Alpha Chitin triture la larve de mouche contre le mélanome


Alpha Chitin est un futur "totem" industriel de la Nouvelle-Aquitaine. Innovation, bio-sourcing, chimie verte, reconquête et souveraineté industrielle, emplois, environnement, santé... Tout ça à partir de larves de mouches, de krill et de champignons

Philippe Crochard, PDG d'Alpha Chitin, Jérôme Delay, Directeur général, Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Françoise Jeanson, vice-présidente chargée de la SantéSolène MÉRIC | Aqui

Philippe Crochard, PDG d'Alpha Chitin, Jérôme Delay, Directeur général, Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Françoise Jeanson, vice-présidente chargée de la Santé dans les locaux d'Alpha Chitin à Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/03/2023 PAR Solène MÉRIC

L’innovation en marche. « Ici nous avons de la technologie qui, à 90%, n’existe pas ailleurs », la phrase de Jérôme Delay, directeur général d’Alpha Chitin ne pouvait que susciter la curiosité du Président de Région, Alain Rousset, en visite au sein de la première unité de l’entreprise sur le bassin industriel de Lacq. Et pour cause, Alpha Chitin, lauréate des plans France Relance et France 2030, fortement appuyée dans son installation par la Communauté de communes Lacq-Orthez et par le grand voisin Total Energies, a déjà reçu une aide de 900 000 € de la collectivité régionale.

Devenir le leader mondial de la production de chitosanes

Il faut dire que la promesse est belle, à tout point de vue. L’objet d’Alpha Chitin, c’est la production d’une molécule, la chitine et son dérivé le chitosane. Non-toxiques, biodégradables et bioactives, elles ont de nombreuses propriétés dont la bio-adhérence, la cicatrisation ou encore la réduction des infections. Un petit trésor pour l’heure essentiellement fabriqué en Asie, et dont les applications sont « extrêmement nombreuses et variées », souligne le DG. Du textile, à l’agriculture et l’agroalimentaire, en passant par la cosmétique et la santé, sorte de Graal pour un pays et une région en quête de réindustrialisation à forte valeur ajoutée.

Avec actuellement 21 salariés, ils seront 60 à la fin de l’année, et « entre 200 et 300 à 2027 », précise Philippe Crochard, le PDG, à l’initiative du projet. D’ici là, l’outil industriel et ses différentes phases d’extension seront achevées sur une surface totale de 8 ha. C’est dire le potentiel de cette usine pilote en matière de chimie du vivant et qui vise à devenir le leader mondial de la production de chitosanes.

Krill, larves de mouche et champignons

Pour l’heure, ils sont les premiers en France à se lancer, dans un contexte de diminution des exportations de chitine par la Chine. « Il y a donc un enjeu mondial sur cette molécule à la fois, en termes de quantité et de qualité », pointe Philippe Crochard. Si la Chine réduit ses exportations, c’est parce que sa principale source de production est la carapace de krill, minuscules crevettes dont le maintien de la population est très surveillé au niveau mondial.

A Lacq, une ligne travaillera bien à partir de la ressource krill, mais au regard de sa rareté, cette production de chitosane sera « strictement réservée aux applications médicales tissulaires », prévient Jérôme Delay, à savoir la fabrication de peau artificielle.

L’usine compte également produire sa chitine à partir de deux autres bio-ressources que sont les larves de mouches et le mycelium (champignon).

En matière pharmaceutique, la force de cette molécule, quelle que soit sa source, est « d’être un adjuvant technique intelligent qui, associé à des molécules actives de médicaments permet de créer des adhérences ». Alpha Chitin est ainsi associée à des essais cliniques sur le traitement du mélanome, et travaille aussi autour d’un vaccin en spray nasal.

Le premier chitosane au monde certifié 100% végétal

Côté applications agricoles, le chitosane d’Alpha Chitin, permet la fabrication d’un bio pesticide assurant le même rendement à l’hectare que des pesticides issus de l’agrochimie, pour un coût similaire… Fabriqué à partir des larves de mouches, celui-ci donne lieu à la production de 2 co-produits : de l’huile, vendue, et du digestat qui part en engrais. « Travailler sans faire de déchet ou le moins possible est une de nos lignes de conduite ». Même l’air de l’usine est capté, nettoyé et son niveau d’humidité réajusté, avant d’être renvoyé dans le réacteur où sont élevées les larves de mouches.

L’an prochain, le site démarrera la production de chitine à partir de champignon. Les acteurs de la cosmétique, tous engagés sur l’origine non animale des produits, sont déjà séduits. Là encore Alpha Chitin se place en précurseur ; d’un bout à l’autre, la chaîne de production ne nécessitera que de la chimie verte (ce qui n’est pas le cas pour l’autre ligne de production). « Ce sera le premier chitosane au monde certifié 100% végétal. Le marché est énorme. »

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