Compte rendu du 2ème rendez-vous d’Aqui ! «Smart médias et renaissance du journalisme»


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Compte rendu du 2ème rendez-vous d’Aqui ! «Smart médias et renaissance du journalisme»

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Temps de lecture 29 min

Publication PUBLIÉ LE 21/09/2012 PAR Solène MÉRIC

10h : Ouverture et accueil par Alain David, Maire de Cenon, qui rappelle que le Rocher Palmer un des haut lieu des Musique du monde mais aussi du numérique.
Au tour de Roland Cayrol, Président des Amis d’Aqui de venir au micro. Il rappelle la qualité des débats nourris, approfondis, et la volonté et la qualité des échanges assez rares qui avaient été proposé l’an dernier. Nous vivons dans un moment qui n’a jamais eu autant besoin de journalistes, dans un monde fractionné, de canaux ouverts, des sociétés destructurées, nous n’avons plus de maîtres à penser, les individus sont atomisés tant en tant que consommateurs qu’en tant que citoyens. Il souligne le manque de référence et cite en exemple la famille : un fils sur deux ne vote pas comme son père. C’est la même chose en termes de classe sociale : elle n’est plus une donnée explicative du vote, idem pour le sexe. Il y a de moins en moins d’explications sociales qui permettent de structurer, de fractionner la société. Désormais, ce sont les médias qui donnent la pâture à partir de laquelle l’individu va se faire sa propre grille d’analyse de la situation. Ils sont bel et bien une nécessité fondamentale de nos démocraties d’hier et d’aujourd’hui. Roland Cayrol admet, pour sa part, un certain pessimisme sur la période que nous vivons. Le journalisme sur internet a une fonction vivificatrice, avec des gens qui y croit et qui sont engagé dans une réelle démarche professionnelle. Mais sur le net, l’information est encore balbutiante, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous selon lui. Crainte que la difficulté financière entraîne une difficulté au niveau de l’information. Il faut défendre l’éthique du journalisme mais aussi la qualité de l’information, un souci qui  n’est plus toujours là : diffusé d’abord et vérifier ensuite, voilà la crainte du politologue. Qu’est-ce que la qualité d’une information destinée au citoyen ? Une des questions à résoudre dans la journée.  

10h15 : Joël Aubert, Directeur de rédaction d’Aqui.fr et Jean-Baptiste Rey, Directeur du Développement présentent le programme de la journée et les modalités d’accès au twitter (#rdv_aqui)et au réseau internet depuis la salle. Un colloque forcément connecté !

10h20: Diffusion d’une interview vidéo d’Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture, réalisé par Joël Aubert (Aqui.fr) et Pierre Haski (Rue 89) :
Il y a eu un malentendu sur mes propos. Certaines plateformes nuisent au travail de ceux qui ont une vraie démarche journalistique en ligne. Il y a une spécificité évidente du travail journalistique et il y a aujourd’hui une concurrence déloyale sur Internet vis-à-vis de ces jeunes pousses de la presse numérique. L’avenir de la presse passe évidemment par le numérique. Il faut préserver la liberté d’information, lutter contre la précarité du métier de journaliste. Il faut qu’on travaille ensemble sur l’idée d’un idéal journalistique. Les menaces sur la presse écrite pénalisent tout le monde actuellement. Il faut trouver les moyens de permettre à la presse de faire sa mutation numérique.

L’omnivore numérique…

10h30 : Antoine Chotard, veilleur Aquitaine Europe Communication : Il faut tordre le coup à la notion de mobilité. Je parle davantage d’omnivore numérique, Internet est partout, tout le temps. La connexion est permanente. 25% d’aquitains sont aujourd’hui équipés de smartphones. En termes de temps d’utilisation, on s’aperçoit que dans une journée moyenne, l’utilisateur passe 25% de son temps connecté à Internet.  La consommation de vidéos et de photos est désormais énorme. Le temps passé sur le mobile et les tablettes pour les réseaux sociaux, les photos, les jeux est considérable, la consultation de l’actu vient ensuite avec tout de même une spécificité française : on consulte davantage l’actualité sur le net que dans les autres pays (un quart des aquitains font une lecture numérique de l’information). De plus en plus d’interaction entre les écrans eux-mêmes : les télés sont influencées par les smartphones et les tablettes. Avec l’arrivée du réseau 4G sur internet : 40,3% des connexions se font via le wifi : partout, dans la rue, au fast-food… mixité sociale connectée. L’information devient  multicanale. Autre phénomène, le BYOD, Bring you own device, la frontière vie privée/ vie professionnelle est de plus en plus floue. La façon dont les gens cherchent de l’info en fonction des différentes heures de la journée ; dans les PME, les chefs d’entreprise sont en train d’assouplir les systèmes. Côté pratique, l’ergonomie est toujours plus forte, les gens ont moins peur des machines, gros boutons, côté enfantin, très facile d’utilisation : ce type d’appareils fonctionnent très bien, l’ergonomie plutôt que la technologie. Le commerce aussi est sur-connecté,  on peut aussi parler alors d’un omnicommerce,  les acteurs de la grande distribution sont en train de mixer ça (commerce et vente sur les mobiles et tablettes en hausse). Différencier, Fidéliser, Récompenser, trois mots majeurs pour le net d’aujourd’hui.

Une révolution par an depuis 5 ans

11h : Table ronde « Les transformations, la régénération, la renaissance du journalisme à l’heure du numérique et de ses réseaux sociaux» avec Pierre Haski (Rue 89), Edith Raymond(IJBA), Yves Eudes (Le Monde), Antoine Bayet (le Lab), Nata Rampazzo (Rempazzo et associé), Jacques Rosselin (Global Editors Network) animé par Laurent Guimier (Europe 1)

Laurent Guimier : La question  des nouveaux formats, des nouvelles écritures, c’est une façon de diffuser l’information. Des applis avec de gros bouton, une place de plus en plus importante donnée à l’image… Au niveau de la forme : est-on dans quelque chose qui change énormément aujourd’hui. La forme devient-elle plus importante ?

Pierre Haski : on est dans une évolution incroyablement rapide. Avec une révolution par an depuis 5 ans, ça change considérablement la manière dont les gens reçoivent notre métier…  Par exemple, le traitement live sur les sites d’info qui s’est beaucoup développé notamment depuis Fukushima  a demandé des investissements humains et technologiques, c’est ce qu’a choisi de faire Le Monde. Mais tous ces outils doivent être au service de l’information et non pas une fin en soi. Il ne faut pas tomber dans le côté jouissif de la technologie. Il faut en permanence garder le cap. Si la technologie n’est pas au service e l’information : elle est inutile.

Xavier Lalu : notre site Carré d’info existe depuis un an. Nous avons également eu une réflexion sur le design : c’est vrai qu’il incite à l’audience mais nous n’avons pas le luxe de réfléchir à l’innovation technologique et faire de la recherche pour présenter l’information, nous utilisons les outils qui existent déjà.

Jacques Rosselin : Je note deux tendances. D’abord sur le net : on trouve  5% d’info pour 95% de conversation sur cette info. Ensuite éclatement important des sources d’infos et agrégation de ceux qui accède à cette info : ce qui entraîne une dilution des marques média en des marques nombreuses et plus individuelles. Mais reste que cette information, à la base, il faut bien la produire, cette édition de l’information ça reste malgré tout, le métier d’un journaliste. Or il y a souci : c’est qu’il y a une tendance à penser que moins il y a de journalistes, mieux le média se porte économiquement… J’ai peur que l’on soit en train de descendre en dessous du « seuil critique » du nombre de journalistes par habitants. Il faudrait un indicateur en la matière et se demander à partir d’en dessous de combien de journalistes, on met en danger la démocratie.

La photo devient un message complet

Yves Eudes : C’est très étonnant : la photo non légendée devient un message complet, un média à part entière. Avec les téléphones, on va pouvoir fonctionner à très bas coût : des moteurs de recherche qui mettent en relation avec l’auteur d’une photo prise par les amateurs. Avec la globale licence : le média n’a qu’à se servir. Mais ce n’est pas étonnant puisque les pros ne sont par définition, pas partout. C’est nouveau qu’il y ait une masse d’amateurs prêts à photographier tel ou tel évènement et surtout que cette masse d’amateurs, au lieu de fuir un éventuel danger, s’en rapproche, justement pour prendre des photos qui seront repris par les grands médias,  notamment lorsqu’ils sont en situation d’exclusivité.

Laurent Guimier: En quoi ça change le métier des journalistes ?

Antoine Bayet: La capacité de la mise en scène de l’information n’est pas neuve. La PAO se pose bien la question de savoir comment on casse un long texte gris. Cette question du design de l’information, je n’ai pas l’impression que ce soit vraiment nouveau,.

L’ère de la biolecture

Nata Rampazzo : Si, il y  du changement, nous sommes dans une nouvelle ère. Nous sommes dans l’ère de la bio lecture : aujourd’hui on est 100% connecté. On lit peut être mal, mais on lit beaucoup plus, on ne se contente pas du temps de lecture d’un livre, ou de la page d’un journal. Aujourd’hui : on combine le mouvement, tout en restant dans la lecture. Pour moi, le nomadisme a toujours existé : Aldo Manuzio a inventé, en 1502, le petit format que l’on peut mettre dans la poche et, dans le même temps, l’industrie du livre. Pour nous, la question se pose aussi : que nous faut-il inventer pour rester dans la lecture ? Le design est en train de devenir plus simple. La « mise en scène » de l’information, moi, je la ferais aujourd’hui plutôt sur les tablettes où l’on peut cumuler différents types de lecture : images, vidéos, textes, etc… Ce n’est pas comme le journal qui demande un temps de lecture : je m’installe, je prends le temps. Le design se simplifie, mais il est aussi en train de se diversifier. Il nous faut encore trouver le temps et le geste qui accompagnent la lecture.

Jacques Rosselin: Je note que nous avons d’un côté une « information-conversation» sur le mobile, et de l’autre côté les textes longs. Soit du texte long des bouquins, soit vers des fast-food de l’information sur tablettes ou smartphones.

Le code HTLM dans les écoles de journalisme?…

Laurent Guimier : Concernant les personnes qui fabriquent les nouveaux formats et développent toutes cette palettes, comment ça se passe dans les rédactions ?

Pierre Haski : Le profil idéal mais rare: le journaliste un peu geek sur les bords ! Il invente les nouveaux formats journalistiques et épouse les nouvelles technologies. Mais avec les nouveaux journalistes, cette capacité d’intégrer le mariage entre technologie et journalisme est plus présent. C’est une question de génération et ça va continuer dans ce sens. Mais peut-être faut-il intégrer le code HTLM dans les écoles de journalisme… ?

Jacques Rosselin : C’est curieux de voir les journalistes l’œil rivé sur l’audience de leurs papiers et modifient la manière de présenter son information en fonction de cette audience.
Sur le data journalisme : c’est au cœur du métier que de savoir traiter de la donnée. Dans la presse économique : combien de journalistes font l’effort de regarder les comptes publics des entreprises ? C’est du travail, je ne dis pas qu’ils ont la flemme de travailler mais comme ils sont moins nombreux : ils ne peuvent plus prendre le temps de le faire.

Le Data à l’étude et en question

Edith Rémond : Ils n’ont pas le temps et pas toujours la compétence de comprendre toutes ces données. L’an dernier avons monté un data journalisme Lab à l’IJBA avec Suzanne Galy d’AEC. Ca nous a permis de faire travailler les étudiants dans un mode collaboratif et faire produire du data journalisme. La nécessité d’un journaliste geek, ça répond à une problématique économique, ce n’est pas uniquement comme ça qu’on aura du journalisme de qualité, il faut bien aussi payer des développeurs. En outre, il faut exposer le métier à des disciplines scientifiques, sortir du corporatisme, ouvrir la profession. Les nouveaux outils montrent bien que les journalistes seuls ne vont pas arriver à répondre aux demandes des lecteurs.

Pierre Haski : Ma remarque n’était pas dictée par des impératifs économiques, nous avons 4 développeurs. C’est une remarque en termes d’état d’esprit et de réflexion. Si les journalistes n’intègrent pas ces éléments, le dialogue entre développeur et journaliste n’est pas aussi fécond, que lorsque le journaliste a quelques connaissances dans le domaine.

Jacques Rosselin : ouverture du journalisme est tout à fait clef, il faut de la formation continue : aux données,  aux chiffres, notamment par une formation continue. Mais cette formation se heurte à la rédaction : globalement, les journalistes se méfient de l’intervention de personnes tierces, ils adoptent souvent une position défensive alors qu’ils devraient au contraire s’ouvrir… La rédaction doit se rouvrir à des compétences multiples : statisticiens, cartographes, experts, économistes…

Pierre Haski : Je partage ce point de vue : mais c’est plus facile dans les pure players comme nous que dans les grandes rédactions traditionnelles. Chez nous cette intégration est demandée, mais la situation n’est pas comparable avec les rédactions traditionnelles

Jean-Marie Charon (sociologue): Il faut tout de même souligner que pour la presse magazine spécialisée, c’est assez habituel de solliciter les spécialistes eux-mêmes. D’ailleurs, ces journalistes sont souvent d’anciens amateurs qui, à force de contribuer, deviennent journalistes.

Joël Aubert : ce que je trouve fondamentalement différent : c’est qu’on n’est pas dans la culture corpo. Notre devoir d’éditeur est de ré-enchanter, ré oxygéner la dimension la plus noble de notre métier, il faut le faire de manière pragmatique. La presse pâtit de ce que les éditeurs à leur tête n’ont pas les exigences que l’on est en train de partager.

Yves Eudes : la transition vers le data journalisme peut se faire de façon pragmatique. Il faut que le journalisme pénètre le chiffre en le problématisant, en le réfléchissant.

Edith Rémond : C’est une école de rigueur implacable le journalisme de données, il faut toujours vérifier revérifier ses sources.

Xavier Lalu : Quand on est confronté à un paquet de données, on est perdu. Le journaliste apporte la problématisation de la donnée, lire et interpréter le chiffre, ça c’est notre travail.

Jacques Rosselin : Les données et l’accès aux données publiques, ce n’est pas  vraiment une nouveauté. Ce qui change en revanche, c’est l’apparente facilité qui permet de traiter ces données. La puissance des outils et la facilité d’accès à ces données est assez saisissante.

Pierre Haski : Ce que je trouve intéressant et nouveau également, c’est  la dimension participative. On vient de faire une appli assez amusante sur le cumul des mandats avec une liste de tous les élus permettant de voir facilement si tel élu cumulait plusieurs postes ou non, avec la possibilité pour chacun d’envoyer un tweet ou un message facebook lui demandant de se mettre en conformité avec ce que disait son parti si cumul il y avait. Suite à ça, on a reçu beaucoup de réponse pour nous dire si tel ou tel élu avait abandonné ou non son poste. Donc effectivement, la facilité d’accès aux données est saisissante. Les utiliser comme ça, c’est bien sur un choix éditorial qu’on assume.

Antoine Bayet : C’est la question de l’appétence des données, c’est très stimulant pour les journalistes de trouver l’info, d’avoir ces chiffres entre les mains et de leur faire raconter une histoire.

Laurent Guimier : On peut  alors se poser la question, le Data journalisme, uniquement des chiffres ou des mots également ?

Edith Rémond : il y a des analyses sémantiques, tout n’est pas que chiffre. Beaucoup de données sont libérées, il faut les problématiser, mettre des mots et du sens sur des chiffres, c’est aussi ça le data journalisme.

Joel Aubert : C’est un chantier partagé entre éditeurs, on peut avancer sur ce sujet.

Jacques Rosselin : L’accélération de la puissance des moyens de traitement est nette, il y a des obligations de publication de données, les entreprises doivent publier leurs comptes.

Jean-Marie Charon : La démarche du Guardian est intéressante : avec l’open news, ils annoncent les sujets qui vont être abordés après la conférence de rédaction.

Pierre Haski : A Rue 89, on fait ça depuis cinq ans, un retour sur le travail de la semaine précédente, sur des papiers qui ont marqué, qui ont plu ou non, on fait tester des idées de tchat, il y a un retour variable selon les semaines mais toujours très positif.

Jacques Rosselin : Pour conclure cette matinée, on peut souligner que c’est le journalisme qui peut sauver la presse. Ce sont les journalistes qui vont sauver le journalisme, mais qui va sauver les journalistes ? Qui paye les producteurs de l’information ?

PAUSE DEJEUNER !

Interview de Mme Aurélie Philippetti, Ministre de la Culture et de la Communication

 

14h30 : Table ronde : « L’information : les relations renouvelées avec les citoyens » Pierre Haski (Rue 89), Xavier Lalu (Carré d’info), Priska Ducoeurjoly (ouvertures.net), Vincent Goulet (sociologue des médias), Laurent Cramaregeas (Sud ouest), animé par Jean-Marie Charon (chercheur CNRS) et Joël Aubert (Aqui.fr)

Jean-Marie Charon : Est-ce que les contenus numériques, modifient cette locale? Est-ce que le numérique est une ressource nouvelle qui permet de repense la locale dans l’univers urbain? Sur le numérique, avec sa dimension participative, peut-on voir une clef du renouvellement du correspondant ? Est-ce que la ressource des réseaux sociaux renouvelle le rôle du localier et du correspondant ?

Le bi-média à Sud Ouest

Laurent Cramaregeas : Nous avons engagé un chantier porteur et très ambitieux et générateur d’un ensemble de tâches considérables. Notre objectif global est de dynamiser notre site sud ouest.fr, qui compte actuellement 300000 visiteurs par jour. Cette ambition se doit d’être porteur jusqu’au plus bas de nos bassins de vie, autrement dit jusqu’aux communes. Donc nous avons choisi d’instaurer la généralisation du quotidien sur le bi-média (net et papier), et faire évoluer les blogs des correspondants, sur une formule désormais baptisée « web chronique ». Le bi-média : une formule qui à la fois intéresse et inquiète car méconnue et porteuse de grands changements dans l’organisation de nos rédactions, dans la perception de l’information et dans sa relation dans nos colonnes et sur notre site. Nous l’avons inventé en respectant un maximum les valeurs du journal  et en nous appuyant sur une phase d’expérience à Agen en juin et mai dernier. L’occasion d’une mise en pratique de nouvelles organisations, et de travaux nouveaux. Les collaborateurs ne travaillent plus seulement sur l’imprimé mais sur 4 supports médias dont 3 numériques : le site internet et deux réseaux sociaux : Fb et twitter. La page tag est l’espace de publication de production, Facebook : une sorte d’agora où on convie l’audience, à faire des propositions et, pourquoi pas, une forme de réseau pour déceler de nouvelles informations. Le compte twitter aura pour vocation d’être un porte-voix sur des informations que nous publions sur les 2 autres supports.  En outre, ce projet induit forcément de nouvelle organisation car l’audience internet est une audience de bureau qui débute dès 8 heures, hors il n’y a traditionnellement pas de mobilisation de la rédaction à cette heure-là. Il faut donc repenser une présence dynamique de 8h du mat à 17h30.
Autre axe de  travail : l’activité du correspondant. Nous avons imagé un héritage des blogs de correspondant: le web chronique local. Une matière issue du papier revalorisée par un travail de secrétariat de rédaction avec une lecture nouvelle : agenda, diaporama,… Sur ce point-là nous partons de rien, nous n’avons aucune expérience, c’est donc avec modestie que l’on débute;  entre 150 et 200 web chroniqueurs d’ici un an.

Toulouse et Carré d’infos

Jean-Marie Charon : Xavier, vous avez créé un pure player à Toulouse. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il manquait en termes d’information à Toulouse? Et comment arrivez-vous à articuler le travail de locale étant peu nombreux ?

Xavier Lalu : Suite à un blog étudiant sur les municipale, nous avons déjà une bonne expérience. On s’est ensuite dit qu’il y avait la place sur Toulouse, avec une population jeune qui visiblement ne lisait plus son journal local. Aujourd’hui nous avons 40 000 lecteurs par jour. En un an nous avons réussi à fidéliser un lectorat.

Jean-Marie Charon : Quel est votre public ? Et quelle ligne éditoriale ?

Xavier Lalu : Une tranche d’âge de 24 à 50 ans qui vit à Toulouse, qui consulte l’information sur internet, également des étudiants impliqués dans la vie associative. Nous trouvions que sur Toulouse,  il manquait une mise en scène des politiques, nous avons donc choisi de prendre cet axe là ainsi que les sujets de société qui touchent la population urbaine. Nous cherchons également à rebondir sur un des sujets nationaux, internationaux avec un regard toulousain, à travers notamment des personnes ressources, nombreux dans la ville. Certains nous alertent sur des sujets, nous en avons d’ailleurs rencontré un certain nombre d’entre eux via les réseaux sociaux, et ce sont eux qui nous ont sollicités.

Jean-Marie Charon : Et Twitter qu’est-ce que ça change ?

Xavier Lalu : Pour nous, Facebook et Twitter,sont des moyens de diffusion, ce sont « nos kiosques». On relance, on répond le plus possible. Nous avons également aménagé nos horaires pour avoir une plage horaire plus large. Je me lève plus tôt mon collègue se couche plus tard, pour pouvoir assurer une plage horaire plus large.

Laurent Cramaregeas: Durant notre expérimentation, pendant un mois l’audience de la page tag d’Agen a augmenté de 35%. Celle de page Facebook à augmenter de 45% même si partait de bas…

Priska Ducoeurjoly : Sur Ouvertures.net, notre ligne éditoriale c’est le citoyen. De quoi les gens ont besoin pour être de « véritables » citoyens. Information responsable: s’appuie sur une charte de déontologie. La densité nutritionnelle des informations : est-ce que notre information va nourrir la personne qui va la recevoir, un questionnement permanent. Nous avons certains critères : débat contradictoire, l’avis du public a-t-il été pris en compte : on va voir sur les réseaux Facebook pour voir si la réalité entendue d’un côté, se retrouve ailleurs dans la parole des personnes sur les réseaux.

Joël Aubert : comment travaillez-vous à ouverture.net­­ ?

Priska Ducoeurjoly : Nous sommes tous dispatchés. La dématérialisation complète, une conférence de rédaction une fois par semaine. Choix des sujets : est-ce que ça va aider la personne à être un citoyen accompli. On travaille également la hiérarchie de l’information au regard de la valeur nutritionnelle pour le citoyen. Nous effectuons 3 relectures de nos papiers avant publication. Géographiquement nous sommes du côté de la Bourgogne, moi dans le sud-ouest, les deux autres ont aussi un pied à terre à Paris.

Jean-Marie Charon : le défi numérique, le défi urbain. Vincent Goulet a réalisé un travail dans les quartiers de Bordeaux-Cenon.

Vincent Goulet : J’ai mené une enquête pour comprendre comment les habitants des quartiers populaires, HLM recevaient les infos et ce qu’ils en faisaient. « Classe Populaire » : grande hétérogénéité des profils. Les médias ont d’autres usages qui ne sont pas forcément ceux auquel on pourrait penser. D’abord, dans ces tours, on lit les médias pour en parler avec les autres : c’est dans le dialogue qu’on reprend les informations. C’est d’abord une manière de se poser par rapport aux autres, de se comparer et de pouvoir dire : « voyez comment les autres se comportent, on n’est pas si mal ici ». Ensuite, il y a une importance du fait divers qui permet d’établir un rapport à la perte, aux « coups durs ». Le média devient alors une manière de mettre à distance ce qui pourrait arriver. Troisièmenet, il y a la question de l’équité, de la redistribution du mérite : le média permet de mesurer à ces lecteurs de vérifier si chacun contribue à la société à sa juste valeur .Enfin, le média alimente les positionnements « eux et nous », avec par exemple un fort intérêt sur les Roms.

Jean-Marie Charon : Qu’en est –il de la possibilité d’impliquer les internautes de ces quartiers ?
Sur la présidentielle : En bas des tours il y a un fort intérêt pour la politique qui passe par des canaux traditionnels et notamment la télé avec le débat, à l’époque, entre Royal et Sarkozy. La radio aussi. Mais si c’est pour s’entendre donner des leçons, on ne va pas acheter des journaux qui répètent ce que disent les autorités. En bref, c’est peut-être avec plus de contradictions qu’on aurait plus de participation…?

Jean-Marie Charon : J’ai été frappé d’entendre que Twitter est essentiellement utilisé pour faire de la diffusion d’information. Quelles est la place pour le réseau d’échange ? Faut-il d’avantage de co production entre journaliste et contributeurs extérieur ? Cela sous-tend la question des sources ? Quelles est la différence entre les sources et les contributeurs ?

Pas de médias sans débat politique

Vincent Goulet : En 1789, il y a eu une grande révolution médiatique avec une nouvelle forme de journaux : les quotidiens et les journaux politiques, alors qu’il n’y avait pas parallèlement de nouvelles technologiques pour imprimer plus vite. C’est parce qu’il y a eu un évènement politique fort qu’il y a eu cette réaction politique. Peut-être nous faudrait-il prendre le problème à l’envers, essayons de créer un évènement politique et peut-être sortirons-nous de la crise médiatique…

Priska Ducoeurjoly : Faisons un autre journalisme. On renvoie toujours aux lecteurs leurs angoisses, essayons de trouver d’autres portes d’entrée. Quand on parle de politique : les petites phrases, on va s’en passer, car ça n’apporte rien au débat…  On parlera plutôt de gouvernance, de vivre ensemble, etc… Même si certains disent que c’est une histoire d’audience, la preuve que non, puisque la PQR continue à perdre des lecteurs.

Vincent Goulet: Certains papiers sont en effet écrits de manière sensationnaliste mais c’est très souvent une question politique. Par exemple, les jeunes noyés dans la Garonne à Bordeaux, c’est une question politique qui soulève plusieurs interrogations : qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui ? Jusqu’où doit aller la Police ? Qu’en est-il de la question des nuisances en ville ?… Pourquoi n’y aurait-il pas de référendums locaux ? Il faudrait que les citoyens puissent avoir une part de souveraineté. Ne nous étonnons pas si les médias dépérissent quand il n’y a de discussion politique possible…

Jean-Marie Charon: Qu’est ce qui a vraiment bougé ? Je n’arrive pas vraiment à cerner. Est-ce qu’en même  temps vous ouvrez une tribune ? Un moyen d’exprimer tout ça ? L’utilisation des réseaux sociaux par la presse régionale permet quelque part un renouveau  de la parole, de la discussion.

Laurent Cramarégeas : A l’échelle de ce qu’on initie à Sud-Ouest, je pense que ça bouge un peu. Lors de la  phase expérimentale en Lot-et-Garonne, l’audience  a été sollicitée.  C’est une vraie remise en question professionnelle chez beaucoup de journalistes. Facebook est réellement un outil qui nous permet de relayer nos infos et d’ouvrir le dialogue. Pour nous c’est fondamental.

Xavier Lalu : Twitter est un moyen convivial de débattre, on peut s’interpeler, créer des contacts. Facebook, c’est le même système, on cherche à développer ça. Pour l’instant, on  n’a pas le temps de faire de la modération. C’est pour nous une question de temps.

Pryska Ducoeurjoly : On essaie de réfléchir à des sujets citoyens. Ce n’est pas toujours facile de faire participer, ce sont souvent les mêmes  qui reviennent. On travaille avec le site Hyperdébat,  ça évite de tourner en rond.  Chacun est dépositaire d’un savoir et a le droit à la parole.

Pierre Haski : Il y a un gros malentendu sur la question des commentaires. Ne pas y répondre est une erreur. Même si les interpellations sont parfois brutales et violentes, il ne faut pas créer de négation de ce rapport entre celui qui écrit et celui qui lit. Si on ne s’engage pas dans la modération de nos articles, dans la réponse et dans le dialogue, on passe à côté de beaucoup de choses.


16h30: Table ronde « Place aux jeunes, ils viennent d’entrer dans le métier comment le vivent-ils, comment le pratiquent-ils ? » avec Antoine Bayet (Europe 1Le lab), Louis Imbert (Lemonde.fr), Frédérik Verbeke (Eitb.com), Charlotte Lazimi (journaliste) et Laurie Bosdecher (Sud ouest), animé par Laurent Guimier (Directeur de l’information numérique Lagardère)

Laurent Guimier : Il y a  souvent une frange qui est mal représentée dans les tribunes journalistiques, ce sont les jeune journalistes, est-ce une difficulté supplémentaire d’être un jeune journaliste aujourd’hui ?

Parole aux jeunes journalistes

Charlotte Lazimi : Je représente les journalistes précaires aujourd’hui,  les journalistes pigistes. J’ai fait Sciences Po Bordeaux et une école de journalisme. Je fais aujourd’hui des piges pour la presse féminine( Elle) et pour quelques autres médias. C’est très difficile d’être pigiste, notamment dans les smarts-médias, les piges sont  mal payées, je dirai qu’elles sont plus indemnisées ailleurs. Ça va faire un an que je vis de mon travail, j’en suis assez fière mais c’est très compliqué, je pige essentiellement pour de la presse papier, c’est comme ça que je gagne le plus mais c’est dur, je crois qu’il faut le rappeler

Laurie Bosdecher : Je travaille à Sud Ouest, j’ai fait une école de journalisme, j’en suis sortie diplômée en 2003. Au début, j’avais des CDD, une semaine par mois, deux semaines par mois, pas assez pour remplir un frigo. J’ai du trouver une solution temporaire, j’ai écrit des piges pour des magazines locaux et régionaux. Déontologiquement, ça a été très dur pour moi. la situation était difficile

Frederik Verbeke : responsable du site en français, groupe Eitb, principal média du pays basque. Je travaille au siège de Bilbao, le fait d’être jeune permet un dynamisme évident mais je rejoins ce que j’entends, c’est dur, souvent précaire et je crois qu’il est important de le rappeler.

Antoine Bayet : Je travaille depuis cinq ans, après une école de journalisme et un stage chez Libération, je me suis rendu compte que travailler sur internet était nécessaire, ça a été un choc culturel pour moi. Il y a de la place sur internet, si vous êtes étudiants, foncez. J’ai moins galéré en étant sur internet qu’en proposant des piges pour de la presse papier. Alors de ce point de vue, je ne pense pas qu’être un jeune journaliste soit une difficulté supplémentaire, pas sur internet.

Louis Imbert : Je travaille au Monde.fr depuis un an, j’ai été pigiste pendant cinq ans, pour la presse papier, pour le web,  pour la radio. Il y a beaucoup de boulot sur les sites internet en matière de journalisme, je ne voulais surtout pas être employé, j’ai fait une école de journalisme dont je suis sorti diplômé en 2006. Envie de voyager, je suis allé en Iran, en Asie Centrale puis en Afghanistan ; ma base était à Paris, je pigeais pour eux.

Laurent Guimier : Pensez- vous que les écoles vous préparent bien à l’entrée dans la vie professionnelle? Vous ont-elles fourni les bons outils, les bons réflexes ?                                                               

Charlotte Lazimi : Il faut reconnaître que ce sont des concours très difficiles, on nous demande presque d’être journaliste avant de passer le concours. Après des stages et d’autres expériences, j’avais besoin d’une formation complémentaire et complète, chose que m’a apportée l’école ; ça permet aussi de se créer un réseau, des contacts, choses nécessaires dans ce milieu

Louis Imbert : Une école ça file quelques cartes de visite, ça permet en effet de créer un réseau. Avant de partir à l’étranger, j’avais besoin d’un visa, de quelqu’un qui me supervise. De ce côté-là, on peut dire que l’école a quelque-chose de pratique, de rassurant quelque-part.

Laurent Guimier . Quel regard avez-vous sur les entreprises de presse actuelles ? Sont-elles capables d’innover ?

Laurie Bosdecher : Je suis arrivée en 2003 à la rédaction de Sud-Ouest et en moins de dix ans, j’ai déjà l’impression d’avoir vécu plein d’étapes, plein de révolutions ; aujourd’hui on est sur Facebook, sur Tweeter, il y a quelques années, c’était impensable une telle présence sur Internet. Les jeunes journalistes veulent que leur média aille vite, qu’il soit en phase avec l’époque et les nouvelles habitudes des lecteurs.

Fréderik Verbeke : L’avantage d’être un média public, c’est qu’on est obligé de vivre avec son temps : il y a cinq ans, quand on a commencé sur internet, on était très en avance. Le plus important aujourd’hui  serait de descendre dans la rue et de faire des sujets de proximité. En revanche, ce que je regrette c’est qu’on donne beaucoup trop de priorités aux audiences, à Google actu.

18h : Session finale : « Quels scénarios du futur intégrant la convergences des modes d’expression journalistique pour la renaissance du journalisme sous influence des smart médias ? » avec Jean Marie Charon, Jacques Rosselin, Pierre Haski, Joël Aubert

Roland Cayrol : 6 remarques sous formes de questions. 1) le modèle économique a été moins abordé que l’an dernier. Ici aujourd’hui on s’est concentré sur la renaissance du journalisme et la qualité rédactionnelle. Pourtant le lien est bel et bien là… 2) Question de la présentation des sites d’information sur les smart phones. On a rarement la précision de la source de l’information : vient-elle du site, d’un blog du journaliste, d’un blog de non journaliste… et c’est dommage 3)est-ce que pour les entreprises de média traditionnels la relation avec les réseaux sociaux sont plus de la posture ou un réel investissement ? 4) Les commentaires : ne pouvait-on pas faire mieux que les commentaires pour avoir une réelle interaction citoyenne ? 5) Dans les médias de plus en plus de communiquants et de voyages de presse. Est-ce que ça ne va pas être pareil avec les entreprises du net, qui sont plus faibles et dont les journalistes par manque de moyens peuvent moins se déplacer d’eux mêmes. 
Sur la journée : l’impression que les gens du numérique ont l’impression de devoir encore se justifier, or il n’en n’est plus question, nous l’avons acquis. Pour autant, est-ce de bon augure pour la qualité de l’information ?

Rue 89 et le livre numérique

Pierre Haski : L’addition de Rue 89 et de Nouvel Obs, permet d’atteindre la taille critique, notamment en termes de publicité. Depuis 3 ans, on couvre nos dépenses mais on n’arrive pas à investir, or, dans ce secteur si  on n’investit pas, on est marginalisé. Après 3 augmentations de capital successives, sans succès donc nous avons trouvé un partenaire qui est un groupe familial, et dont le patron a compris qu’il devait engager sa mutation numérique. D’un côté nous lui apportons notre expérience, de l’autre, nous avions besoin de nous adosser à quelqu’un de plus solide. C’est donc une bonne nouvelle pour tous les deux. Chez nous, depuis un an, nous avons repris les embauches, et augmenté les salaires…
Les perspectives d’une diversification nouvelle (ex : le livre numérique). Plusieurs groupes de presse, dont nous-même, avons sorti des livres numériques. On s’est transformé en éditeurs, même si on reste dans le domaine de l’enquête journalistique. Le marché du livre numérique est encore faible mais dans 2 ans, il aura atteint autour de 15 % des ventes de livres (ce qui est à la hauteur des chiffres actuels aux USA). C’est un prolongement de notre travail journalistique, tout en étant une source de revenu possible et pas négligeable. A côté d’un site qui restera gratuit, cette diversification nous permettra d’avoir des sources nouvelles de ressources.
Sur les mobiles, tous les éléments de signalétiques n’apparaissent pas, on ne s’en est pas aperçu au début. Mais c’est vrai que le lecteur doit absolument savoir qui parle et désormais, nous faisons tout pour aller dans ce sens.
Sur la participation citoyenne : c’est un habillage participatif dans 90% des cas. Mais si la réponse de la part du journaliste est automatique, ça change complètement la réaction : il y a moins d’énervement et il y a du respect. Je pense que la partie illusion de ce système ne va pas durer éternellement.
Le voyage de presse, et tout le reste : une plaie du journalisme, mais déjà bien avant internet. Pourtant c’est scandaleux, ça ruine la crédibilité des journalistes. Un viol permanent de toutes les règles éthiques et la crise ne fait qu’accentuer le phénomène. Nous refusons toutes sortes d’invitations presse et publi-reportages.

Jean-Marie Charon : La situation sur la pub, n’est pas quelque chose de conjoncturel mais de structurel, la pub se dilue sur tout un ensemble de supports numériques. Je ne pense pas que cette ressource va redémarrer. Sur le payant : aujourd’hui on voit des pistes pour le payant mais par exemple pour les lecteurs de catégorie « populaire » dont on parlait tout à l’heure, on va avoir des difficultés. Le côté optimiste : on est obligé de réinventer le travail des rédactions et les conditions de travail des journalistes. Les choses vont se jouer dans une évolution du rapport du journaliste avec son environnement, on va vers une pratique du journalisme où le journaliste va devoir repenser sa relation avec les autres. Il faut travailler sur un « terrain virtuel » (notamment les réseaux sociaux) en plus du terrain physique. Ces deux terrains se valent, se complètent, se combinent. Il faut complètement intégrer l’utilisation des réseaux sociaux, avoir une cartographie des blogs qui existent, etc… Dans ce terrain virtuel, on retrouve y compris l’internaute, et l’apport qu’il peut faire à la rédaction. Dans les internautes, on trouve des ressources, des gens qui ont des compétences, des expériences. Autre transformation : la notion de journalistes très spécialisés dans un certain nombre de domaines, va se réduire. Les journalistes vont donc devoir savoir identifier des gens avec lesquels ils vont régulièrement devoir travailler en raison de leur compétence dans un certain nombre de domaines. Autre aspect : le renouvellement des récits, et dans ce travail, là encore le journaliste n’est plus tout seul mais il devra inévitablement en passer par un travail avec des informaticiens, des designers, etc…
Sur la qualité de l’information, c’est vrai que le journaliste est la variable d’ajustement lorsque le média rencontre des difficultés économiques, une réalité qui n’est pas sans influence sur la qualité.

Jacques Rosselin : Sur la fausse interactivité, moi je pense que ça continuera encore pour quelques années… même si finalement, le lecteur ne participe à rien du tout. Ce n’est pas parce qu’on est sur internet ou sur le papier que la qualité est moins bonne. Je pense que ce qui va sauver les journaux, ce sont les journalistes, mais qui va sauver les journalistes ? Aujourd’hui la PQR est dans un état très difficile, il  faut réfléchir très sérieusement, y compris avec les pouvoirs publics, à la notion de modèle économique d’information générale. Ces modèles, sont en train de sortir du modèle marchand. Dans ce cas, il faut inventer un modèle ou l’information est financer par des moyens autres… que capitalistes.

Pierre Haski : C’est un peu dangereux, c’est quoi l’alternative à l’ère marchande ? Soit l’Etat, et ce n’est pas l’idéal, soit un système de fondations, comme aux USA mais, la culture y est très différente.

Roland Cayrol : on a besoin de journalisme indépendant. Ce métier va être passionnant dans ce moment de révolution de l’information. Mais c’est très souvent, dans ce pays, un métier sinistré. Dans cette situation économique : ils sont moins nombreux, moins payés, plus précaires et pas toujours avec le feu sacré. Il faut une certaine vertu pour faire ce métier. Il faut respecter des règles éthiques et parce que ce n’est pas si facile d’entrer dans la profession. Mais, parallèlement, vive le journalisme de demain ! Car le journalisme de demain ce sera celui qui gagnera en indépendance et la qualité, car c’est celui que les lecteurs veulent lire !

Joël Aubert : Nous les journalistes, nous faisons partie d’une communauté avec des exigences. La démocratie est en attente, je pense qu’il nous faut être là, à présent et subvertir cet espace du net. Certes, on vit dans l’étroitesse mais on le transcende car on vit dans l’humilité et on va à la rencontre des gens dont on ne parle pas beaucoup, pas assez : c’est un devoir de dire. Est-ce que c’est commercial ? Pas forcément, mais à la limite ça peut le devenir. Je ne suis pas pessimiste, on s’emmerde la vie, mais on a du bonheur !

www.andreaschmitz.com: le reportage photo de la journée

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