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PUBLIÉ LE 29/07/2024 PAR Solène MÉRICBranché sur le réseau local d’eau potable et bien moins anodin qu’il n’en a l’air, le Kiosque à eau distribue, 7/7 jours et 24/24 heures, eau plate ou eau gazeuse fraîche, au choix du client. Loin d’être une simple fontaine, ce mobilier urbain intègre un équipement qui répond aux normes d’hygiène distribuant « une eau micro filtrée assainie, débarrassée des éventuelles impuretés restantes (métaux lourds, sables, poussières…) et qui grâce à un système de filtration par charbons actifs donne à l’eau un goût agréable », décrit Gabriel Gaudebert, initiateur de ce projet un peu fou. Côté eau pétillante, « c’est une bulle très fine de haute qualité, pas trop agressive » assure-t-il.
On interdit les cotons-tiges et les couverts en plastique mais rien pour lutter contre ces tonnes de bouteilles.
Il faut dire que Gabriel Gaudebert s’y connaît en effervescence. Les bouteilles, les carafes filtrantes, les machines à eau pétillante à domicile… il a tout essayé. Concernant ces dernières, tant sur la qualité que sur le coût, il n’a pas vraiment été convaincu.
C’est à force de boire des litres et des litres d’eau pétillante en bouteille sur conseil de son médecin, qu’il s’est de plus en plus désolé puis indigné de ces débordements de bouteilles plastiques hors de sa poubelle de tri. Une indignation aussi « du peu de cas » que les pouvoirs publics font de la production et du gaspillage de ces bouteilles. « On interdit les cotons-tiges et les couverts en plastique mais rien pour ces tonnes de bouteilles. On peut nous expliquer qu’elles seront recyclées -et encore, si le consommateur les trie…- ce sera toujours plus polluant et beaucoup plus cher que de ne pas les produire ! », s’agace-t-il. Comme lui, 47 % des français boivent au quotidien de l’eau de bouteille assure-t-il.
De la Sardaigne à Lons
C’est un séjour en Sardaigne qui lui apportera la solution dont il rêvait déjà depuis quelques années. « J’avais eu l’idée d’essayer de développer quelque chose autour de l’eau à l’image des distributeurs de lait que l’on peut voir parfois. Mais je n’avais trouvé aucun partenaire ou solution technique convenable en France ». En Italie, il découvre l’existence des Casa dell’Acqua. « Les gens viennent avec leurs paniers remplis de bouteilles et ils se servent. Il y en a plus de 2 500 sur le territoire italien. Là-bas, 25 sociétés produisent ce type d’équipement ! »
Solène MÉRIC | Aqui Gabriel Gaudebert, président de l’association Kiosque à eau, à l’initiative du projet. Sa motivation, lutter contre le pollution plastique des bouteilles d’eau.
Rentré en France, et aidé par des amis, il monte l’association Kiosque à eau, et fait affaire avec une de ces sociétés italiennes, pour acheter un de ces équipements. Un carrossier de Lons, tout prêt de Pau, autorise gracieusement l’association à utiliser un peu de l’espace de son parking pour installer le Kiosque. L’association obtient aussi une subvention du Ministère de la transition écologique pour pouvoir contribuer à l’achat de la machine et réaliser ce premier test. « Nous avons aussi été aidé par l’école de commerce de Pau et par le Crédit agricole Pyrénées Gascogne, grâce au dispositif des tookets », tient-il à souligner. Preuve que l’idée séduit.
5 centimes le litre d’eau plate
D’autant qu’au-delà de la démarche écologique, le Kiosque à eau a aussi un atout économique. « L’eau « Pétillante » est proposé à 10 centimes le litre et l’eau « Nature » à 5 centimes le litre. Le consommateur paie par carte bancaire ou avec la carte Kiosques à Eau depuis son smartphone. Créditée de 10 euros, c’est l’équivalent de 100 litres d’eau pétillante. », détaille-t-il. L’utilisation est facile, il suffit d’amener son contenant… de préférence en verre. « Les vieilles bouteilles plastiques s’abiment avec le temps, ça peut être nocif pour la santé. Nous conseillons d’utiliser des bouteilles en verre avec une fermeture mécanique, indique Gabriel Gaudebert, d’autant que dans ces bouteilles, l’eau, y compris pétillante, se conserve très bien. On peut donc en remplir plusieurs à la fois pour en avoir d’avance chez soi ».
Mais, si les citoyens semblent séduits par l’idée du Kiosque à eau, les habitudes du consommateurs sont, comme souvent, difficiles à faire évoluer. A Lons, les choses démarrent plutôt doucement. Pour encourager plus encore à lâcher la bouteille en plastique, l’association fait un pas de plus vers le consommateur. Après l’achat de la machine, elle propose désormais, « quasiment à prix coutant », la vente de bouteilles en verre fermée mécaniquement et fabriquées en France par pack de 6, le tout dans un sac porte-bouteille. « Au total se sont des investissements importants pour nous, et un travail de longue haleine », reconnaît le président de l’association qui ne manque ni de détermination, ni d’idées. Prochainement, « une dégustation d’eau va être organisée pour avoir un outil de dialogue avec les gens », annonce-t-il.
Il ne s’agit pas ici de faire du business
Afin d’essaimer au-delà de Lons, et d’obtenir plus de soutiens financiers, des échanges sont en cours avec la Région Nouvelle-Aquitaine, et l’association espère une deuxième subvention de l’Etat. Pour la suite, Gabriel Gaudebert imagine à terme une évolution de l’association sous une forme de coopérative, avec des gestions locales par des groupes de citoyens au fur et à mesure des futures implantations de Kiosques à eau. Une chose est sûre, « il ne s’agit pas ici de faire du business », mais bien de conserver l’esprit d’initiative citoyenne qui a lancé le projet.
