursuit Pierre Hurmic. Pour cela, un grand débat citoyen est organisé cette année. « On va embarquer les passants dans nos débats avec le parlement mobile », précise le Maire. Un stand qui va parcourir les 8 quartiers de Bordeaux, pour informer et discuter autour du thème de la transition énergétique. « On veut discuter des propositions avec les Bordelais pour les embarquer sinon on se plante ».
Une affirmation soutenue par Fatima Ouassak, consultante en politiques publiques. Dans les quartiers populaires, elle travaille sur « l’ancrage territorial, un moyen pour mobiliser les citoyens ».
La convention a permis de prendre des mesures beaucoup plus courageuses que celles des gouvernements.
Pour Cyril Dion, écrivain et réalisateur, l’art et les émotions peuvent aider à trouver un sens à agir. Après la sortie de son film Demain, « l’artiste voyait beaucoup d’envie et d’ambition d’agir » autour de lui. Deux choses lui semblent essentielles : partir des sujets du quotidien et donner des responsabilités. « Si on parle du changement climatique, on ne sait pas si ça intéresse. Mais si on parle de la bière par exemple, on réunit plus de gens et on ouvre le débat : pourquoi pas relocaliser l’usine à bière, et si on faisait pareil avec les aliments… ».
L’écrivain et réalisateur estime que « la plupart des gens ont envie d’être utile » et donne l’exemple de la Convention citoyenne pour le climat. « Les personnes sont prêtes à participer si on leur donne le pouvoir de faire. La convention a permis de prendre des mesures beaucoup plus courageuses que celles des gouvernements. »
Le pouvoir d’achat engage à changer
« Il faut expliquer pour donner du sens. On s’adresse à des gens qui se sont battus pour entrer dans la société de consommation et maintenant on leur dit de prendre le bus. Il faut récompenser car le pouvoir d’achat est le meilleur levier pour s’engager et il faut parier. On fait le pari de pouvoir changer les habitudes de consommation », résume Patrice Vergriete, Président de la Communauté Urbaine de Dunkerque. La ville a opté pour le bus gratuit, une récompense de ne pas payer pour « avoir fait une bonne action pour la planète ». Patrice Vergriete, souhaite reproduire le modèle de Bordeaux, pour investir le champ du vélo.