C’est une initiative qui ne passe pas inaperçue. Depuis peu, l’olivier, longtemps symbole des pays méditerranéens, tend à s’implanter en Gironde. Une culture qui séduit de plus en plus d’exploitants, notamment parmi les viticulteurs et qui peut s’avérer intéressante alors que la part de la production nationale dans la consommation française (117 612 tonnes en moyenne sur 5 ans) n’était que de 3,4 % en 2021. Reste que l’implantation des oliviers dans le Sud-Ouest demeure encore épisodique. « La France compte 40 000 oléiculteurs dont près de 10 000 professionnels, (NDLR : globalement issus du Sud-Est du pays, dont les Bouches-du-Rhône (22 % de la production nationale), le Gard (13 %), le Var (12 %) et la Drôme (12 %) selon le rapport d’activité 2021 de France Olive, interprofession de la filière oléicole), contre seulement une dizaine d’exploitants et d’hectares dans le département », explique Géraud Peylet, Chef du Département Installation Transmission auprès de la Chambre d’Agriculture de la Gironde.
Une solution à la crise viticole et au réchauffement climatique ?
Il n’empêche. Le mouvement tend à s’accroître, comme en témoigne l’intérêt d’exploitants girondins pour la réunion d’information organisée le 17 janvier dernier par la Chambre d’Agriculture à Gironde-sur-Dropt. En cause ? La crise viticole et le réchauffement climatique qu’ils cherchent à anticiper. Et de fait. Robuste et aimant la chaleur, l’olivier s’adapte de mieux en mieux au climat du Sud-Ouest. Avec un bémol, cependant. S’il s’épanouit volontiers en sols légers (certaines parties du Médoc, de l’Entre-deux-mers et autour de Saint-Emilion), il n’aime pas avoir les pieds dans l’eau. « On va donc éviter les vallées, les sols hydromorphes dans lesquels l’eau stagne tout l’hiver, favoriser les sols calcaires, filtrants, et éviter l’argile », précise-t-il. « En plus, le retour sur investissement est lent (4 ou 5 ans) et le rendement est incertain. Si on ne fait que trois récoltes sur quatre, il faut avoir une autre production à côté. Ce n’est pas une substitution à la vigne, c’est un complément. Et comme on ne sait pas si ça fonctionne, on ne pas le dupliquer partout. Ça peut être une réponse au réchauffement climatique et à la crise viticole mais ce n’est pas une réponse pour tout le monde », précise le responsable.
Des débouchés, malgré tout….
Mais qu’il soit cultivé de façon intensive (haies fruitières avec 2500 pieds par hectare) ou dans des vergers traditionnels (250 pieds par hectare), l’olivier offre des débouchés, tant auprès des industriels (culture intensive) que pour un produit haut de gamme (culture traditionnelle). « La majorité des viticulteurs rencontrés souhaitent s’orienter vers le haut de gamme. Tant qu’on ne dépassera pas des centaines voire des milliers d’hectares en Gironde, je pense qu’il y aura des débouchés pour ce qui sera un marché de niche. Mais pour ceux qui veulent se développer dans un modèle industriel (Pujet, Lesieur…), il y en a déjà », poursuit-il.
…Mais des aides encore limitées
D’implantation récente et sporadique, les oliveraies du bordelais peinent à trouver des aides. Un inventaire des plantations ainsi que la mise en place d’un réseau et de conseillers techniques pour les accompagner sont désormais envisagés par la Chambre d’Agriculture.
Côté financier, peu voire pas d’aides hormis celles de la PAC. Mais, dans son annonce du 6 février dernier, le ministre de l’agriculture précise que dans le cadre de la crise viticole, des pistes seraient à l’étude autour de la mobilisation d’outils FEADER sur la diversification de la filière. A cela s’ajoute la récente annonce par la Région Nouvelle-Aquitaine de contribuer à ce dispositif de sortie de crise, à hauteur de 10 millions d’euros pour la réorientation des exploitations viticoles, au nombre desquelles la plantation d’oliviers.