Une protéine naturelle pour tuer des cellules cancéreuses


Le cancer du poumon est aujourd'hui le plus mortel. La start-up Yomi Pharma basée à Limoges exploite une découverte majeure qui pourrait aboutir à un médicament.

Yomi Pharma

Camille Granet, fondatrice de Yomi Pharma et Sébastien Arico, chargé des opérations, comptent lever 2 à 5 millions d'euros afin de continuer le développement pharmaceutique d'un candidat médicament au cancer du poumon.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/06/2024 PAR Corinne Merigaud

La solution viendra-t-elle de la sortiline ? C’est tout l’enjeu des travaux de recherche sur cette protéine humaine que mène Yomi Pharma, une startup créée en octobre dernier par Camille Granet. Cette ancienne doctorante à l’Université de médecine de Limoges a terminé sa thèse en 2021 après quatre ans de recherches au laboratoire Inserm UMR 1308 CAPTuR sous la direction des Prs Fabrice Lalloué et Marie-Odile Jauberteau ainsi que du Dr Thomas Naves. L’équipe a fait une importante découverte sur cette protéine qui laisse entrevoir des perspectives de solution thérapeutique.

« Le but était d’étudier l’impact de la sortiline dans le cancer du poumon explique Camille Granet, la fondatrice, nous avons découpé cette protéine qui est naturellement présente dans l’organisme en différents fragments puis découvert qu’un d’eux avait une activité anti-tumorale. » Depuis près de dix ans, le laboratoire CAPTuR cherche, en effet, à analyser le rôle inédit de la sortiline dans les processus oncologiques. Sa thèse achevée, Camille Granet décide de ne pas laisser cette découverte au fond d’un tiroir et intègre l’incubateur AVRUL à Limoges. Elle y restera deux ans ans jusqu’à la création de son entreprise.

Sur le marché en 2030-2032

Pour créer son entreprise, la jeune femme a été rejointe par trois associés Thomas Naves, Sébastien Arico et Renaud Vaillant, un entrepreneur parisien. Elle a obtenu dernièrement une subvention de 95 000 euros de la Région, un prêt d’honneur amorçage de AQUITI Gestion et une aide de Bpifrance. « Avant la création de Yomi, nous avons fait appel à Aliénor Transfert, une société d’accélération et de transfert expérimentale afin d’avoir un coup de pouce sur la maturation et la pré-maturation du projet » signale Sébastien Arico, chargé des opérations au sein de la start-up. Mais il faudra patienter encore quelques années avant de voir la mise sur le marché d’un candidat médicament contre le cancer du poumon. Un tel processus peut prendre 10 à 15 ans.

Yomi Pharma

La start-up Yomi Pharma étudie l’impact de la sortiline dans le cancer du poumon. « Nous avons déjà obtenu des preuves scientifiques encourageantes confie Camille Granet, de prochains résultats pivots seront connus en octobre ou novembre. »

Leurs recherches ciblent un des sous-types des cancers du poumon plus répandus et agressifs, à savoir l’adénocarcinome bronchique. Il tue deux millions de personnes par an et en touche autant avec une incidence en augmentation, ces dernières années, en particulier . « Il y a un réel besoin de développer de nouveaux médicaments qui ciblent des anomalies spécifiques » remarque-t-elle. Le futur médicament interviendrait à un moment où, actuellement, seul un traitement par chimiothérapie est proposé. « Notre molécule éviterait l’apparition d’une nouvelle mutation et surtout réduirait les masses tumorales secondaires analyse Sébastien Arico, l’objectif est de prolonger la vie des patients et de leur apporter une meilleure qualité de vie. »

« Lever 2 à 5 millions d’euros »

La prochaine étape sera de lever rapidement des fonds, la plus importante pour continuer à avancer au niveau scientifique. « Nous avons besoin de 2 à 5 millions d’euros d’ici fin 2024 début 2025, précise Sébastien Arico. Nous devons intéresser des investisseurs à partir sur notre molécule pour qu’on puisse continuer le développement pharmaceutique. On reste dans une phase précoce avec de bons résultats in vitro et de bons indicateurs in vivo. On en est à l’étape de validation de la molécule. On va ensuite aller chercher l’argent qui nous permettra de rentrer dans les études réglementaires en 2026 et enfin chez l’Homme en 2027. »

Si ces différentes étapes se déroulent bien, la mise sur le marché d’un médicament pourrait intervenir à l’horizon 2030-2032. Des investisseurs potentiels ont été contactés pour leur présenter les premiers résultats et les convaincre d’injecter des fonds. « Ce sont des fonds d’investissements privés, européens ou français spécialisés en santé, ajoute-t-il, complétés ensuite par des fonds régionaux et de co-investissement. Les premiers retours en termes d’intérêt sont très positifs, c’est bien accueilli.»

D’ici deux ans, Yomi Pharma devrait compter cinq salariés. Le premier recrutement est en cours et les candidatures affluent « une soixantaine » se félicite Camille Granet, « des diplômés qui viennent de toutes les universités de France pour renforcer l’équipe sur des profils scientifiques pour lancer les études cliniques et pré-cliniques. »

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