Amélie Nothomb est venue parler là de son dernier né « Le voyage d’hiver », mais pas seulement. Elle inaugure également, aux côtés de Laurent Croizier, et sur une idée « géniale » d’Albéric de Bideran, ce qui sera sans doute une longue série de rencontres littero-musicales. L’idée étant d’unir musique et littérature afin d’en révéler les couleurs mutuelles. Qui d’autres qu’Amélie aurait pu si bien ouvrir le bal ? Assise en amazone, toute de noir vêtue, longue et fine et comme statufiée lorsqu’elle écoute la musique, extraordinairement attentive, elle occupe la scène, en vrai personnage. Attitude qui semble étudiée, le chapeau en signature, et pourtant loin de tout marketing. Amélie parle de « métrique » de « nombre de pieds », évoquant sa manière d’ écrire, sa petite musique. On comprend rigueur, travail, maîtrise, retenue. Et pourtant ! Tout n’est pas dit encore : un volcan couve, ça pétille sous le chapeau ! La salle rit aux réparties de la dame en noir, on ressent chaleur et complicité. Amélie donne, généreuse, et réunit, comme un air de musique ou de farandole. Elle évoque son intérêt pour « les chocs thermiques » d’où naissent situations cocasses ou passionnées. On se laisse emporter par l’ivresse des contrastes. Amélie hors normes, « haute contre », inclassable, au contraire du qu’en dira-t-on. Toujours recrée au travers de ses livres,comme emportée par une fuite sans fin. Une fugue ! … au sens musical du mot, ou une sarabande ! Voilà la petite musique d’Amélie. En vérité inattendue,toute en contrastes et en émotions.
La salle du Grand Théâtre applaudit la virtuose. Amélie Nothomb, levant les yeux vers le paradis, remercie etsourit. Dernières notes jouées pour belle rencontre. Chapeau !
Anne DUPREZ
Amélie Nothomb: Le voyage d’hiver. Editions Albin Michel. 2009.