Quel est le point commun entre un personnage de François Rabelais et une association qui propose de l’aide alimentaire ? Un nom, Gargantua. Le guerrier géant partage aussi une autre valeur avec la structure homonyme : l’humanisme. En effet, l’association bordelaise fédère une trentaine de bénévoles pour deux missions : maintenir le lien social et nourrir des personnes isolées et en situation de grande précarité. Les bénéficiaires de l’association sont souvent envoyés par le Centre Communal d’Action Sociale de Bordeaux. L’association travaille également avec les régies de quartier ou le Wanted Café pour venir en aide aux personnes.
Le Covid-19 est venu bouleverser le fonctionnement même de Gargantua : « au lieu de nourrir les personnes qui viennent nous voir et de leur donner de la chaleur humaine, nous leur distribuons des paniers repas d’un montant d’environ 40 à 50 euros », raconte Michel Flory, Vice-président de l’association. Les denrées alimentaires distribuées aux personnes étaient à la base destinées à être jetées par la grande distribution. Dans le cadre de la loi Garot sur le gaspillage alimentaire (2016), les grandes surfaces doivent payer une amende si elles jettent des produits toujours consommables. Pour éviter cette amende, les établissements peuvent donner leurs denrées à des associations agréées qui les distribuent. Gargantua a ainsi noué un partenariat avec plusieurs acteurs, un grossiste à Saint-Loubès, deux supermarchés à Bègles et Lormont et, plus récemment, un troisième magasin situé dans le quartier Bacalan. Les produits secs et le lait proviennent quant à eux de la Banque Alimentaires.
« La crise aggrave la pauvreté et accentue les solidarités »
Christian Rocherieux, président de l’association, explique que le nombre de bénéficiaires a explosé depuis le mois de mars. « De 84 bénéficiaires inscrits dans notre base de données, nous sommes passés à plus de 150 à ce jour. En plus des bénéficiaires, nous distribuons des denrées à 800 personnes par semaine depuis la mi septembre ». Depuis le début de la crise sanitaire, l’association Gargantua a nourri 30 000 bouches. « Les personnes ne viennent pas que de Bacalan, nous en avons des Aubiers, Grand Parc, mais aussi Lormont ou Cenon », reprend Christian Rocherieux. Ce dernier prend l’exemple d’un couple avec deux enfants. « Ils viennent juste d’acheter un logement dans le coin. A cause du chômage partiel, la famille se retrouve en grande difficulté pour payer son prêt et se nourrir. C’est très difficile pour eux… »
En visite dans les locaux de Gargantua, Pierre Hurmic salue le travail de l’association. « La crise aggrave les pauvretés mais elle accentue aussi les solidarités. Nous sommes heureux et fiers de pouvoir nous appuyer sur vous. Nous restons à vos côtés pour vous faciliter la vie », promet le Maire de Bordeaux. Pour aider Gargantua à faire face à la hausse de son activité, la Mairie de Bordeaux a par exemple mis un local à disposition de l’association pour stocker les denrées et organiser les distributions. Gargantua a également reçu le soutien de Bordeaux Métropole, au travers de la mise à disposition d’une camionnette pour livrer les paniers repas chez les personnes ne pouvant se déplacer. Christian Rocherieux et Vincent Maurin, maire-adjoint du quartier Bordeaux Maritime ont profité de la présence de Pierre Hurmic pour annoncer la création d’un collectif, liant le CCAS, la Direction du développement social urbain (DDSU) et les associations du quartier. L’objectif du collectif est d’élargir le dispositif d’aide alimentaire proposé par Gargantua et ouvrir un deuxième espace de distribution.