Un téléfilm remet en cause la thèse du suicide de Robert Boulin


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Un téléfilm remet en cause la thèse du suicide de Robert Boulin

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/01/2013 PAR Nicolas César

Revenons tout d’abord sur les faits incontestables. Ministre de Valéry Giscard d’Estaing, pressenti pour Matignon, Robert Boulin a été retrouvé mort dans l’Etang Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines, dans 50 cm d’eau, le 30 octobre 1979. Officiellement, Robert Boulin, mis en cause dans une affaire immobilière à Ramatuelle, s’est suicidé en absorbant des barbituriques. Mais très vite sa famille a été convaincue qu’il s’agissait d’un assassinat politique. Depuis elle cherche désespérement à obtenir de la justice le rétablissement de la « Vérité ». Désormais par la voix de sa fille, Fabienne Boulin.

De nombreuses incohérencesLa thèse retenue par le téléfilm est celle d’un Robert Boulin, écarté du pouvoir, qui menace de révéler des malversations sur le financement des partis par des filières africaines et une escroquerie à la sécurité sociale, ce qui le rend gênant. Dès les premières minutes du film, le ton est donné : la théorie de l’assassinat. « L’homme que vous voyez, c’est moi, Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation. On a assassiné un ministre de la République ». Après enquête, le réalisateur, Pierre Aknine, a relevé un certain nombre d’incohérences, déjà relevées par la famille. Ainsi, le visage tuméfié de Robert Boulin ne colle pas avec la thèse du suicide. Ses chaussures et bas de pantalon ne portaient pas de traces de vase, signe que le ministre n’est pas entré seul dans l’eau. En outre, il présentait des traces de saignement de nez, et une 2e autopsie a révélé en 1983 une fracture du nez et une autre du maxillaire supérieur. Dans le téléfilm, les légistes s’interrogent en regardant les lividités cadavériques. « Quand bien même il se serait suicidé, il faut savoir pourquoi les lividités sont sur son dos alors qu’il a été retrouvé face contre terre ! », déclarent les deux légistes.

Un meurtre lié au financement occulte des partis politiques et une « guerre des droites »Pierre Aknine, le réalisateur de ce téléfilm lance des accusations qui n’avaient jamais jusque-là été évoquées devant la justice : Jacques Foccart -l’éminence grise de la politique africaine française sous les présidences du général de Gaulle et de Georges Pompidou, avant d’être conseiller de Jacques Chirac à Matignon dans les années 1980- serait directement impliqué dans l’assassinat. C’est dans sa demeure que le ministre aurait perdu la vie après avoir été tabassé par des hommes de main. C’était le « cerveau » du SAC (Service d’action civique) à l’époque, « une police parallèle ». Le rôle de l’escroc Henri Tournet, promoteur et homme d’affaires douteux, un proche du conseiller politique Jacques Foccart, qui a vendu illégalement à Robert Boulin un terrain à Ramatuelle dans le Var, est également mis en évidence.

Le téléfilm défend la thèse qu’il fallait empêcher Robert Boulin de parler, le faire plonger avec cette histoire d’acquisition de terrain illégale de Ramatuelle. Robert Boulin en sait trop. Il gêne beaucoup de monde et serait trop intègre. En 1974, il ne faut pas oublier la trahison à l’encontre de Jacques Chaban-Delmas, durant la campagne présidentielle. Chirac abandonne le candidat officiel pour se rallier à Giscard d’Estaing. Robert Boulin, qui doit être nommé Premier ministre, n’accepte aucune compromission. « Cette période de la Ve République est brutale – notamment les méthodes connues du Service d’action civique, le SAC – avec des morts qui n’ont jamais été élucidées : comme celle de Joseph Fontanet, victime, sans témoin, d’une « balle perdue » », a rappelé Pierre Aknine, le réalisateur.

La CIA aurait des pistesLa prochaine prescription sur l’affaire Boulin prend fin en 2017. Le parquet peut donc décider de relancer une information judiciaire close en 1992. De nombreuses preuves ont disparu. Mais, « la CIA aurait des renseignements », a-t-il déclaré en répondant aux interrogations du public. Le dossier est classé secret. C’est l’un des derniers espoirs de la famille Boulin. « J’espère que le film va aussi réveiller les institutions », a lancé Pierre Aknine. Une pétition sera en ligne le 29 janvier sur le site : www.robertboulin.net.

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