Synapse Medicine, un leader en expansion


La start-up bordelaise Synapse medicine a mené plusieurs actions dans le cadre de la crise sanitaire.

Clément Goehrs, cofondateur et dirigeant de la start-up, docteur en santé publiqueSynapse Medicine

Clément Goehrs, cofondateur et dirigeant de la start-up, docteur en santé publique

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 08/04/2021 PAR Mélanie Philips

Synapse medicine est une start-up issue du CHU de Bordeaux, leader sur l’aide à la prescription en télémédecine en France. Née il y a un peu plus de trois ans et demi, elle est dédiée au bon usage des médicaments. Concrètement, cela signifie qu’avec l’aide de l’intelligence artificielle, elle essaie d’aider les médecins dans leur activité de prescription. Mais aussi les pharmaciens dans leur activité de délivrance et les patients à la prise des médicaments. Alors que le Covid est entré dans nos vie depuis plus d’un an, Synapse medicine a mis plusieurs actions en place afin d’aider les différents acteurs du système de santé, mais aussi le grand public. Rencontre avec Clément Goehrs, cofondateur et dirigeant de la start-up, docteur en santé publique.

@qui! : Synapse medicine, concrètement, c’est quoi? 

Clément Goehrs : Avant tout, on est une société technologique dans le domaine de l’intelligence artificielle. Ce que l’on fait en terme de technologie, c’est qu’on a développé des algorithmes qui font ce qu’on appelle du « traitement automatique du langage ». C’est-à-dire qu’ils traitent le langage naturel, du texte. Des textes qui, globalement, décrivent comment on doit se servir des médicaments. En général, ce sont de très très gros documents PDF de plusieurs centaines de pages. Nos algorithmes vont aller lire constamment ces documents jours et nuits, afin de les comprendre, les structurer, pour avoir une base de connaissances du médicament qui soit toujours à jour et fiable. C’est vraiment la base de ce que l’on fait. Au dessus de cette connaissance sur le médicament, on édite des solutions pour les médecins et pharmaciens. On a aussi une application pour les patients, qui se comporte un petit peu comme le Yuka des médicaments. On s’adresse autant aux professionnels de santé qu’au grand public, avec des solutions qui sont différentes.


@! : En mars 2020, vous avez mis en ligne une plateforme, covid19-medicaments.com, qui a reçu le prix de l’Intelligence artificielle (IA), décerné par l’Agence du numérique en Santé. En quoi consiste-t-elle ?

C.G. : Effectivement, dans le cadre de la crise sanitaire, on a fait un certain nombre d’actions dédiées et celle-ci en fait partie. Elle s’appuie sur le fait qu’en mars dernier, au tout début du confinement, le ministre de la santé, Olivier Véran a commencé à relayer des informations disant que les corticoïdes et anti-inflammatoires ne pouvaient pas être pris quand on avait des symptômes de Covid ou qu’on était Covid positif. Parce que ces médicaments pouvaient aggraver les symptômes. Avec notre connaissance, on a identifié deux dangers : le premier c’est que pour une grande partie de la population, corticoïdes et anti-inflammatoires, ça ne veut rien dire. Et à contrario, pour une partie de la population qui prend ces médicaments d’une manière chronique, ils vont forcément se poser la question de « qu’est-ce que je fais? » Donc en moins de 72 heures, en collaboration avec plusieurs partenaires publics, on a mis en place cette plate-forme. Elle permet, en renseignant le nom du médicament et en répondant à deux questions, de savoir comment agir avec ce médicament. 


@! : Quelles autres actions avez-vous menées pendant cette crise sanitaire ?  

C.G. : La première, c’est que l’on a accompagné le CHU de Bordeaux dans un très gros essai clinique qui s’appelle Coverage, qui est toujours en cours. Il vise à essayer de trouver des médicaments pour traiter le Covid. On leur a fourni une plateforme leur permettant de les aider dans le cas de cette étude clinique. Ensuite, on continue de faire une très grosse action en collaboration avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), puisqu’aujourd’hui c’est nous qui équipons l’ANSM et l’ensemble des centres régionaux de pharmacovigilance. Avec une plateforme, Medication Shield qui permet de faciliter la gestion des déclarations des effets indésirables liés à la campagne de vaccination Covid 19.

 À l’international

@! : Pouvez-vous nous en dire plus sur cette plateforme Medication Shield, qui retrace les effets secondaires des vaccins ?

C.G. : Depuis le début de la campagne de vaccination, il y a eu et il continue à y avoir, des questions sur la sécurité de ses vaccins, sur les effets indésirables etc. Donc on doit de surveiller de très près la sécurité de ces vaccins, surveiller si d’éventuels effets indésirables non connus, apparaissent dans la population. Comment ça se passe ? Tout un chacun peut déclarer un effet indésirable sur le portail national qui est mis à disposition par le ministère de la Santé. Derrière, ce signalement est examiné par un médecin ou un pharmacien. Mais la difficulté, c’est lorsqu’il y a un énorme volume de déclarations, ça devient très difficile pour eux de suivre le rythme. C’est là qu’intervient notre technologie, qui permet de pré-traiter toutes les déclarations et de les filtrer par gravité. C’est donc une aide qui leur fait à la fois gagner du temps, mais surtout qui leur indique en amont, quelles sont les déclarations qu’ils doivent regarder en premier. On fait donc gagner beaucoup de temps au système de pharmacovigilance. 


@! : Souvent, la crainte est que l’intelligence artificielle remplace l’homme, mais là on plutôt sur une collaboration, une aide? 

C.G. : Exactement. Et ça me tient à cœur d’insister là-dessus. La santé et le métier des différents professionnels de santé sont tellement complexes qu’on n’est jamais dans le remplacement de quiconque. L’intelligence artificielle est là pour faire gagner du temps aux professionnels de santé, leur permettre d’optimiser une partie de leur travail pour qu’eux, puissent concentrer leurs efforts là où leur expertise est la plus précieuse.

@! : Les projets ne s’arrêtent pas là, puisque vous avez aussi noué un partenariat avec la Mutuelle Ociane Matmut. Quel est l’objectif ? 

C.G. : Là c’est tout simplement notre application pour le grand public. Il y a une version gratuite, qui peut être utilisée par tout le monde , et il y a une version avec quelques fonctionnalités de confort supplémentaires qui est sur un modèle Premium. Et donc aujourd’hui Ociane Matmut finance et met à disposition cette version Premium de l’application à tous ses adhérents de plus de 55 ans.

@! : Tout ce travail et ces investissements ont été récompensés début 2021 en recevant le prix 2020 de l’intelligence artificielle, qu’est-ce que ça représente pour vous?

C.G. : C’est une reconnaissance. Dans le domaine de la santé, la confiance est toujours quelque chose de très important.  C’est quelque chose qui est signé par Olivier Véran et qui est remis par le ministère, donc c’est une belle reconnaissance des efforts de l’équipe en cette année 2020. Chez Synapse, on essaie de faire des actions qui ont un impact de santé publique.


@! : Comment vos plans ont été perturbés par le Covid-19? 

C.G. : Il s’est trouvé qu’on avait les ressources nécessaires pour pouvoir aider dans cette crise sanitaire. Mais nos projets ont été impactés, surtout sur l’internationalisation. Quand le Covid a frappé, on était notamment en train d’expandre fortement nos opérations aux États-Unis. Nous n’avons pas remis tout ça en cause, nous avons simplement adapé nos plans. On s’est d’ailleurs davantage focalisé sur l’Europe, alors qu’on n’avait pas prévu ça. Aujourd’hui, nousnous déployons en Allemagne, en Espagne, en Italie et au Royaume-Un. On a un petit peu temporisé sur les États-Unis, mais depuis la fin 2020, on se redéploie là-bas.


@! : Quels sont les projets futurs de Synapse Medicine? 

C.G. : Comme je l’ai dit, nous sommes surtout sur l’internationalisation aujourd’hui. On est en train de se déployer en Europe, aux États-Unis et au Japon. Nous avons une très belle et très forte présence dans les différents hôpitaux français, on se déploie dans les plus grands CHU français. Donc sur 2021 les objectifs, c’est vraiment continuer à accompagner nos partenaires hospitaliers et de commencer notre déploiement dans les différents pays, ce qui n’est pas une mince affaire. Ça fait déjà deux beaux défis!


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