Un toxi…quoi ? Comme pour les produits alimentaires, le site web toxibees promet d’établir un toxiscore sur les molécules présentes dans les produits phytosanitaires utilisés par les exploitants. Lancée le 27 avril dernier, la page web recense 350 particules. « Lorsque l’utilisateur fait une recherche sur une molécule, une fiche d’identité apparaît, ainsi que le toxiscore et un graphe » complète Amélie Bajolet, fondatrice de toxibees.
Pour Amélie, il est important de sensibiliser les agriculteurs à l’utilisation des produits phytosanitaires ayant un impact sur les insectes pollinisateurs. « Aucun agriculteur ne veut nuire aux abeilles et à l’environnement » précise-t-elle. En créant toxibees, elle leur apporte un outil supplémentaire pour faire évoluer leurs pratiques.
Produire mieux, produire plus
Des semences attaquées par des ravageurs, des maladies, pour Régis Boisseau, délégué régional Sud-Ouest SEMAE (Groupement national interprofessionnel des semences et plants), toxibees devient un outil indispensable pour les exploitants qui permet d’« évoluer vers de bonnes pratiques » assure-t-il. Régis Boisseau reconnaît par ailleurs que les « moustiques, papillons et abeilles sont les plus gros pollinisateurs qui améliorent les rendements ».
Mieux produire avec de meilleurs rendements, toxibees prouve à ses utilisateurs la nécessité de conserver ces insectes pollinisateurs. « On veut dire au public qu’il faut arrêter d’écraser les moustiques et les abeilles » sourit Amélie Bajolet. Créé pour les agriculteurs, toxibees est un site web ouvert à tous. Il s’adresse aussi aux apiculteurs et conseillers agricoles par exemple. D’après Patrick Golfier, enseignant de biologie, apiculteur et membre du GIEE (Groupements d’intérêt économique et environnemental), plusieurs milliers d’hectares sont concernés par ces pollinisateurs. Alors, pourquoi ne pas mettre des « ruchers sur des exploitations agricoles?» suggère-t-il.
1000 espèces d’abeilles à préserver
Depuis une dizaine d’années, défendre les insectes pollinisateurs en particulier les abeilles, Amélie Bajolet en a fait sa ligne de conduite. Elle est fière notamment du label Bee Friendly créé en 2014 par l’association d’apiculteurs Bee Friendly, inauguré au Salon International de l’Agriculture la même année.
Un label qui « permet d’accompagner, encourager et enfin valoriser les agriculteurs soucieux de protéger les pollinisateurs », promet l’association encouragée par Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’Agriculture.
Encourager et valoriser les agriculteurs soucieux de protéger les pollinisateurs
« Nous devons préserver les 999 espèces d’abeilles sauvages et l’unique espèce d’abeille domestique », pour Amélie Bajolet c’était une évidence pour elle d’aller encore plus loin. Toxibees, une idée qui germe dans sa tête dès 2018. Il faudra attendre 2021 pour que le projet se concrétise grâce au comité scientifique. Ecophyto apporte un soutien financier de 15 000€ mais « en tout et pour tout, toxibees a coûté 30 000€ » détaille Amélie Bajolet. Un plan de déploiement est prévu avec le ministère de l’Agriculture. Aujourd’hui, la jeune femme est fière des « retours plus que positifs ». « En moins d’un mois, il y a eu plus de 4000 visites sur le site » se satisfait-elle.
C’est à l’occasion de la journée mondiale des abeilles, le 20 mai, qu’Amélie Bajolet annonce le lancement de toxibees lors d’une conférence au Salon de l’Agriculture de Bordeaux. Une nouvelle version du site est déjà en réflexion, une version inédite qui permettra de donner encore plus d’informations aux utilisateurs.