Au programme, bonne humeur et réflexion. Camille, comédienne déguisée en spectatrice, est éblouie par des projecteurs tournés vers elle. Elle est (faussement) surprise d’être choisie parmi l’ensemble des spectateurs. Elle commence par refuser, puis se laisse tenter. Elle s’installe ainsi dans un fauteuil qui permet à GaIA, intelligence artificielle, d’accéder à sa perception du changement climatique. Camille est une jeune femme préoccupée par ce phénomène.
Créé en partenariat avec l’agence belge Tempora et l’association Climate Voices, « le spectacle résulte d’un échec de la façon de mettre en avant les questions autour du dérèglement climatique. On ne peut plus faire comme avant, présenter des « cours » avec les causes, les conséquences et les solutions, et chacun rentre chez soi. Il faut au contraire susciter de l’émotion chez les spectateurs. Qu’ils se posent des questions collectivement et individuellement », affirme Vincent Jouanneau, chef de projet à Cap Sciences et coproducteur de ce spectacle.
À peine installée, au milieu de trois écrans géants, Camille s’agace en découvrant que GaIA a dévoilé ses pensées aux yeux du public. L’intelligence artificielle a en effet révélé le dernier dilemme de la jeune femme : l’été prochain, vacances aux Canaries ou dans une ferme en permaculture ?
Les spectateurs participent
Sans grande surprise, aller aux Canaries engendre près 965 kilogrammes de CO2, alors que séjourner dans une ferme en permaculture ne génère que 60 kilogrammes d’émissions de gaz à effet de serre. « Pourquoi me priver si c’est foutu ? », insiste Camille. 20 % des spectateurs estiment eux aussi que « c’est foutu ». Le spectacle est interactif et participatif. Les spectateurs sont équipés d’un boitier leur permettant de donner leur avis.
Au fil des 45 minutes de spectacle, Camille expose ses interrogations et préoccupations à GaIA. « Dans notre spectacle, l’intelligence artificielle a le pouvoir de générer ce que l’on veut, de tout savoir à l’instant T. Elle peut aussi convoquer des experts », déclare le coproducteur. Et ce pour éclairer la jeune femme et le public.
« Ce qui se joue dans la salle représente ce qui se passe dans notre cerveau »
François Gemenne, chercheur belge spécialisé dans les questions de migrations climatiques et dans les politiques d’adaptation au réchauffement climatique, affirme particulièrement que, dans le cadre de l’accord de Paris (COP 21), l’empreinte carbone de chaque habitant de la Terre devrait se limiter à 2 tonnes de CO2 par an d’ici 2050, contre 11 tonnes en moyenne pour les Français en 2018. À titre de comparaison, 2 tonnes de CO2 équivalent à 276 repas avec du bœuf ou bien un vol New-York-Paris… « Ce qui se joue dans la salle représente ce qui se passe dans notre cerveau. Camille est censée nous représenter un peu tous. C’est quelqu’un d’absolument normal, qui a des doutes, des questions, qui ne sait pas tout. Elle est accompagnée des deux parties de son cerveau, Luna et Thomas. Luna a envie de faire des efforts. Thomas n’a pas envie de se prendre la tête », explique Vincent Jouanneau.
Au vu des interrogations et préoccupations de Camille, GaIA balaye nombre de thématiques : l’avion, la démocratie, les énergies renouvelables, la natalité, les riches et la technologie.
Loin d’être déprimant, Réchauffe l’ambiance… pas la planète ! est novateur. Ce spectacle, vivement recommandé, expose le problème tout en humour et propose des solutions en interaction avec le public. Un espace d’exposition est organisé à la sortie du spectacle afin de pousser, une dernière fois, les spectateurs à s’exprimer et réfléchir.