Tromelin se raconte au Musée d’Aquitaine


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/12/2016 PAR Romain Béteille

En voilà une fascinante histoire. Si le Musée d’Aquitaine s’est dernièrement illustré en lançant une campagne de crowdfunding destinée à la restauration du cénotaphe du philopsophe Michel De Montaigne, c’est à un autre pan de l’histoire régionale qu’elle s’intéresse depuis le 13 décembre. Via une grande exposition intitulée « Tromelin, l’île des esclaves oubliés », elle nous invite à suivre le voyage maritime et anthopologique de l’Utile, navire de la Compagnie Française des Indes Orientales parti du port de Bayonne le 17 novembre 1960 et échoué sur l’île Tromelin (autrefois nommée l’Île de Sable), un îlot d’un kilomètre carré au large de Madagascar. Particularité du navire : il transportait 160 esclaves malgaches achetés en fraude à Madagascar et destinés à être vendus à l’Île Maurice. 80 d’entre eux restèrent sur l’île après le naufrage, avec la promesse que l’équipage, enfui sur un radeau de fortune, revienne les chercher. Un navire viendra, en effet… quinze ans plus tard, ne sauvant que sept femmes et un enfant de huit mois. 

Des recherches conjointes

Voilà pour le pitch de base. Dans cette exposition entièrement transportable (les objets exposés sont transportés dans des caissons), on découvre les travaux conjoints du Groupe de recherche en archéologie navale (Gran) et de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Historiques, archéologiques et environnementales, les recherches ont permis de mettre au jour de multiples documents d’archive et de nombreux objets fabriqués par les survivants du naufrage pendant leur séjour sur l’ïle. Un travail colossal, puisque quatre missions archéologiques ont été menées par ces deux institutions entre 2006 et 2013 avec une dizaine de personnes sur place. Elles ont notamment permis la découverte d’un ancien hameau contenant une douzaine de bâtiments, dont les plans ont été reproduits en maquette, elle aussi visible lors de l’exposition.

Une exposition enrichie

Divisée en deux étages (le rez-de-chaussée, historique, contenant de nombreux documents, une maquette de l’Utile ou encore des cartes maritimes et le premier étage, archéologique, regroupant ustensibles en métaux, os d’animaux et travaux sur l’adaptation des autochtones sur l’île), elle a nécessité le soutien de nombreux spécialistes : géomorphologue, anthropologue, archéozoologue et ornithologue. Les fouilles, terrestres et sous-marines, ont été réalisées simultanément. Thomas Romon, archéologue et commissaire de l’exposition, nous en dévoile quelques coulisses. « L’exposition a déjà été présentée à Nantes et à Lorient, elle arrive à Bordeaux jusqu’en avril et sera à Bayonne dès cet été. A chaque fois, elle s’enrichit de quelques pièces fournies par tous ces musées. Les documents historiques sont là pour illustrer la traite, quand les caisses archéologiques, elles aussi itinérantes, dépeignent un peu l’intimité de ces gens qui ont lutté pendant quinze ans pour leur survie ». 

Avant-dernier port

Ce récit, à la fois virtuel et réel, est une première : c’est en effet la première fois que des fouilles archéologiques officielles ont été effectuées sur l’île, quelques précédents ayant été effectuées par des pillards où de manière non-conforme. Il a fallu 340 heures de fouilles pour découvrir tous les objets qui sont présentés sous des vitrines, ou pour certains, comme la cloche du navire, par des reproductions 3D. Le tout a bien sûr été réalisé avec divers soutiens, le laboratoire de préhistoire de l’Université de Bordeaux et le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris en tête. Sans vous en dévoiler l’intégralité, notons tout de même que, selon ce que confirme Christian Block, commissaire d’exposition au musée d’Aquitaine, « il y aura des ateliers de médiations et nous accueillerons également des scolaires pour jouer aux petits archéologues ».

Vous pouvez donc voir l’intégralité de son contenu depuis le 13 décembre (du mardi au dimanche de 11h à 18h) mais les visites guidées et commentées ne commençeront qu’à partir de janvier 2017 (tous les dimanches sauf le premier dimanche du mois, à 15 h 30) jusqu’au 30 avril. Une dernière escale à Bayonne devrait également compter l’aide d’une association de généalogie locale afin d’étudier les noms de famille de l’ensemble de l’équipage et une partie de ceux ayant construit le navire. Une scénographie originale et une manière plutôt fascinante de reconstituer tout un pan d’une Histoire trop souvent oubliée. 

L’info en plus : Pour ceux qui seraient intéressés d’aller y faire un tour, l’exposition Tromelin vous coûtera 6,50€ ou 3,50€ en tarif réduit. Toutes les infos sur www.musee-aquitaine-bordeaux.fr.

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