Vignobles frappés par le gel: les viticulteurs girondins « sonnés »


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Vignobles frappés par le gel: les viticulteurs girondins "sonnés"

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 03/05/2017 PAR Solène MÉRIC

Certains ne s’en sortaient pas trop mal, et même plutôt bien, après le premier épisode de gel des 20 et 21 avril. Mais le second passage en fin de semaine dernière aura été fatal, décidant ainsi de n’épargner presque personne sur le vignoble. C’est le cas notamment de Jean-François Meynard, dont l’exploitation située à Saint-Magne de Castillon, a été touchée selon ses estimations entre 50 et 70%, les 27 et 28 avril. Ce sont particulièrement sur ses parcelles en appellation Saint-Emilion (4 ha) et Castillon Côtes de Bordeaux, dont la trentaine d’hectares représente le gros de son exploitation, qui ont le plus « grillé ». Seule satisfaction relative : ses 11 hectares en Entre-deux-mers situés à Sainte-Radegonde ont été épargnés. Pour lui, l’heure est à « l’abattement, et au coup de bambou ». Et pour cause, « avec 70% de vignoble plus ou moins gelé, vous pouvez faire une croix sur le millésime ». D’autant que la récolte 2017 aurait du être celle, lui permettant de totalement rétablir sa situation après une année 2013 rendue pour lui particulièrement difficile par la grêle… « Les difficultés reviennent un peu trop vite », lâche-t-il avec lassitude. Mais s’il est « un peu sonné », « d’ici un mois il faudra vraiment relever la tête » d’autant qu’il n’exclut pas totalement, sans trop y croire non plus, que « sur certaines parcelles ou parties de parcelle, les contre-boutons parviendront peut-être à donner des fruits ».

« En 2018-2019, je vais avoir un vide sur mes ventes »
Mais sur la parcelle présentée ce mercredi matin, « ce qui est mort repartira sans fruit. Ici, c’est 100 % de gelé en rendement, assure-t-il. Sur l’ensemble de l’exploitation, c’est trop tôt pour connaître la conséquence précise sur le rendement, mais en disant 50% on ne peut pas se tromper de beaucoup», estime-t-il. Si pour le viticulteur, le coup est dur aujourd’hui au milieu de ses vignes, « la grosse difficulté va être dans deux ans, à la vente, car je ne commercialise qu’en bouteilles. » Et pour cause, malgré la constitution de volume complémentaire individuel (sur 10% de la production), en lieu et place d’assurance, « en 2018-2019 je vais obligatoirement avoir un vide. J’ai par exemple un gros marché sur la Suède, qui fonctionne avec un système de monopole d’Etat, et vers qui j’exporte 75 000 bouteilles par an. Si je ne fournis pas, ils vont se tourner vers d’autres vins français ou étrangers. Lorsqu’ils auront trouvé un autre fournisseur, vont-ils ensuite revenir ? Rien n’est moins sûr… »
Mais à plus court terme, il va s’agir aussi de gérer la situation techniquement : quelle taille, quels traitements, azote ou pas… ainsi que financièrement et administrativement. « J’ai trois salariés à temps plein, je ne sais pas comment je vais gérer, je vais sûrement devoir mettre une personne au chômage technique… ». Sur les aspects techniques, l’idée est née déjà d’organiser avec les conseillers chambre et ADAR des réunions « en bout de champs » pour appréhender au mieux les questions et conseils en la matière.
Quant aux dispositifs financiers, sociaux, fiscaux d’accompagnement des viticulteurs, « ils seront évoqués lors d’une réunion organisée ce vendredi avec l’ensemble ds acteurs concernés », annonce Philippe Abadie directeur du secteur entreprise de la Chambre d’Agriculture e Gironde. Sont d’ores et déjà envisagés, ou à tout le moins suggérés : le report de cotisation MSA, de taxe foncière, chômage partiel, indemnité au titre des calamités pour les jeunes plans, éventuellement les conventions de mise à disposition avec la Safer, etc.

Vignoble bio de M.Piva dans l'Entre-deux-mer sur la commune de St Félix de Foncaude

Difficile d’établir un zonage des dégâts

A l’image de ce qui a pu être constaté dans la matinée, et même s’il semble difficile d’établir un zonage très précis des dégâts, la Chambre d’agriculture dresse un premier bilan pour le moins alarmant de la situation du vignoble girondin. Dans le Médoc : la moitié des surfaces est touchée de façon significative. Les zones intérieures sont très touchées alors que les parcelles de bord de Gironde ont été plus épargnées. Le Sud Médoc est tout particulièrement atteint avec sur de nombreuses zones, des dégâts atteignant les 80 voire 100%. En Haute-Gironde (Bourg-Blaye), certains secteurs cumulant les dégâts dus aux deux épisodes successifs, sont particulièrement atteints. Dans le Libournais, nombre de parcelles sont touchées de 80 à 100% sur l’ensemble de la zone. Les zones situées autour des communes de Montagne et Saint-Christophe des Bardes ont cependant été épargnées. Du côté de l’Entre-Deux-Mers : de gros dégâts sont à déplorer dans la plaine de la Dordogne et de nombreuses parcelles sont très touchées dans l’ensemble de l’Entre-Deux-Mers (cf photo ci dessus Vignoble de M.Piva sur la commune de St Félix de Foncaude). Dans les Graves-Sauternais, de nombreuses parcelles sont détruites dans le Sauternais. Enfin, dans le reste de la vallée de la Garonne, un grand nombre est atteint à plus de 50%. Pour la plupart, la totalité de la récolte est perdue.

Les vergers aussi sont touchés
Enfin si la tournée de ce matin, accordait la plus grande place à la viticulture, la visite sur l’exploitation de Bernard et Philippe Gauthier, kiwiculteurs à St Pey de Castets a démontré que les vergers ont également été victimes de ce double épisode météo. Chez eux, le système anti-gel par aspersion d’eau qui marche habituellement bien n’a pu être mise en oeuvre en raison d’un cours d’eau en forte marée basse lors du second épisode de gel… Si les conséquences de ce gel auront ici tout de même causé plus de peur que de mal sur les fruits, cette visite a eu pour but de rappeler qu’au-delà de la vigne, kiwis, pommiers, ou encore pruniers, et même céréales ont été touchés pour certains de manières importantes.

Verger de Kiwis - M. Philippe Gauthier à St Pey de Castets
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