Terres agricoles: stabilisation du marché en Gironde, à l’heure du grand « monopoly » du foncier rural mondial


Elodie Barthélémy

Terres agricoles: stabilisation du marché en Gironde, à l'heure du grand "monopoly" du foncier rural mondial

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/03/2011 PAR Solène MÉRIC

Avec 3300 notifications de vente et 7200 ha de surface totale mise sur le marché, soit 5,5% de plus que l’an dernier, Magali Fronzes, estime que l’ « on assiste plus à une stabilisation du marché, qu’à une réelle progression ». En termes de valeurs, le montant total des ventes atteint les 440 millions d’euros ce qui est certes une nette progression (+15%), mais qui ne permet pas au marché de retrouver le niveau atteint en 2007 (618 M €) ou 2008 (471 M €).Quant aux différentes composantes du marchés de l’espace rural, elles n’ont pas évolué de la même façon : « les marchés non agricoles ont fortement augmenté à la fois en surface (+17%) et en valeur (+20%), les marchés agricoles, vignes comprises, sont quasi-stables, lorsque pour le marché forestier, la chute observée les années précédentes continue en 2010 avec -21% de surface mise sur le marché. » Quant à savoir qui achète, Magali Fronzes observe que sur le marché foncier, les agriculteurs représentent près de la moitié des surfaces et le tiers du montant total des acquisitions.

Le marché foncier viticole amortit sa chute en 2010
Concernant plus particulièrement le marché viticole, Michel Lachat, constate « un amortissement du phénomène de chute » avec un nombre de surfaces vendues de -4 %, et valeur globale des ventes de -11 %, soit 97M €. Selon lui, « le prix des vignes par appellation semble se stabiliser ». Et cela même si le prix des terres reste très variable d’une appellation à l’autre, allant de 16 000 €/ha pour les Bordeaux générique à 1 100 000 €/ha pour l’appellation Saint-Julien, Margaux, en passant par les 35 000 €/ha pour des terres en Médoc. Quant aux achats par les Chinois de propriétés, ils ont été évoqués pour constater qu’ils restent limités et qu’ils peuvent avoir une valeur d’entraînement pour le marché des vins de Bordeaux en Chine.

Concernant les activités de la Safer Gironde, Hervé Olivier, Directeur départemental a rappelé que durant l’année écoulée, elle a acquis 1637 ha. Sur l’ensemble de cette surface, 1200 ha ont été réattribués dans un objectif de maintien et développement du territoire, soit à des agriculteurs en agrandissement, soit à de jeunes agriculteurs en cours d’installation. Il sont, en effet, 50 à avoir bénéficié de 591 ha réattribués par la Safer. 77 ha des superficies acquises par la Safer ont été attribués à fin de développement local (loisir, zone d’activité, etc); les 350 ha restant participent à la préservation de ressources via notamment des opérations de restructuration forestière.

« La terre ne doit pas être une marchandise comme les autres »
Des terres d’ici aux terres d’ailleurs il n’y avait qu’un pas… Lucien Bourgeois a abordé dans une deuxième partie, la question complexe des achats de terres agricoles dans le monde. Pour l’économiste, les causes à la généralisation de ce phénomène sont nombreuses et s’appuient à la fois sur l’histoire (héritage colonial de « terres nationalisées » que les Etats revendent plus facilement aux capitaux étrangers qu’aux populations locales), sur l’économie (une meilleure valorisation des agro-carburants que de l’alimentation…) et sur la finance (crise financière et instabilité durable des prix agricoles). Lucien Bourgeois se veut pourtant relativement optimiste, assurant que le problème est « d’abord politique » et doit être résolu en s’appuyant sur deux principes: le droit à l’alimentation des populations et l’affirmation que la terre ne soit pas « une marchandise comme les autres ». En d’autres termes, pour l’économiste, les Etats concernés par cette néo colonisation « doivent se donner les moyens de contrôler la propriété de la terre », comme l’ont fait les Safer en France à partir des années 60. Un discours qui se veut rassurant. Concrètement la prise de conscience et la réelle volonté d’agir de ces acteurs, sont pourtant loin d’être encore assurées, notamment au regard des intérêts financiers qu’y trouvent ces Etats.

Solène Méric

Photo: Elodie Barthélémy

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