« Entre notre villel’aéronautique et Airbus la relation est fusionnelle » avoue Bernard Keller. On y vit donc les difficultés du groupe avec une extrême attention mais sans céder non plus au catastrophisme. « C’est une histoire qui s’écrit toujours dans le temps » ajoute le maire de Blagnac. D’abord, parce que le nom de notre ville, de toute éternité, depuis les pionniers de l’aéronautique est indissociable de celui de Toulouse, de ses chaînes de montage et de ses pistes d’envol. Ensuite, parce que si Blagnac, siège d’Airbus, va payer le plus lourd tribut aux restructurations annoncées par Louis Gallois, la suppression de 1100 postes de travail étalées sur trois à quatre ans, elle ne saurait faire oublier le nombre d’emplois crées – 13.000 – singulièrement depuis le lancement du grand pôle d’AéroConstellation qui a changé la physionomie de la ville: ila fallu déplacer un collège, un gymnase, une plaine de loisirs de 160 hectares…
De toute façon, comme le rappelle Bernard Keller, les investissements dans cette grande industrie à haute technologie se font sur le long terme et le retour prend nécessairement du temps. Les quatre métiers de l’avionneur étant pilotés depuis le siège – la conception, l’intégration, la mise en vol, la commercialisation – ne vont pas être rayés d’un trait de plume, d’autant que l’A 380 ne fait vraiment que connaître son démarrage et que l’A 350 seraégalement montéà Blagnac. Quant aux bureaux d’études, Airbus n’avait pas attendu les défis actuels pour externaliser déjà plus de 2.000 emplois. Vigilance certes, mais confiance maintenue: le maire de Blagnac croit à « son » Airbus même s’il déplore « les luttes fratricides » et la mauvaise « gouvernance » qui ont abouti à la situation actuelle. Sans oublier, ce qu’on ne dit pas assez, les graves et inacceptables conséquencesde la surévaluation de l’euro par rapport au dollar : » une variation de dix centimes de la parité euro/dollar équivaut à un milliard d’euros en plus ou en moins pour Airbus. Un constat qu’il faut croire « politiquement incorrect » pour que seuls les « petits candidats » à la présidentielle osent en parler.
J.A.