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PUBLIÉ LE 30/11/2009 PAR Joël AUBERTDu fameux stade olympique de Pékin, « le nid d’oiseau », au monumental Elbe Philharmonic hall de Hambourg, Jacques Herzog passait en revue les projets en voie de réalisation à l’horizon 2012: l’édification du Triangle à Paris, ainsi que la transformation du Tate modern à Londres. La construction d’un centre de danse à Sao Paulo et celle d’un musée d’art moderne à Guadalajara viennent aussi illustrer leur processus artistique conceptuel dans la création de monuments qui doivent s’inscrire dans le tissu existant des villes toujours spécifiques.
« Les projets nous forcent à lire une ville pour apporter une contribution »
La présence des deux architectes suisses, Herzog et de Meuron, figures majeures de l’architecture mondiale, donnait à l’atmosphère l’ambiance des grands évènements. Faute de places, plusieurs centaines de personnes restèrent dans la galerie du CAPC, devant des écrans qui rediffusaient la conférence en direct. Les quelques privilégiés assis dans la salle de conférence, attentifs, presque subjugués, contemplaient Jacques Herzog. « Nous avons la capacité de séduire en créant ce qui était inimaginable avant nous », il expliquait les plans, les résultats, les images de leurs travaux monumentaux.
L’architecte suisse, aux allures de génie romantique, laisse rêveur. On l’imagine aisément, sans l’aide d’un ordinateur et avec des pouvoirs télépathiques, projeter directement sur le mur, les formes, les lignes, les espaces qui structurent son imaginaire.
« Le projet du Triangle s’inscrit dans une ville précise, cristalline, pensée, trempée d’une idéologie ». Pour contribuer à la ville, les axes de Paris leur renvoyaient l’idée de la perfection et de l’infini. Dans le XVème, le Triangle, un quartier urbain vertical inspiré des pyramides, dépassera la tour Montparnasse dans le ciel de Paris.
« Les villes sont des psychologies pétrifiées »
« En prenant de l’âge, on devient la caricature de soi-même, les villes sont comme les êtres humains, puisque ce sont eux qui les bâtissent ; chaque projet est une réponse à cette maladie. » Hambourg est une ville classique, stricte et protestante, dont seuls les clochers des églises dépassent. Le duo d’architectes a vu dans le port d’Hambourg, un espace ouvert qui pouvait accueillir une salle de concert symphonique. L’idée de la philharmonie de l’Elbe était de revenir dans le passé immédiat, à l’authenticité d’un théâtre grec où le public est autour de la musique, mais aussi de construire dans l’idée de la verticalité, une façade à l’intérieur d’un bâtiment de cent mètres de haut.
A Sao Paulo, dans une forêt de bâtiments, la vie du quartier sera rythmée par une école de danse conçue comme une composition textile ; des plateformes en bande superposées, dans un style presque primitif et entre les bandes, une végétation variée.
Les constructeurs de notre époque, mondialisés par l’effet de leurs succès, ne peuvent pas se permettre d’«avoir un style, des goûts et une idéologie, la ville est spécifique, elle n’est pas générique. »
« Bordeaux pourra concevoir un nouveau stade »
Selon Herzog et de Meuron, ce sont les évènements mondiaux qui commandent des stades. C’était le cas pour la construction du stade de Pékin à l’occasion des jeux olympiques de 2008. Bordeaux pourra concevoir un nouveau stade si la candidature de la France est retenue pour accueillir l’Euro 2016. Le stade Chaban-Delmas vit-il ses dernières années d’euphories ? A la question de savoir si l’on conçoit les stades hors des murs des villes, l’architecte suisse répond laconique, c’est impossible.
Olivier Darrioumerle
