Aquitaine Cap Nouvelles Chances: 9 mois pour se remettre en selle


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/01/2012 PAR Malika Ouaddah

Leur point commun; « être sorties de l’école en étant persuadées d’être en échec ». D’après Fabienne Claire-Pape, coordinatrice de formation à l’Insup, « elles ont une réprésentation d’elles complétement détruite ». Elle ajoute que: « ce n’est pas un hasard si les enfants en arrivent là, les problèmatiques sont puissantes ». Beaucoup de facteurs peuvent en effet entrer en compte; difficultés scolaires, mauvaise orientation, état psychologique, contexte familial ou encore santé. A 25 ans, Emmanuelle a déjà enchaîné de nombreux jobs depuis ses 19 ans. Une situation précaire aggravée par des soucis de santé. Avant d’entamer la formation, elle rêvait d’accéder à un métier artistique mais elle a fini par y renoncer. » J’ai fait plein de petits boulots, mais rien de stable, j’ai fini par me décourager et j’ai déprimé ». Et si elle reconnaît que la formation lui permet de reprendre confiance en elle, elle est consciente qu’il faut « construire son projet petit à petit ». Très motivée, elle s’investit beaucoup dans le spectacle que préparent les stagiaires et qui devrait être donné lors du festival des Hauts de Garonne en juillet prochain.

Se confronter aux réalités du monde du travail

Les formateurs accompagnent les stagiaires dans l’élaboration de leur projet professionnel en étudiant avec elles leur faisabilité et en évitant les secteurs engorgés. Des stages, des visites d’entreprises ou d’organismes de formation susceptibles de les accueillir dans le futur leur permettent ainsi de se confronter aux réalités du monde du travail. C’est le cas de Sonia, 17 ans, sortie du système scolaire à 16 ans sans l’ombre d’un diplôme et beaucoup plus attirée par les métiers manuels. Un stage effectué l’an dernier dans une entreprise de BTP de Floirac lui a permis de trouver sa voie. Elle témoigne: « mon stage s’est bien passé, tout m’a plu; poser les ferrailles pour poser les placos, reboucher les trous, faire le ménage ». C’est désormais vers les métiers du bâtiment qu’elle va  s’orienter, elle qui avoue ne pas supporter « de rester assise sur une chaise ».

Soutien et accompagnement renforcés
Avec tout un volet réservé à l’acquisition des savoirs de base, les stagiaires sont également accompagnées dans leurs démarches. Elles y apprennent, par exemple, comment  trouver un logement dans l’urgence ou faire établir une carte de sécurité sociale. Elles bénéficient aussi d’ ateliers de remise à niveau, mais pas seulement.  Tous les vendredis, elles abordent les sujets qu’elles souhaitent avec une psychologue, qu’elles peuvent ensuite solliciter pour un entretien individuel.  Un aspect important pour des jeunes filles qui ont  souvent vécu l’isolement comme Caroline, 20 ans,  au look gothique romantique qui détonne un peu dans le groupe. Originaire de  Bretagne,  elle vivait en pleine campagne, là où « c’était trop moche ». Pas d’amis et coincée dans une vie  morne. L’ennui. Elle y suivait une formation  de confection de meubles en carton. Des cartons, des cartons, toujours des cartons. Alors pour échapper à ce quotidien triste et sans perspectives, elle s’est réfugiée dans l’alcool et les médicaments, « des anxiolytiques » parce-que « ça fait planer ».  Aujourd’hui si elle n’a pas encore trouvé de stage dans une librairie mais dans une boulangerie, l’horizon semble se dégager quelque peu; elle sait au moins que les métiers du livre lui plaisent.


Entrevoir un avenir meilleur
Dans le groupe, en plus de construire leur avenir, les jeunes filles retrouvent un peu de chaleur humaine, le plaisir d’être ensemble et surtout la possibilité d’entrevoir un avenir meilleur.  Thérèse, 23 ans, mère d’un enfant de 3 ans, avoue qu’elle « a galéré pendant longtemps » après avoir quitté l’école à 16 ans. Suivie pendant de nombreuses années par la mission locale, elle avoue: « j’étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire ». Dans le groupe, on la surnomme affectueusement maman, un statut de protectrice qui l’a aidée à se voir différemment et à s’affirmer un peu plus.
Quelques mois après son lancement, la formation semble donc obtenir des résultats encourageants. Toutefois, un certain recul sera nécessaire pour juger des bénéfices réels de ce dispositif, lancé à titre expérimental pour aider à l’insertion des jeunes. En France, ce chantier est immense mais c’est un devoir national comme l’a rappelé le CERC en 2008*.

Malika Ouaddah


*rapport du Conseil de l’emploi, des Revenus et de la Cohésion Sociale, (2008), Un devoir national. L’insertion des jeunes sans diplômes.

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