Les conséquences de la crise frappent durement la jeunesse. Organisations étudiantes, associations et professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme. On en parle sur les antennes d’O2 Radio (91.3FM) avec Camille Borie, psychologue clinicienne du Réseau Santé Social Jeunes du Libournais et Yann Olivier, étudiant en psychologie membre de Onzième Thèse, collectif étudiant de l’Université de Bordeaux. L’émission 4 médias est réalisée en partenariat avec O2 Radio, l’Écho des Collines et Aqui!.
« C’est dur d’avoir vingt ans en 2020 », affirmait le Président de la République en octobre, à la veille du second confinement. Toujours en 2021, les jeunes et pas seulement les étudiants font face à des difficultés, liées notamment à une inquiétude pour leur avenir. « Les besoins d’accompagnement psychologique ont fortement augmenté à la suite du premier confinement, notamment pour des jeunes hors du parcours scolaire. La crise sanitaire a eu un effet révélateur de difficultés psychologiques qui pré-existaient », affirme Camille Borie, psychologue clinicienne pour l’association Réseau Santé Social Jeunes du Libournais.
Cette dernière accompagne des jeunes de 11 à 25 ans, sur le territoire du Grand Libournais – au-delà des frontières immédiates de l’agglomération libournaise. Les jeunes peuvent être orientés par les partenaires de l’association, comme la Mission Locale, l’Éducation Nationale ou encore la Protection de l’enfance, où se présenter d’eux-mêmes au Réseau Santé Social Jeunes. La psychologue évoque les jeunes qu’elle accompagne. « Je ne veux pas me risquer à des généralités, mais les incertitudes concernant l’avenir ne sont pas les premières causes du malaise des jeunes, raconte Camille Borie. Les situations familiales compliquées, pour des personnes dont les parents ont perdu leur emploi, reviennent plus souvent, et notamment pour les jeunes en dehors du cadre scolaire ».
« On va continuer à lutter »
Dans le cadre scolaire cette fois, Yann Olivier est étudiant en psychologie à l’Université de Bordeaux. Il fait également partie du collectif Onzième Thèse – qui tient son nom de l’ouvrage Thèse sur Feuerbach de Karl Marx – dont nous avons déjà fait écho dans les colonnes d’aqui! concernant l’observatoire sur la précarité des étudiants de Bordeaux Montaigne (ex-Bordeaux 3) parue mi-février. On y apprend notamment que plus de la moitié des 4730 étudiants sondés tiennent le cap difficilement au niveau psychologique et 7% se disent proches du burn-out.« L’enquête est une première étape », annonçaient les signataires de l’étude, une affirmation renouvelée par Yann Olivier.
En effet, le 9 mars dernier, Onzième Thèse et d’autres organisations étudiantes solidaires ou syndicales (CGT, SOS Racisme entre autres) ont organisé une journée de lutte contre la précarité étudiante sur le campus de Bordeaux Montaigne. « Nous y avons distribué plus de 250 repas et avons profité de ce moment pour dénoncer les conditions de vies de certains de nos camarades dans les résidences étudiantes », précise l’étudiant. Parmi ces résidences étudiantes, le Village 6 à Gradignan, majoritairement habité par des étudiants étrangers et portant le surnom évocateur « Cafard-land », lié à la salubrité des lieux « pas ou peu entretenus par le CROUS » d’après ses habitants, qui se sont constitués en collectif d’entraide. Depuis la journée solidaire du 9 mars, plusieurs autres mobilisations se sont déroulées, certaines à l’initiative d’Onzième Thèse, comme le lancement d’une épicerie solidaire sur le campus Victoire le 12 mars ou des distributions de denrées alimentaires le 18 mars dernier.
Retrouvez les témoignages complets de Camille Borie, Yann Olivier et de deux autres étudiants rencontrés pendant la journée solidaire du 9 mars sur la plateforme de replay d’O2 Radio (91.3FM).