C’est une nouvelle page qui va s’écrire pour l’un des bâtiments historiques de la ville de Biarritz dont l’état est tellement mauvais qu’il y avait une forme d’urgence à trouver une solution. Le trio d’entrepreneurs bordelais d’Héméra, présidé par Julien Parrou-Duboscq a été retenu par la maire de Biarritz, Maïder Arrostéguy, pour restaurer les 1000 mètres carrés de cette villa historique et la transformer en un lieu central d’activités et d’attractivité nationale et internationale avec pour fil rouge la mode et le design.
L’ombre de Coco Chanel
Dans la station balnéaire basque où planent les ombres de Coco Chanel, Jean Patou ou Paul Poiret, le projet fait écho à un chapitre assoupi de l’histoire locale. Loin de se contenter de l’évocation de ces « personnages classiques qui en leur temps étaient des défricheurs, souligne Maïder Arrostéguy, le futur lieu doit accompagner une génération montante qui va écrire sous une forme contemporaine, la longue histoire de la mode et du design à Biarritz et en France. »
L’équipe d’Héméra, soutenue pas la Banque des territoires et le Crédit Mutuel Arkea, achète le site pour deux millions d’euros et va le rénover entièrement pour deux autres millions d’euros. « En réhabilitant la bâtisse mais sans ajouter de construction supplémentaire. La façade principale va notamment nécessiter un fin travail toute en retenue, » prévoit l’architecte Antoine Ragonneau (A6A), d’Anglet. Tous les arbres du parc seront conservés et les 9 000 mètres carrés d’espaces verts ouverts à la promenade des Biarrots.
Bordeaux, Limoges, Agen et Biarritz
Mais c’est évidemment l’activité économique à l’intérieur du bâtiment qui motive Héméra. C’est là que seront hébergés marques et créateurs en cours d’installation ou de développement. « Organisation de tables rondes, programmation d’événements et de rencontres entre les acteurs et surtout accompagnement des entreprises pour développer leur visibilité et leurs ventes en ligne seront au cœur de l’activité, » prévoit Julien Parrou-Duboscq. La villa accueillera également des formations.
Les entreprises pourront disposer d’espaces ateliers ou bureaux pour un loyer variant de 99 à 450 euros, avec toute une panoplie de services inclus. Une vingtaine d’entreprises pourront être hébergées simultanément. Si Julien Parrou-Duboscq reconnaît que la dynamique d’un éco système de la mode reste à (re)créer aujourd’hui à Barritz, « il ne s’agit pas d’une micro niche au plan national (580 000 emplois dans 28 000 entreprises) et il y a aussi des dynamiques à partager avec le Pays basque sud. » Tandis que la maire, Maïder Arrostéguy, ajoute énigmatique: « Ce n’est qu’une première étape pour Biarritz, qui va renouer encore davantage avec la mode. »
Le nouveau propriétaire de la Villa Fal prévoit l’ouverture courant 2024. Héméra a déjà à son actif deux projets comparables à Bordeaux (Hôtel Fenwick et halle Marie-Brizard), la transformation récente de l’état-major des armées à Limoges abandonné pendant huit ans, et la réhabilitation en cours de l’ancien bâtiment de la Banque de France qui débute à Agen. Uniquement des sites historiques, plus ou moins désaffectés, qui retrouvent une seconde vie dédiée au travail et à l’entrepreneuriat. « La proposition de lieux qui permettent de rompre l’isolement de l’entrepreneur connaît un succès croissant, » analyse Julien Parrou-Duboscq
A Limoges, le dernier site livré, toutes les surfaces disponibles ont été louées en sept mois. Et les candidats à un espace de travail sont aujourd’hui sur liste d’attente.
Sacha Guitry et des collégiens
La villa Fal est construite avant la guerre de 14-18 par un Basque américain établi au Mexique, Francisco Sergio de Yturbe. Fan de Wagner, il la baptise Fal en référence à l’opéra, Parsifal.
La façade de style palladien est réhaussée d’ un portique avec fronton et colonnade, inédite à Biarritz. Le baron Chassériau en devient ensuite propriétaire et y reçoit le poète Francis Jammes ou Sacha Guitry. La villa est vendue à la ville de Biarritz en 1964 qui la transforme en collège jusqu’en 2012.