À Limoges, la caserne Marceau vitrine pour Action Cœur de Ville


Corinne Mérigaud

À Limoges, la caserne Marceau vitrine pour Action Cœur de Ville

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 14/01/2021 PAR Corinne Merigaud

La revanche des villes moyennes a peut-être sonné avec ce programme gouvernemental doté de cinq milliards d’euros et qui s’adresse à 222 cités de l’Hexagone. Vingt millions de citadins sont concernés, ils devraient voir changer leur quotidien grâce à la redynamisation des centres-villes. Limoges fait partie des villes phares de ce programme avec son projet de réhabilitation de la caserne Marceau, une friche militaire proche de la gare, propriété de la ville depuis dix ans. La caserne où était affecté le 15e Bataillon du Train a accueilli plusieurs générations d’appelés du Service National. Après le départ des militaires en 2008, le site héberge 73 policiers municipaux depuis cinq ans ainsi qu’une dizaine de soldats de la Force Sentinelle. Ce lieu clos va s’ouvrir dans les années à venir et les Limougeauds pourront enfin franchir la barrière qui empêchait l’accès à cette enceinte de plusieurs hectares. Des bâtiments seront détruits mais il subsistera les deux principaux construits au XIXe siècle qui présentent un intérêt patrimonial historique.

Le Bâtiment 25 sera transformé pour partie en tiers-lieu sur 2 500 m². Une première enveloppe de 700 000 euros a été votée lors du conseil municipal de décembre, dont 70 % abondée par le fonds FRED affecté à la restructuration de sites de la Défense. Le rez-de-chaussée pourra être aménagé après désamiantage. Des recherches de financements complémentaires sont en cours par une société commerciale d’intérêt collectif qui devra réunir les 3,4 millions d’euros nécessaires à la concrétisation de ce tiers-lieu. En charge du programme national, le préfet Rollon Mouchel-Blaisot a visité la caserne Marceau pour prendre la mesure du projet. Cet espace de travail partagé et collaboratif dédié à l’éco-construction, l’économie circulaire et l’artisanat créatif sera, à terme, le plus important de la ville. En plus des espaces de coworking, le Bâtiment 25 hébergera des ateliers d’expérimentation, des espaces ressources, une conciergerie, un espace de médiation tout en étant également une vitrine pour promouvoir expositions, spectacles, conférences, ateliers et événements scientifiques ou culturelles.

 Des projets pour revitaliser le centre-ville

La requalification de cette friche militaire confère à Limoges une place privilégiée dans le programme Action Cœur de Ville. « Limoges est une ville emblématique car c’est la plus importante, signale Rollon Mouchel-Blaisot. C’était une capitale régionale et cette ville rayonne sur l’ensemble de son territoire. Elle est également symbolique en terme de méthode car le maire, l’intercommunalité, l’ensemble des financeurs, des acteurs locaux et le préfet sont aux côtés de la ville pour accompagner ses projets. Action Coeur de Ville vise à remettre des habitants, des commerces, des activités et des services dans le cœur de nos villes pour qu’elles soient plus attractives. En parallèle, nous essayons de stopper l’étalement urbain et de remettre de l’ordre dans la périphérie commerciale qui a souvent vidé les centres-villes de commerces essentiels. Cette stratégie nationale va consolider les villes moyennes, des atouts pour la relance territoriale de notre pays. » Chaque ville élabore son programme d’actions puis sollicite des financements. « Nous faisons confiance aux élus locaux qui élaborent leur propre projet en fonction de leurs priorités et enjeux, précise-t-il, notre rôle, avec le préfet du département et nos partenaires financiers la Caisse des Dépôts, Action Logement et l’ANAH, est d’accompagner les projets qui vont dynamiser la ville, la rendre plus attractive pour reconquérir des populations. Le but n’est pas d’avoir plus de commerces mais mieux de commerces et de remettre des activités économiques comme ce sera le cas pour cette ancienne caserne. » 

Action Cœur de Ville accordera des budgets en fonction des projets présentés jusqu’à fin 2022. Au niveau national, un milliard d’euros et demi avait été accordé jusqu’en septembre dernier. « Une dizaine de millions d’euros ont été anticipés pour Limoges, annonce-t-il. Les villes qui auront le plus de projets matures seront celles qui bénéficieront le plus de financements. Limoges fait partie des villes très bien placées et parmi les premières à signer sa convention définitive et son opération de revitalisation du territoire avec des projets de très grande ampleur. Je ne doute pas que l’État abondera, c’est déjà le cas avec des crédits DRAC et cela va s’amplifier sur ces deux années. » 

L’école de la CCI et un écoquartier de 280 logements

Outre ce tiers-lieu, une partie du site sera occupée par la future école d’ingénieurs de la Chambre de commerce et d’industrie qui sera construite à côté du Bâtiment 25 sur un espace qui vient d’être libéré. Ces deux écoles 3iL et ESCS éloignées du centre-ville accueille actuellement 800 étudiants de niveau BTS à ingénieur. « Nous allons rapatrier près d’un millier d’étudiants en centre-ville, se réjouit Pierre Massy, président de la CCI. Cela va ramener une partie de la population jeune qu’il y avait ici du temps de l’armée. Nous pourrons également rationaliser nos locaux sur un seul site avec un outil de formation performant et les étudiants disposeront des transports en commun juste devant. » La Ville souhaite également attirer de nouvelles familles en créant un écoquartier de 280 logements tout en privilégiant la mixité, avec des logements très haut de gamme sur la partie arrière de la caserne bénéficiant d’une vue panoramique sur la gare mais aussi de l’habitat intermédiaire et des pavillons individuels. « Les habitants du quartier sont très attentifs à ce projet qui va ouvrir la caserne sur la ville, souligne Vincent Léonie, adjoint en charge de l’urbanisme. Nous voulons qu’ils se l’approprient, c’est pourquoi nous ne faisons pas n’importe quoi car nous voulons qu’il corresponde à l’attente de la population. »

Limoges mise sur une attractivité nouvelle avec des demandes émanant de personnes âgées CSP+ résidant dans la première couronne de la ville, de familles qui télétravaillent et de jeunes actifs extérieurs souhaitant avoir une meilleure qualité de vie, tendance apparue suite au premier confinement. « Nous étions présents au salon Patrimonia et nous avons constaté un véritable appel d’air de la part d’investisseurs que nous n’avions jamais vus, raconte Catherine Mauguein-Sicard, adjointe en charge de la rénovation urbaine. Ils ne connaissaient pas plus que cela Limoges mais ils l’ont trouvée dynamique. »

Avant de quitter Limoges, Rollon Mouchel-Blaisot a découvert les Halles centrales qui ont bénéficié de ce programme. Haut lieu du commerce en centre-ville, le bâtiment a été totalement réhabilité ce qui lui a permis de trouver un second souffle depuis sa réouverture voilà un an.

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