Le projet était en préparation depuis cinq ans mais le Covid est passé par là. Finalement, ce requiem hommage aux 643 victimes d’Oradour-sur-Glane sera joué l’année de la commémoration des 80 ans du massacre, porté par le compositeur classique autodidacte Michel Bosc et le Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. Une conférence musicale intitulée « Requiem en hommage aux victimes d’Oradour » se déroulera samedi 10 février à 20h à l’espace Noriac à Limoges (entrée libre).
Cette soirée retracera la genèse du projet et les grands élèves du conservatoire de Limoges présenteront des extraits de cette œuvre originale. « Je viens d’une famille où l’on parlait des guerres franco-allemandes et franco-prussiennes aux repas de famille confie Michel Bosc, mes grands-pères, mon père et un grand-oncle notamment ont participé à ces guerres mais tout le monde est revenu, ce n’est pas le cas de tous. »
Le compositeur a voulu rendre hommage, à sa manière, « aux descendants de tous ceux qui ont perdu les leurs, un traumatisme dont il faut des années pour s’en remettre. » Michel Bosc a découvert le village martyr dans les années 70 avec sa famille. Une visite qui a laissé une trace indélébile dans sa mémoire d’adolescent. Adulte, il est revenu plusieurs fois, envahi par le sentiment étrange que le temps avait fait son œuvre sur les pans de murs. « La dégradation des ruines m’a choqué avoue-t-il, il faut les préserver et essayer de les transmettre » remarque-t-il.
Bouleversé comme la 1ère fois
L’idée d’un requiem en hommage aux victimes s’est imposé à lui et, en 2020, il a contacté le Centre de la Mémoire pour proposer ce projet musical autour de trois thématiques ; la culture, l’héritage et la mémoire. « Michel Bosc m’a dit qu’en visitant le village martyr, il avait été aussi bouleversé que la première fois raconte Babeth Robert, directrice du Centre de la Mémoire, il a été aussi bouleversé par la dégradation des ruines. Il avait envie de faire quelque chose en hommage aux 643 victimes. » L’Association nationale des familles des martyrs a adhéré au projet, son président de l’époque Claude Milord étant rassuré par le style musical envisagé.
Le compositeur ne cache pas son enthousiasme de travailler avec de jeunes choristes, des élèves de 3ème en classes à horaires aménagés musique (CHAM) issus des collèges Léonard Limosin à Limoges et Clémenceau à Tulle. Les collégiens seront associés aux grands élèves du Conservatoire de Limoges qui interpréteront l’œuvre avec seulement neuf instruments à savoir, un quintette avant composé d’une flûte, d’un hautbois, d’une clarinette, d’un cor et d’un basson, une trompette, un petit orgue positif, une harpe et des percussions. « C’est la troisième orchestration et je pense que c‘est la meilleure par les contraintes que la réduction oblige assure-t-il. C’est comme une nappe blanche où la moindre tâche se voit. Cela a été assez agréable à composer. »
La colère puis l’apaisement et l’espoir
Le requiem sera accompagné d’un prélude, vestige d’un poème symphonique qu’il avait composé, et une pièce pour orgue. Des élèves musiciens ont également bénéficié de séances d’écriture, accompagnés par l’auteur Régis Delpeuch. « Tous sont venus travailler au Centre de la Mémoire sur l’aspect historique et littéraire » ajoute la directrice.
Michel Bosc découvrira la veille de la conférence musicale le travail des choristes et instrumentistes au cours de deux master classes. « Il faut que je leur donne confiance et que je valide les choix » poursuit-il.
Le requiem d’un peu plus d’une heure aura pour ambition de proposer une méditation dans le respect du texte latin tout en permettant une consolation. Un texte qui s’annonce très puissant avec « des moments violents qui évoquent la colère divine puis l’apaisement et l’espoir à la fin. »