Situées sur la rive droite, dans le quartier de La Bastide, les archives de la métropole bordelaise ouvrent gratuitement leurs portes à l’occasion de l’exposition « Les palais des comestibles ». Elles proposent un retour dans le passé déroutant, tant il est difficile de se projeter des siècles en arrière pour imaginer les anciens décors de lieux pourtant si familiers aux Bordelais.
L’exhibition, installée jusqu’au 26 avril prochain, nous facilite la tâche grâce aux nombreux supports d’époque présentés (dessins, cartes, films…). Il est par exemple surprenant de découvrir l’évolution architecturale du marché des Capucins ou des Grands Hommes. Des bâtisses en pierre et en bois aux élégantes halles métalliques jusqu’à l’arrivée du béton, au XXe siècle, ces espaces de consommation n’ont cessé de s’adapter à la société.
Les ventres de Bordeaux
L’expression employée par Émile Zola pour désigner le bouillonnement des Halles de Paris (« ventre de Paris ») est décliné à la sauce girondine par les historiens. Elle qualifie, entre autres, l’actuelle place Fernand Lafargue. De nos jours, rien ne permet de soupçonner le passage du marché alimentaire bordelais le plus important du XIIIe au XVIIIe siècle. Pourtant, à l’époque, des centaines de riverains et habitants des communes avoisinantes, de tous horizons, viennent s’approvisionner quotidiennement à « Lou Mercat ». Le foirail constitue alors le cœur de la ville, l’effervescence y règne.
Les regrattières (revendeuses) et harengères opèrent sous leurs ombrelles servant à garder la fraîcheur. En plus des activités commerciales, la justice y est aussi rendue publiquement comme en témoigne l’ancien pilori central. On y trouve également un colporteur d’informations, chargé de faire circuler les nouvelles, et rumeurs, au sein de la population. « Nulle part Bordeaux ne respire plus franchement » rapporte Camille Jullian.
Hypermarchés vs circuits courts
L’exposition explore également des temps plus récents. Un espace est dédié à la révolution venue des USA qui bouleversa nos habitudes d’approvisionnement. En effet, en 1969, à Mérignac Soleil, le premier hypermarché de la métropole est inauguré. Ses promesses de stationnement facile, de libre accès à une variété de produits du monde entier, et, de gain de temps séduisent. Au point de reléguer les marchés traditionnels au second plan depuis les années 1970.
Mais, l’équilibre tend à se rétablir ces dernières années par la demande changeante des consommateurs. La mode du circuit court, mettant à l’honneur le lien social et la consommation locale, est de retour. Soutenue par Bordeaux Métropole et son projet alimentaire territorial (PAT), l’agriculture urbaine se (re)développe. Comme au XIXe siècle, des communes périphériques se spécialisent dans la production de certaines denrées. Les fraises de Pessac, les artichauts de Macau, les asperges de Gradignan, ou encore les pommes de terre d’Eysines contribuent activement à la souveraineté alimentaire de la région. Il ne reste plus qu’à vous rendre sur le marché de votre commune pour vous faire votre avis sur ces produits !