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PUBLIÉ LE 18/02/2017 PAR Matthias HardoyJuchée sur un escabeau, Clémence Ravion fixe au mur les derniers éléments de décoration. La jeune médiatrice est souriante mais concentrée. C’est le grand jour pour l’Artisterie qui ouvre officiellement ses portes en cette matinée froide et ensoleillée de la mi-février. Quelques minutes plus tard, une trentaine d’enfants s’engouffrent dans les locaux du Point Animation Carriet. Ce sont deux classes de CM1 de l’école Paul Fort de Lormont. Ils viennent assister aux ateliers de deux artistes : Stéphane Gantelet, artiste sétois qui va passer deux mois en résidence à l’Artisterie et Emmanuelle Arrio, danseuse qui vit dans le quartier depuis 17 ans. Ces rencontres sont l’aboutissement de plusieurs mois de travail de la part du collectif Jesuisnoirdemonde qui a rêvé de ce lieu d’art éphémère et pour lequel rappelle Clémence Ravion «un gros travail de médiation a été fait».
A la rencontre des habitants de Carriet
«Nous avons sillonné le quartier depuis septembre pour faire connaître notre projet à tout le monde. Nous avons vite noué des liens avec des écoles : l’école élémentaire Paul Fort mais aussi Le Centre Educatif Les Joualles qui vient en aide aux enfants atteints de déficiences psychiques.» Les enfants de Paul Fort sont partis avec Clémence à la rencontre des habitants de Carriet pour se faire raconter les petites et grandes histoires du quartier. Les élèves des Joualles ont eu, eux, carte blanche pour la décoration de L’Artisterie et ont réalisées de nombreux tableaux et affiches.
En cette matinée d’ouverture, les CM1 de Paul Fort sont répartis en deux groupes. Tandis que la moitié se met à danser grâce la chorégraphe Emmanuelle Arrio, l’autre écoute dans le calme Stéphane Gantelet leur parler de son projet artistique et numérique. Il va découvrir le quartier grâce à eux et va construire avec ces jeunes enfants un jeu vidéo sur ce bout de Lormont. Nombreux à jouer régulièrement sur leurs consoles ou sur leurs ordinateurs, les enfants semblent intrigués par ce drôle de projet. Ils pourront construire leurs avatars et participer à l’élaboration de ce Carriet Virtuel.
« Une dimension concrète de fabrication »
Sophie Robin, comédienne et directrice artistique du lieu explique pourquoi le choix de Stéphane Gantelet s’est imposé pour cette résidence de 2 mois; « Nous voulions que ce soit un artiste qui ne connaisse pas du tout la région mais qui travaille sur la notion de territoire. Nous souhaitions aussi qu’il ait une dimension concrète de fabrication. Stéphane Gantelet travaille sur le passage du virtuel au réel mais il y a toujours avec une démarche d’élaboration concrète.»
L’Artisterie se veut comme un lieu ouvert où, du mardi au vendredi de 16h à 20h et le samedi de 10h à 12h, chacun pourra pousser la porte librement. Selon Sophie Robin, « on veut laisser la place au hasard, à l’imprévu. Stéphane ne sait pas qui va venir à sa rencontre, ce qui va naître de ces échanges !» . Sophie Robin espère que les habitants vont se prendre au jeu et proposer des choses.
« C’est un lieu où les gens peuvent venir créer eux aussi. On peux tout imaginer, c’est ça qui est génial! On pourra peut être organiser des concerts, des expos de peinture… Il faut que les habitants se réapproprient peu à peu le lieu». Ce matin, elles sont deux à s’être aventurées par curiosité à l’Artisterie, intriguées de découvrir «un lieu d’art» dans un quartier plutôt défavorisé qui n’en possède pas tant.
Aprés Carriet, c’est à Alpilles-Vincennes (autre quartier de Lormont) que Jesuisnoirdemonde va s’installer avec une autre artisterie. Ce sera avec Eric Blosse, artiste éclairagiste qui travaillera avec les habitants autour des selfies et de l’image de soi. Histoire de ramener dans cet autre quartier dit prioritaire, un peu de culture et de surprises au pied des tours rénovées.
