2015 : l’année de deux élections territoriales très politiques


Aqui.fr

2015 : l'année de deux élections territoriales très politiques

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/01/2015 PAR Joël AUBERT

Les départements ont failli disparaître ; ils sont toujours là. Le pouvoir central qui avait annoncé leur disparition après l’échéance de 2021 était quelque peu coincé, à la fois pour des questions de rapport de forces au sein du parlement, en l’occurrence du Sénat qui en a fait un casus belli, mais aussi parce qu’il était en pleine contradiction avec ses engagements précédents : la diminution de moitié du nombre des cantons… mais le doublement de celui des conseillers pour cause de généralisation de la parité. Des promesses, faites à Pau par le premier ministre, on attendra l’accouchement définitif de la réforme territoriale, et notamment des compétences maintenues au département et de celles transférées à la région, pour évaluer avec plus de discernement l’avenir des deux assemblées.

Mais, d’ores et déjà, il est permis de souligner la singularité des deux élections, issues pour l’essentiel des modes de scrutin, et par voie de conséquence de s’interroger surs les perspectives politiques qui peuvent en découler. En effet, le discours actuel généralement répandu et objet de sempiternelles répétitions est le suivant : les français se servent des élections intermédiaires pour exprimer leur désapprobation au président et au gouvernement, il faudrait donc s’attendre, après les municipales, à deux votes sanction, une manière de bérézina pour la gauche…Voire

 Départementales: le premier scrutin binominalConsidérant les départementales; il faut rappeler que le scrutin sera, ces 22 et 29 mars, binominal, les électeurs choisissant un homme-une femme, leurs deux suppléants étant d’ailleurs également homme et femme. Les choix seront évidemment politiques mais ne seront pas que politiques. D’abord, parce que les élus cantonaux incarnent souvent une autre proximité que celle du député par exemple. Les sortants qui peuvent faire valoir les résultats concrets de leur action, disposent de quelques atouts; le bémol en ce printemps viendra de l’agrandissement des circonscriptions qui rendra l’élection plus ouverte que par le passé. Sera-t-elle plus politique pour autant ? En ce début de 2015 on notera qu’une fois le budget voté, les communes vont être, malgré le contexte général, objet de beaucoup d’attentions dans les deux mois qui viennent ; le département étant un fidèle pourvoyeur d’aides et ceci sans trop s’attarder sur les étiquettes politiques.

En Aquitaine dont les cinq départements sont détenus par la gauche, trois le sont de longue date, la Gironde, les Landes et la Dordogne. Les Pyrénées-Atlantiques et le Lot-et-Garonne ayant basculé plus récemment. Les fiefs de Phillipe Madrelle, de Bernard Cazeau et Henri Emmanuelli sont évidemment des bastions que la droite rêve de conquérir, en s’appuyant ici et là, surtout dans les Landes, sur des découpages cantonaux qui pourraient la favoriser. Reste que de l’engagement des chefs de file qui ne manquent d’ailleurs pas de distinguer leur bilan qu’ils rappellent favorable, notamment en matière de solidarité, de celui du gouvernement, peut faire la différence.

Régionales: les « dangers » de la proportionnelle pour la gauche

Pour les Régionales dont le mode de scrutin est de liste, à la proportionnelle avec prime à la liste majoritaire l’équation à résoudre est à deux inconnues. La première et sans doute la plus délicate est celle  du risque d’abstention importante. En effet, il va falloir beaucoup d’imagination pour construire des programmes, à la fois décentralisés et assez fédérateurs pour mobiliser les électeurs. La représentation des élus d’origine départementale, au sein de la collectivité régionale qui n’est déjà, aujourd’hui, que peu identifiable par l’électeur va devoir être mise en évidence. Ce sera d’autant plus nécessaire que le vote à la proportionnelle dont on voit l’impact majeur qu’il peut avoir dans une élection générale, comme les européennes l’ont montré, risque, plus que pour les départementales d’amplifier le fameux vote sanction.

La seconde inconnue, à moins que ce ne soit la première, tient à l’identité des nouvelles régions. Quand on pense qu’il aura fallu plus de trente ans pour esquisser une manière d’identité à l’Aquitaine ou du moins pour que son nom entre, simplement, dans le langage commun d’un habitant de la Dordogne ou des Landes, on mesure le chemin à parcourir pour donner le la à un aussi vaste territoire que celui qui va désormais du Béarn à la Creuse ou de la Charente-Maritime à la Corrèze. Et pourtant aussi important cela sera-t-il la campagne électorale ne pourra se résumer à proposer les grandes lignes d’un nouveau développement économique : il faudra y ajouter une pincée d’utopie et faire découvrir les richesses, y compris culturelles, de pareille diversité. Le défi s’annonce de taille, à commencer pour l’actuelle majorité de gauche conduite par Alain Rousset qui n’a pas tardé à afficher sa convergence de vues avec ses homologues de Poitou-Charentes et Limousin. Beaucoup dépendra aussi du leadership de la droite dans l’Aquitaine nouvelle. L’actuel président ne manquera pas, comme il le fait déjà, de revendiquer son engagement personnel et un bilan qu’on lui reconnaît, à l’exception de sa détermination à poursuivre la LGV vers l’Espagne. Qui, face à lui avec une personnalité assez forte pour incarner une alternative ? L’actuel président du conseil général de Charente-Maritime, et ancien ministre, Dominique Bussereau qui est facilement prosélyte de Bordeaux et de la nouvelle région, et repart en campagne dans son département, détient sans doute la réponse. De toute façon ces élections régionales seront inévitablement très politiques avec une UMP façon Sarkozy qui voudra, lui, engranger des succès à quelques mois du grand débat des primaires présidentielles.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles