Transition énergétique : la Nouvelle-Aquitaine au rythme des pays nordiques


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/06/2018 PAR Emmanuelle Diaz

@qui- Cette conférence, organisée par la Région Nouvelle-Aquitaine, vise à confronter des techniques expérimentées dans des pays comme le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande et l’Islande, en matière de transition énergétique, avec ce qui se fait en Nouvelle-Aquitaine. Pourquoi vouloir solliciter l’avis d’experts issus de pays nordiques ?

Françoise Coutant- Les pays nordiques sont performants en terme de transition énergétique. Contrairement à nous qui, grâce au nucléaire, nous sommes longtemps cru autonomes en la matière, ils n’avaient pas ce potentiel et étaient plutôt axés sur les énergies fortement émettrices de gaz à effet de serre ; ce qui les a incité à anticiper peut-être plus vite que les autres.

Ils ont des initiatives et des potentiels importants en ressources énergétiques renouvelables (bois, géothermie en Islande…). Nous, on a le soleil (la Nouvelle-Aquitaine est la première région de France en terme de pose de photovoltaïque). On a l’éolien, l’hydraulique. On a de la géothermie potentielle dans certaines zones de la région (on a d’ailleurs passé une délibération en commission permanente, la semaine dernière sur la Corrèze). En plus de ce mix énergétique, ce qui est intéressant, c’est aussi de voir comment ils gèrent les économies d’énergie et le confort thermique, même si les problématiques ne sont pas tout à fait les mêmes. En gros, comment on travaille sur les conforts d’été et d’hiver avec la question des matériaux d’isolation des bâtiments, sachant qu’on souhaite utiliser des matériaux dits bio-sourcés, c’est à dire confortables tant pour l’habitat en terme de santé, que pour l’environnement. Ce sont toutes ces expertises qu’il est intéressant de mutualiser. Et là, leur utilisation des éco-matériaux est très intéressante, de même que leur manière de concevoir la ville. A Copenhague, il y a 50% de vélos dans les déplacements quotidiens. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut mettre en place des mesures. Mais cela doit se faire en tenant compte des usages des citoyens.

@qui- Sur quoi devrait déboucher cette rencontre ?

FC- Les services continuent à échanger et un certain nombre de pratiques peuvent être essayées, là-bas comme ici. C’est notamment le cas en matière de conception des bâtiments. Les territoires TEPOS sont d’ailleurs déjà impliqués. Il faut regarder globalement les éco-matériaux. On est en train de travailler à la structuration des filières paille et chanvre. Ils ont un pouvoir d’isolation important et qui n’est pas dangereux pour l’environnement. Autre élément pertinent : la restitution, la semaine dernière, du rapport Acclima Terra, d’Hervé le Treut. Il nous livre des données factuelles, scientifiques sur les impacts des dérèglements climatiques dans plusieurs domaines (territoire urbain, mobilité, énergie, biodiversité, eau, forêts), qui sont des domaines importants. Il fournit des infos qui nous confirment qu’il faut passer à l’acte. A ce titre, nous sommes en train de construire le SRADDET. C’est peut-être l’occasion de montrer que la région est innovante, concernant ce rapport. Nous sommes la seule région de France à avoir sollicité un comité scientifique totalement indépendant pour réfléchir aux impacts des dérèglements climatiques.

@qui- La Nouvelle-Aquitaine est une région, fortement agricole, sans compter le patrimoine forestier. Elle est donc particulièrement concernée par les problèmes liés au dérèglement climatique. Quelle est son implication en la matière ?

FC- Il se passe beaucoup de choses en région NA en ce qui concerne la transition énergétique et le climat. On n’a pas attendu le rapport d’Hervé le Treut pour agir, mais ce document, quelque part, légitime nos ambitions (diminuer de 30% les émissions de gaz à effet de serre et les consommations d’énergie, et arriver à 32% d’énergie renouvelable). C’est ambitieux mais le rapport le dit : c’est indispensable ! On a pris des mesures au niveau des politiques sectorielles pour atteindre ces objectifs, notamment au travers du SRADDET qui procède de différents volets (climat-air-énergie, biodiversité-environnement, transports, numérique, santé…). On a créé le COPTEC qui réfléchit sur l’ensemble des secteurs impactants et impactés par la transition énergétique. On travaille sur la question des filières (économique, notamment), tels que les bâtiments. On a l’objectif de les rénover de manière intensive (logements privés, bâtiments tertiaires, publics, bâtiments d’entreprises. ARTEE, que nous soutenons, offre ainsi aux particuliers qui souhaitent faire des rénovations, la possibilité d’un tiers financement, et donc, sans qu’il y ait de surcoût. C’est un vrai bénéfice environnemental et pécunier. On a aussi lancé un appel à projet pour les entreprises car on a 50 entreprises extrêmement énergivores dans la région (SMURFIT, etc..). Grâce à des conventions de partenariat, on les accompagne dans cette démarche de réduction des consommations d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre. Côté transports, nous mettons en place des appels à projets qui favorisent l’utilisation de carburants alternatifs. Concernant l’agriculture, on travaille à la conversion du modèle avec le Pacte Ambition Bio. Un certain nombre d’initiatives sont déjà en cours, mais ce n’est pas forcément suffisant dans tous les secteurs. Il y a ce rapport avec Acclima Terra et ce travail avec les pays nordiques et d’autres territoires. Tout ça, on doit se l’approprier et l’intégrer dans nos documents, mais avec ce qui fait nos particularités.

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