Trois questions à Solange Ménival : avec le numérique on réarme la politique de la santé


Solange Ménival

Tribune libre: La Stratégie Nationale de Santé doit prendre pied par l’innovation en Région

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/09/2014 PAR La rédaction

@qui! – L’ARS Aquitaine vient de remporter l’appel à projet national Territoires de Soins Numériques, pourquoi ce succès est-il important pour le Conseil Régional ?
Solange Ménival – Il est important parce qu’il est partagé dans sa vision, dans le constat des enjeux, et la volonté politique d’innovation portée par Alain ROUSSET, qui a mis en oeuvre la création d’un écosystème industriel et territorial favorable à TSN.
D’abord une vision, qui dès 2004, portait les élus régionaux à voter un règlement d’intervention nous permettant de créer des Maisons de Santé Pluri-professionnelles dans les territoires, nous amenait avec l’ARS à Pise, travailler le projet européen AIR sur la réduction des inégalités de santé, et en 2013 à Bilbao, avec Michel LAFORCADE, apprendre de la stratégie sur la chronicité, menée de l’autre côté de la frontière. Et observer, aussi, comment l’interopérabilité des systèmes d’informations permet de mener une politique de santé intégrée.

Au delà des professionnels de santé, le constat de la montée du vieillissement et des maladies chroniques, qui bouleversent le paysage sanitaire et médico-social, interroge tant le secteur industriel que le développement territorial. Tout est lié, mais la fragmentation du système le rend illisible.
Avec le numérique, on réinvente le relationnel, en réarmant la politique de santé, par la politique territoriale de la santé. Je parle de réarmement parce que c’est un combat.

Le lieu du combat : c’est le territoire.@! – Comment l’innovation numérique en santé peut elle se traduire concrètement dans les territoires ?
S. M. – La santé est le secteur qui offre des opportunités incroyables, dans les domaines les plus divers depuis le laser, les nanotechnologies, la e-santé, la médecine personnalisée, jusqu’à l’alimentation ou l’environnement. Certaines de ces innovations supplantent les médicaments, d’autres rendent inutiles les hospitalisations, ou obsolètes les gouvernances. Avec le numérique et TSN, on réinvente les articulations territoriales du suivi du patient, du parcours de santé et de soins. Avec les professionnels de santé, avec les forces économiques et industrielles, avec les élus et les citoyens, cet outil permet d’apporter le meilleur soin, au bon endroit, au bon moment, au juste coût.

Le numérique bouleverse les opportunités de connaissance, de partage du savoir. Il accélère les procédures, permet de combler les manques, et permet de dégager des marges d’attentions aux patients. Le gain de temps doit être mis au profit des malades.
Pour les professionnels de santé, le numérique est une innovation qui vient renforcer, densifier la communication avec les expertises les plus pointues et les plus éloignées. Il renforce et refonde le lien de la science au patient, il lui permet de renforcer sa présence humaine, en face à face. Pour les industriels, c’est l’espoir de nouveaux marchés, et donc de développement économique.

En Aquitaine, nous concentrons près de 50 % de la production industrielle de logiciels de santé. Nous fondons beaucoup d’espoir sur les leaders territoriaux et le cluster Tic Santé, pour consolider la filière. Nous serons à leur côté pour soutenir le développement industriel et faire de l’Aquitaine un territoire d’excellence Tic Santé, à vocation mondial, en capacité d’exporter les meilleurs systèmes.
Ces entreprises accompagnent la candidature de l’Aquitaine, au sein du consortium LifeKic, à l’appel à projet de l’Institut Européen des Technologies. L’ambition est de mettre sur le marché de nouveaux produits qui vont bouleverser nos habitudes de vies, nos habitudes de soins. Son objectif est de tout mettre en œuvre pour vivre longtemps en bonne santé.

Déjà, l’Aquitaine structure d’une part les filières Silver Economie ( économie du vieillissement ) dont le pilotage est partagé avec ADI, d’autre part la Chronicity Valley, formée par l’axe Bordeaux-Bilbao, pour devenir au plan mondial, avec l’Euskadi, au sein de l’eurorégion, un territoire de lutte contre les maladies chroniques.

@! – Mais le numérique en santé ne va t-il pas faire peur aux patients ?
S. M. – Les patients s’en servent tous les jours, pour s’informer eux mêmes sur leurs maladies et leurs traitements. Par la volonté des territoires, partagée par les professionnels et les élus, le numérique en santé est porteur d’innovations sociales. Il va resserrer les liens avec les professionnels et autres acteurs, toujours utile pour amplifier la confiance et lever les angoisses. L’enjeu est de combler des vides et des trous dans le suivi, le parcours du patient et le système lui même.
C’est dans l’attention à porter quotidiennement aux personnes en dehors des murs de l’hôpital, et avec lui, qu’il est attendu. Cela suppose de repenser nos organisations sociales et de penser totalement, conjointement, le développement des technologies et des formations- qui sont les compétences des Régions – avec les professionnels de santé, sanitaires, médico sociaux et socios, avec nos politiques d’aménagement durable du territoire.
Or la fragmentation des politiques, ici, n’a pas sa place, elle n’a pas de sens. Le cloisonnement des responsabilités peut créer des failles institutionnelles, car il faut penser l’homme dans son environnement, mettre le patient au centre du système dans une interrelation constante.
Là aussi il faut penser global et agir local, en pensant toujours la relation au patient, au professionnel, à la technique, et au contexte.


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