Black-out, délestage: quelle gestion du risque ?


Le black-out, voilà un sujet qui anime les repas de famille. L'université de Pau, avec la complicité de la Préfecture 64 et de la direction régionale d'Enedis a organisé une table ronde sur les risques de cet hiver et les solutions mises en oeuvre.

Une bougieWillfried Wende - Pixabay

Les acteurs, confiants, croient peu en la possibilité d'un black-out, mais n'excluent pas des coupures de courant ciblées et temporaires.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 29/11/2022 PAR Solène MÉRIC

Qu’est-ce qu’un black-out ?

« C’est le déséquilibre entre une production d’électricité insuffisante par rapport à sa consommation sur un même réseau électrique qui provoque une panne généralisée du réseau », explique Julien Charles, le préfet des Pyrénées-Atlantiques. Un crash incontrôlé sur le système électrique dont la remise en état pourrait prendre « entre 24 et 48 heures ».

Pourquoi la France pourrait-elle faire face à ce déséquilibre sur le réseau électrique ?

En hiver il y a des pics de consommation entre 8h et 13h puis entre 17h et 20h, avec notamment des besoins en chauffage accrus par les vagues de froid qui accompagnent cette saison.  Les craintes de RTE se portent principalement sur le mois de janvier.

Or, en parallèle, « environ la moitié du parc nucléaire est en situation d’indisponibilité (pour cause de grand carénage et de problème de micro-fissures sur certains réacteurs, ndlr). RTE espérait atteindre une production de 45GWh en janvier, mais en raison de retards, la remise en production sera moins importante. Elle a été revue à la baisse et estimée à 40GWh », décrit Frédéric Wurtz , Directeur de recherche au CNRS à Grenoble.

A cela s’ajoute des difficultés d’importation d’électricité venant d’Allemagne, elle-même confrontée à des difficultés d’approvisionnement en gaz en raison de la guerre en Ukraine. Gaz qu’elle utilise pour sa propre production d’électricité.

Peut-on éviter le black-out et comment ?

Pour éviter le black-out, il faut donc soit une augmentation de la production soit une baisse de la consommation.

L’amélioration de la production restant limitée à court terme, c’est principalement sur le levier de la consommation que les autorités et acteurs de l’énergie comptent s’appuyer pour tenter d’éviter ce crash du réseau électrique. En témoigne déjà la large campagne en cours pour la sobriété électrique autour des écogestes, à destination du grand public mais aussi des acteurs économiques et des institutions publiques.

Si la sobriété ne suffisait pas à ramener l’équilibre, RTE déclencherait une alerte Ecowatt rouge venant à la fois matérialiser l’identification d’un risque réel et activer des mesures de sauvegarde du réseau par Enedis. Concrètement EcoWatt rouge ouvre un délai de 3 jours avant « la coupure volontaire, ciblée et temporaire de l’électricité », autrement appelée délestage. D’une durée maximum de 2 heures, sur les créneaux horaires de 8h-13h et 18h-20h, cette opération s’opère par zonage tournants et équitables sur le territoire.

« Dans tous les cas le risque 0 n’existe pas, mais il est d’autant plus faible, voire évitable, si on a une implication en amont de l’ensemble des acteurs y compris des usagers », s’accordent l’ensemble des participants.

Quelles sont les mesures de sauvegarde du réseau électrique pouvant être activées par Enedis ?

Avant d’en arriver au délestage, l’Ecowatt rouge a vocation a sensibilisé plus encore sur l’effort de sobriété générale. « Il peut aussi être demandé à certain gros consommateurs industriels de réduire leur consommation voire de  »s’effacer » sur le réseau afin de récupérer leurs capacités énergétiques », précise le préfet.

Afin d’éviter les coupures, même volontaires, Enedis peut dans un premier temps baisser la tension sur le réseau. Conséquences : « une intensité lumineuse un peu plus faible, des appareils électriques un peu ralentis. Ce n’est pas totalement indolore mais diminuer la tension de 5% sur le réseau, revient à économiser sur le réseau national la consommation des villes de Paris et de Toulouse réunies » décrit Céline Vautrelle, directrice régionale Enedis Pyrénées-Landes.

En cas d’insuffisance, sera alors mis en œuvre la mesure la plus contraignante : le délestage aux horaires des pics de consommation.


Quelles sont les modalités du délestage et qui est concerné ?

« Un certain nombre de structures ne sont pas concernées par le délestage : les hôpitaux, les bases militaires, ou certains sites industriels dont la coupure d’électricité pourrait soit casser l’outil de production, soit s’avérer dangereuse. Au maximum 38 % de la consommation dans chaque département peut ne pas être délestée », précise le directeur de cabinet du préfet des Pyrénées-Atlantiques, Théophile de Lassus. Dans ce département 137 établissements, désignés par la Préfecture, sont exclus de tout risque de délestage.

Pour le reste lorsque l’Ecowatt rouge est enclenché , une large information est menée auprès des industriels, collectivités et maires. Enedis contacte aussi « par tout moyen », les patients à hauts risques, qui sont à domicile mais reliés à des appareils, pour qu’ils puissent prendre leurs dispositions si le délestage devait être confirmé. 

A J-1, RTE précise la carte des départements touchés par le délestage et Enedis organise le zonage et le moment de la coupure électrique sur ces zones.

Infos pratiques !

Information suivie et détaillée sur sur le site et l’application monecowatt.fr.

Les clients en recherche d’information peuvent aussi contacter Enedis : www.enedis.fr/aide-contact

En cas de délestage annoncé, la préfecture communiquera par des communiqués de presse et messages radios, informant des détails des délestage à venir.

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