Interview de Philippe Varela, président de l’ADEM et organisateur du Décastar à Talence


Yoan Denéchau
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 18/06/2019 PAR Yoan DENECHAU

@qui! : Au-delà de votre élection à la tête de l’ADEM le 5 avril, depuis combien de temps travaillez-vous sur le Décastar?

Philippe Varela : Je suis bénévole à l’ADEM depuis 23 ans exactement. J’étais sur la logistique de la restauration au départ. On travaillait en binôme avec un collègue, et depuis, 23 ans après nous sommes toujours les deux mêmes. Mon premier Décastar s’est déroulé en 96 avec une année exceptionnelle à travers la venue de Jean Galfione, qui après une première journée compliquée a réalisé la meilleure performance mondiale (équivalent du record du monde, ndlr) de perche en décathlon à 5m75. Marque qui tient toujours, depuis la tentative manquée de Renaud Lavillenie lors du Décastar 2013.

@qui! : Deux bénévoles me racontaient que le Décastar est le seul meeting au monde géré à 99,9% par des bénévoles. Comment expliquez-vous un tel fonctionnement ?

PV : C’est notre fierté. Je pense que nous en sommes d’autant plus fiers après la remise de la Plaque Héritage par la Fédération Internationale d’Athlétisme (IAAF) le 10 mai. Pour une association telle que la nôtre, c’est un honneur. Aujourd’hui, des évènements sportifs internationaux organisés par des bénévoles et sur un statut associatif, ça n’existe pratiquement plus. Malheureusement, nous en avons vu disparaître beaucoup ces vingt dernières années. Nous nous battons tous pour maintenir le Décastar, bien que ce soit de plus en plus compliqué, en raison de normes sécuritaires contraignantes ou de pressions médiatiques plus importantes. Nous avons par conséquent des besoins de plus en plus professionnels, et nous devons, en tant que bénévoles, monter en compétence et être au même niveau que les professionnels, ce qui demande beaucoup d’investissement personnel.

@qui! : Le Décastar est une organisation à temps plein pour les bénévoles. C’est peut-être plus facile pour un.e étudiant.e ou un.e retraité.e, parce qu’on peut se dégager plus de temps qu’un actif. Justement, vous travaillez encore en parallèle de votre présidence de l’ADEM, comment arrivez-vous à gérer les deux ?

PV : En fait, c’est un engagement à temps plein sur l’année. Il faut annualiser l’opération, surtout pour le poste de président. Sur le Décastar qui va se dérouler le week-end prochain (22 et 23 juin), on va déjà commencer à préparer celui d’après. Forcément plus l’évènement arrive, plus l’engagement doit être conséquent, pour moi c’est pris sur les congés.

@qui! : L’ADN très familial du Décastar doit aider un peu aussi…

PV : Cet esprit est essentiel pour tenir tous ensemble. C’est une association, et tous ses bénévoles sont très solidaires, travaillent pour un objectif commun. Il peut y avoir des discussions, des avis divergents, mais c’est justement ce qui fait la richesse de l’association par rapport à une entreprise. Tout est partagé. Les décisions sont prises en amont, mais dans le déroulé évènementiel, tout le monde est aligné sur le même objectif et donne le meilleur de lui-même.

Au total le week-end, plus de 300 bénévoles sont présents, contre une trentaine de personnes à l’année pour le Conseil d’Administration et le Comité d’Organisation.

@qui! : Toujours sur le thème du bénévolat : dans la société actuelle, c’est de plus en plus dur de trouver des bénévoles. Ceux qui sont engagés depuis des décennies, comme vous, commencent à prendre de l’âge. Ce n’est pas toujours facile de renouveler, à terme ça pourrait devenir un problème pour vous ?

PV : Non, je ne pense pas. Il y a une telle attractivité autour de notre meeting : c’est un évènement international. Certains voient ça comme une chance, de devenir bénévole au Décastar. C’est un engagement, pour la majorité, sur un week-end. Ce n’est pas comme être bénévole pour un club de sport, où il faut accompagner tout le tissu sportif et associatif, qui représente un engagement à l’année beaucoup plus contraignant.

L’idée ici, c’est de trouver un équilibre entre l’investissement et le plaisir. Nous avons la chance de pouvoir l’apporter, et de le ressentir auprès des bénévoles. La preuve : à partir du moment où on a été bénévole une fois pour le Décastar, on est fidèle à l’association. Les liens, la convivialité au sein de l’ADEM viennent de là.

C’est en plus un évènement très attractif pour les jeunes. Cette année nous avons sollicité le domaine universitaire de Talence et la faculté des STAPS (Sciences Techniques des Activités Physiques et Sportives), et les jeunes ont beaucoup d’appétence pour venir nous aider et découvrir un tel évènement. Je pense que c’est la même chose, à moindre échelle, que ce qui s’est ressenti autour de la Coupe du Monde 98.

@qui!: C’est d’autant plus rassurant que les Championnats d’Europe d’athlétisme auront lieu à Paris en 2020, avant les Jeux Olympiques de 2024, là aussi en France…

PV : Aujourd’hui nous avons la chance d’avoir un porte drapeau (Kevin Mayer, ndlr), recordman du monde, qui donne envie d’aller le rencontrer. Je ne m’en fais pas du tout pour la période 2020-2024. Pour nous, de telles organisations sont un beau levier pour consolider toute notre association et notre meeting.

@qui! : L’édition 2018 et la visibilité obtenue grâce, notamment, au record du monde de Kevin Mayer, ne pourrait pas vous servir pour cette année, notamment en termes de fréquentation ?

PV : La fréquentation, c’est l’inconnue aujourd’hui. Nous avons parlé des athlètes, des partenaires, des bénévoles, ces derniers avaient d’ailleurs des activités au mois de juin. D’un autre côté, nous récupérons plus de jeunes, comparé au mois de septembre, on devrait être à l’équilibre côté bénévoles. Là où nous n’avons pas encore de retour, c’est le public. Nous sommes très optimistes, mais entre la météo et le public, c’est là que nous mesurerons la réussite de ce meeting.

@qui! : L’édition 2019 du Décastar a été avancée de trois mois à cause de l’organisation des Championnats du Monde au Qatar. Quelles sont les difficultés pour vous cette année, s’il y en a ?

PV : Ça restera une année exceptionnelle pour nous, avec la succession de Nicole et Jean-Paul Durand, qui présidaient l’ADEM depuis plus de quinze ans. Ça nous affecte tous. Fort heureusement Nicole reste présente à nos côtés aujourd’hui, et nous l’en remercions. En plus de cela, le changement calendaire. Nous avons dû découvrir un calendrier complètement différent, qui a surpris tout le monde.

Nous, ADEM, avons été surpris par le plateau d’athlètes, vraiment exceptionnel cette année. En septembre, nous avons un plateau convivial, c’est la fin de saison, ou alors c’est revanchard, parce que certains athlètes ont raté leur saison, et veulent se rattraper à Talence, comme l’an dernier par exemple, avec le record du monde de Kevin Mayer.

Cette année, ce sera plus compétitif. Les athlètes sont plutôt sur des objectifs de performance à réaliser en vue des mondiaux. Je crois que c’est le meilleur plateau que nous ayons eu : un recordman du monde, une Championne Olympique (la belge Nafissatou Thiam, ndlr) et un espoir girondin (la bordelaise Solène Ndama)… Je pense qu’il va y avoir beaucoup d’étoiles sur le stade ce week-end.


Pour assister au Décastar 2019, qui se déroulera les 22 et 23 juin prochains à Talence (Stade Pierre Paul Bernard), la billetterie en ligne est ouverte.

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