A Lapouyade: le biogaz s’apprête à faire rougir les tomates sous serre


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A Lapouyade: le biogaz s'apprête à faire rougir les tomates sous serre

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 30/06/2015 PAR Solène MÉRIC

Inspirée par le projet de serres de tomates Paysans de Rougeline de Parentis, chauffées par l’énergie issue de l’usine d’extraction de pétrole voisine, c’est Hélène Estrade, Maire de Lapouyade, qui la première en a eu l’idée : « Pourquoi ne pas utiliser le biogaz issue de la fermentation des déchets pour chauffer des serres agricoles? ». Rendez-vous pris avec Paysans de Rougeline et Véolia le gestionnaire du site d’enfouissement, l’idée séduit également les interlocuteurs. Mais un bémol se glisse dans le montage du projet : utiliser le biogaz issu de la dégradation des déchets pour directement chauffer les serres n’est pas une option fiscalement intéressante pour Véolia. Pour autant, la société transformant déjà une partie de cette énergie en électricité grâce à de puissants générateurs, un «plan B» est proposé. A défaut d’utiliser directement le biogaz, c’est la chaleur générée par le refroidissement des moteurs de production d’électricité alimentés en biogaz qui va être captée dans les serres. En 2013, l’accord est signé entre Véolia et Paysans de Rougeline, et les travaux, malgré un an de retard ont pu démarrer au mois d’avril dernier.

S’affranchir de l’énergie fossileCe projet, comme l’a souligné Sylvie Récresio, Directrice du Territoire Nord Aquitain Veolia (activité Recyclage et Valorisation des déchets), « marque l’exploitation de Lapouyade, et pour longtemps ». En effet, outre les travaux de terrassement, et de construction des serres, de nombreux chantiers et adaptations ont du être faits sur le site d’enfouissement en lui même, pour un total de 5M€ d’investissements pour le groupe. Les 8 moteurs du site de Lapouyade ont ainsi été équipés d’échangeurs afin de pouvoir récupérer la chaleur, et un nouveau bâtiment hydraulique est en cours de construction sur le site. Grâce à celui-ci, l’eau de refroidissement sera pompée, traitée, stockée, et maintenue en pression pour ensuite être acheminée à une température de 90° jusqu’au serres, via un réseaux de canalisation de 900 mètres, lui aussi en cours d’achèvement.
Quant aux serres, « c’est par la seule régulation de la thermie, que la température sera maintenue » synthétise Gilles Bertrandias, Directeur général de Rougeline. Il n’y a qu’en cas d’arrêt des moteurs, qu’une chaudière de secours alimentée au biogaz, prendra le relais.
Un affranchissement de l’énergie fossile qui est un bel atout pour les producteurs sous serres. «L’énergie est le premier poste de charges, après la main d’oeuvre », confirme Christian Menegaldo, un des 4 agriculteurs Paysans Rougeline à venir produire des tomates sous les serres de Lapouyade. D’autant que « les coûts n’ont rien de comparable entre acheter du gaz et acheter de la thermie perdue à un industriel. On redevient compétitif». Autre points forts pour les quatre paysans de Rougeline : la proximité du bassin de consommation, partagé notamment entre Bordeaux et Angoulême. « On reste dans une logique de consommation locale chère à nos valeurs», souligne Gilles Bertrandias.

Le projet de 4ha d' écoserres de Lapouyade prochainement achevé, en attendant la 2nde phase de travaux en 2017

Démarche innovante et environnementale forteAu delà des atouts économiques pour les producteurs, c’est une véritable économie circulaire qui se met en place sur le territoire, créatrice à l’issue des deux phases de travaux(2018) de 56 emplois, avec une démarche innovante et environnementale forte. En effet, les écoserres construites sur le site intègrent des critères liés à la gestion de l’eau, des fertilisants, des déchets verts, le tout combiné à une politique du zéro pesticide via le choix de la lutte intégrée. Objectif visé par le Directeur général de Rougeline : des économies d’eau d’environ 30%, et « le zéro déchet », grâce à la récupération, réutilisation et ou recyclage des surplus (eau, fertilisants, déchets verts). L’irrigation se fera quant à elle par un réseau d’eau venant de l’Isle voisine, et complétée par un bassins de rétention de secours complémentaire.
Alors que les premières plantations sont annoncées autour du 15 novembre 2015 et la première récolte, à la mi avril 2016, l’enthousiasme est de mise auprès des acteurs du territoire, tant pour les collectivités (Région, Département, Communauté d’agglomération du Libournais, et Mairie) que pour l’Etat qui ensemble assurent 40% de l’investissement des 4 premiers hectares de serres estimés à 4,8M€. Au total, le projet sur l’ensemble de ses deux phases, représente 13 M€ d’investissement sur 5 ans.

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