Bordeaux Métropole 2050 : comment se nourrir, se soigner et consommer ?


Marianne Chenou

Bordeaux Métropole 2050 : comment se nourrir, se soigner et consommer ?

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 19/01/2019 PAR Marianne Chenou

Initié depuis quelques mois, le projet #BM2050 invite les habitants de Bordeaux et des 27 communes de la métropole à réfléchir et envisager la ville dans laquelle ils souhaiteraient vivre dans les prochaines décennies. Selon les chiffres de la municipalité, ce sont déjà environ 50 000 personnes qui ont participé à ce projet, via les questionnaires, mais également par le biais du « serious game » créé à cet effet.

Pour cette première conférence, organisée à la CCI de Bordeaux, le débat était autour des « fonctions du quotidien », c’est-à-dire, comment se nourrir, se soigner et consommer dans un monde qui sera probablement transformé. Dans son discours introductif, Alain Juppé a d’ailleurs rappelé « qui aurait imaginé il y a 3 ans que nos rues seraient peuplées de trottinettes ? Et pas utilisées par des enfants, mais par des cadres en costume trois pièces ! », évoquant la vitesse à laquelle évoluent nos habitudes de vie.

Autour de la table, quatre intervenants : Emmanuel Grenier, président de Cdiscount, Nicolas Nova, chercheur et co-fondateur du Near Future Laboratory, Antoine Picon, directeur de recherches à l’école des Ponts et Chaussées et professeur à Harvard et enfin, Joël de Rosnay, biologiste et directeur de la prospective de la Cité des Sciences.

Ce dernier a d’ailleurs pris rapidement la parole pour évoquer sa vision de la ville future : « La ville est le catalyseur des intelligences humaines qui y vivent. Elle est le support et la conséquence de ceux qui l’habitent ». Ainsi, il explique que nous nous dirigeons de plus en plus vers un système horizontal, où les personnes vont échanger directement, sans intermédiaire. L’apprentissage pourra se faire de personne à personne, sans passer par un système vertical.

L’alimentation, un enjeu social et écologique

Premier thème abordé, celui de l’alimentation en 2050. Qu’allons-nous manger, comment ? Dans quelle mesure notre alimentation diffèrera-t-elle de celle d’aujourd’hui ? Tant de questions auxquels les invités ont essayé d’apporter des réponses. Pour Antoine Picon, l’enjeu se situe principalement dans la réarticulation du lien entre la ville et la campagne. « L’agriculture urbaine est un phénomène de mode intéressant, mais ne suffira jamais à couvrir les besoins. On ne peut pas penser la ville comme un isolat ».

Emmanuel Grenier, quant à lui, envisage davantage le couple alimentation-numérique : « quand on voit le succès de Yuka, on assiste à l’émergence de consommateurs plus informés ». En effet, cette application qui permet d’évaluer la qualité des produits alimentaires, remporte un franc succès depuis quelques mois. Les consommateurs échangent directement les informations via ces plateformes. Encore un exemple de l’horizontalité croissante impliquée par les smartphones et les réseaux sociaux.

#BM2050 CCI Public

En termes de nourriture, concrètement, il apparait clairement que les modes de consommation sont en train d’évoluer. Mais « manger différemment, c’est voter pour l’environnement », explique Joël de Rosnay. Il livre également au public une donnée étonnante : 100 grammes de riz et 100 g de lentilles consommés ensemble sont équivalents à un petit steak en ce qui concerne les protéines. Ainsi, se passer de protéines animales est entièrement possible, mais il faut envisager une autre façon de manger. Une théorie à laquelle souscrit Nicolas Nova, qui ajoute que pour que cela fonctionne, « il faut un véritable travail pour bâtir une stratégie dans laquelle chacun se réapproprie les nouvelles façons de manger ».

Ce changement alimentaire s’accompagne évidemment dans un bouleversement des cultures et de l’énergie. Bien que ce ne soit pas le sujet initial de la réunion, impossible d’évoquer la ville de 2050 sans parler des énergies renouvelables. « Elles fonctionnent de manière combinée », explique Joël de Rosnay. « On ne peut pas mettre des éoliennes partout, ça ne suffira jamais face à la puissance électrique que produit le nucléaire », poursuit-il. Mais c’est en additionnant les possibilités offertes par le solaire, l’éolien, l’hydraulique, que la transition énergétique pourrait être un véritable succès.

Pour cela, Bordeaux possède un atout de poids : ses toits. Un constat qui a fait réagir Alain Juppé : « Je fais pression sur les architectes pour désormais toujours aménager nos toits ». Avec 17 % d’énergie renouvelable à Bordeaux et un objectif de 40 % à l’horizon 2050, le compte est encore loin.

L’épigénétique, l’adaptation du corps à notre comportement

La santé fut également l’autre grande problématique abordée au cours de la conférence. Joël de Rosnay a alors évoqué l’épigénétique, c’est-à-dire la modification des gènes par le comportement. Une meilleure hygiène de vie, une meilleure alimentation, sont des éléments qui peuvent par la suite directement influer sur nos gènes. L’enjeu de l’industrie pharmaceutique aujourd’hui, ce n’est plus le développement des médicaments, mais bien de maintenir les gens en bonne santé, au lieu de les soigner.

Les échanges se sont poursuivis après le départ du maire, retenu par des obligations dans le cadre du budget participatif. Les questions du public fusent, notamment sur notre rapport à la technologie et la crainte des Bordelais d’une perte de contact humain au profit du numérique. Le développement de la télémédecine fait débat pour certains, car les potentiels bénéficiaires de ce système sont « souvent dans des zones blanches ». Par ailleurs, avec l’avènement du commerce en ligne, nombreux sont ceux qui craignent la mise au ban des échanges humains.

#BM2050 CCI Intervenants

Mais à ce sujet les invités se sont voulus rassurants, comme l’explique Emmanuel Grenier : « Un de mes principaux concurrents, Le Bon Coin, est un véritable créateur de lien social. Ils font des dizaines de milliers de transactions ». Il insiste sur les relations humaines que génèrent ce site, avec des échanges « de la main à la main ». Nicolas Nova répond pour sa part qu’il ne faut pas confondre le progrès technologique et les entreprises qui robotisent leurs usines pour réduire les coûts et le personnel. Dans ces cas, le numérique n’est pas en cause, c’est davantage les entreprises qui sont en tort.

La conférence s’est conclue sur les propositions des intervenants pour la ville en 2050. Si tous souhaitent voir la jeunesse s’impliquer, Joël de Rosnay pousse quant à lui également « les musiciens, les rappeurs, les surfeurs, les artistes » à construire leur propre ville.

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