Qui dit Renaissance à Bordeaux dit Michel de Montaigne. Alors, lorsque le musée d’Aquitaine a décidé de rénover ses salles consacrées aux XVIème et XVIIème siècles et de mieux raconter l’identité de cette époque dans la région, une partie inédite sur la vie de l’ancien maire de Bordeaux semblait indispensable.
La nouvelle exposition « De Montaigne au Roi-Soleil » fait également référence aux fouilles menées ces dernières années qui ont permis de retrouver le corps présumé du philosophe. Dans ce sens, le parchemin découvert dans le sarcophage de Michel de Montaigne, sur lequel est inscrit le procès verbal de l’inhumation du corps dans les sous-sols du musée d’Aquitaine, daté du 11 mars 1886, est exposé.
La mort de Michel de Montaigne est aussi représentée par la peinture Derniers moments de Montaigne, de Joseph-Robert Fleury, mais surtout par l’emblématique cénotaphe (monument funéraire) de l’auteur.
Pour ce qui est de la vie de l’écrivain, le musée propose au public d’observer des objets appartenant à Montaigne, avec par exemple son ancien bonnet en soie. Une vidéo permet de découvrir l’intérieur de la tour du château de Montaigne, où l’humaniste écrivait ses essais.
Enfin, un portrait fraîchement découvert de Montaigne fait l’objet d’études pour savoir s’il a été peint pendant la vie de ce dernier, ce qui serait une première.
Le « processus créatif » de la Renaissance mis en avant
« C’est un lieu scientifique, de travail et de recherche », estime le commissaire de l’exposition, Christian Block, en pensant aux nombreuses oeuvres revêtant des mystères sur leur nature ou leur datation. C’est le cas par exemple d’une esquisse de statue à l’effigie de Montaigne, dont on ne connaît pas la version finale. L’exposition s’intéresse donc au « processus créatif » de Michel de Montaigne, en présentant aussi des objets liés à son quotidien comme des chandeliers (la tour de Montaigne possède peu de fenêtres) ou encore des bésicles, l’ancêtre des lunettes.
« De Montaigne au Roi-Soleil » ne porte pas seulement sur l’existence de l’auteur Des Cannibales et Des coches, mais vise aussi « à expliciter les réalités du XVIème et XVIIème siècle », explique Christian Block. Pour cela, des objets domestiques d’époque sont affichés comme des assiettes, des vases… ou une cheminée de 3,5 tonnes. La vie concrète de la Renaissance est également expliquée avec des vestiges en lien avec le christianisme et le judaïsme, alors que de nombreux conflits religieux ont éclaté dans la région à cette époque.
Le fruit de 2 ans de travail historique
Les visiteurs ont la possibilité de concevoir ce qu’était Bordeaux il y a quatre siècles grâce à une carte projetée dans un cadre de tableau. Une partie de l’espace est dédiée aux restes du Château-Trompette, siège de la royauté bordelaise. Il recouvrait « 20 à 30% de la superficie de Bordeaux », raconte Christian Block. Au total, l’exposition rénovée recueille près de 10 tonnes de sculptures et objets divers.
La rénovation de cette exposition est le fruit de 2 ans de travail de recherche, dont « 6 mois à plein temps, confie Christian Block. Le travail a d’abord été de mettre en place le scénario, ensuite de rechercher les collections d’objets, puis d’installer les éléments », explique-t-il. L’exposition ne devrait plus être rénovée d’ici 30 ans.