Innovation : des jeux vidéo pour lutter contre le décrochage scolaire


YD
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 06/02/2019 PAR Sybille Rousseau - Yoan Denéchau

« Tout a été pensé ! Les difficultés d’enseignement, les apports intellectuels, l’accompagnement pédagogique ! On nous a véritablement livré un projet clé en main ! » En ce 5 février, Cyrielle Cathelinaud, enseignante en arts plastiques au collège Jean Moulin de Marmande, est aux anges. L’association franco-québécoise Fusion Jeunesse, la Région Nouvelle-Aquitaine et Ubisoft Bordeaux viennent de lancer officiellement un projet pédagogique visant à lutter contre le décrochage scolaire. Ce dernier va permettre à plus de 200 collégiens et lycéens lot-et-garonnais âgés de 12 à 17 ans, de découvrir le monde des technologies et du design grâce à la conception de jeux vidéo, entre février et juin 2019. Un visage émerveillé, un sourire qui en dit long, cette professeur « attendai[t] un tel projet depuis bien longtemps. Nous allons parler leur langue, renchérit-elle. C’est un support pédagogique extraordinaire à partir duquel nous allons concevoir, créer, innover. Par exemple, nous allons réaliser des jackets et des logos pour leurs jeux. » Et c’est toute l’équipe pédagogique de cette classe de 5ème de ce collège qui s’est lancée dans cette aventure. Clément Duffourt, professeur de mathématiques, quant à lui, se dit rassuré de savoir qu’une « grosses structure, comme Ubisoft est derrière pour accompagner les jeunes ». Un projet pilote en FranceCe projet est donc à l’initiative de l’association franco-québécoise Fusion Jeunesse. Lauréate de nombre de distinctions, cette dernière a pour mission de « contribuer à la persévérance scolaire, à l’employabilité, à l’orientation et à l’engagement civique des jeunes en implantant des projets d’apprentissage expérientiel innovants qui créent des liens continus entre les milieux scolaires et les professionnels », précise Gabriel Bran Lopez, président fondateur de cette structure. Si aujourd’hui, et ce depuis cinq années, un tel projet pédagogique profite à plus de 750 jeunes au sein de 35 établissements situés à Montréal, Québec et en Ontario, le projet lot-et-garonnais est le premier du genre lancé en France par Fusion Jeunesse. « C’est vraiment le premier projet pilote pédagogique en France », tient à souligner Gabriel Bran Lopez. Ce projet fait d’ailleurs partie de la nouvelle feuille de route signée récemment entre la Nouvelle-Aquitaine et le Québec pour 2018-2021. Des jeunes émerveillés Et qu’en disent les principaux intéressés ? « Et bien ils ont des étoiles plein les yeux ! », assure Sylvie Scantamburlo, principale du collège Lucien Sigala de Duras. En effet, les jeunes sont « euphoriques, enthousiastes, motivés. Ils ont plein d’idées. Souhaitent ouvrir une salle de gaming au sein de l’établissement par exemple ! » Avant le lancement officiel de ce projet, le 5 février en matinée, ces collégiens et lycéens ont eu le privilège de visiter les studios d’Ubisoft à Bordeaux. Le verdict fut sans appel. « Ils étaient fascinés ! », précise Sylvie Scantamburlo. Pour la principale, « ce projet est tout simplement grandiose car il allie la pédagogie au ludique. Il associe l’apprenant et l’enseignant. Il permet de toucher aux fondamentaux tout en jouant. Bref, nous n’avons jamais eu ça ! » Un accompagnement sur-mesureChaque semaine, entre février et juin, un « expert » de Fusion Jeunesse se rendra dans les neuf établissements lot-et-garonnais pour accompagner pendant trois heures les jeunes dans la réalisation de leur jeu vidéo. Dans chaque classe, répartis en groupe de 4-5 élèves, les jeunes créeront ainsi leur propre studio de jeu vidéo. « Toutes les phases de réalisation d’un jeu seront ainsi abordées et, de surcroit, toutes les matières scolaires, d’une manière ludique », précise David, l’un des coordonnateurs. Ce projet sera réalisé en six phases distinctes. « La phase 1 pour comprendre les différentes facettes de l’industrie du jeu vidéo. La phase 2 pour utiliser des outils numériques artistiques. La phase 3 pour découvrir la programmation et le codage. La phase 4 pour faire des essais-erreurs de leur jeu tout en travaillant leur image de marque. La phase 5 pour assembler tous les éléments de leur jeu et le tester. Enfin, la phase 6 pour la finition et la commercialisation du jeu ».
Le 17 juin prochain, les jeunes présenteront leurs créations à La Manoque à Tonneins, devant parents, professeurs, directeurs d’établissement, mentors, coordonnateurs, partenaires et membres de Fusion Jeunesse.

Locaux d'Ubisoft

« Le jeu comme vecteur d’éducation » Ubisoft est donc partie prenante de ce projet pédagogique innovant. Du reste, cette multinationale travaille main dans la main avec l’association Fusion Jeunesse depuis 6 ans à Montréal, au sud du Québec. Installé à Bordeaux en septembre 2017, le studio de jeux vidéo a permis la création de nombreux emplois sur le territoire. Julien Mayeux, le manager du studio Ubisoft bordelais, précise d’ailleurs qu’« Ubisoft est assez engagé sur ce type de démarche pédagogique, qui permet de faire connaître les métiers du jeu vidéo ». En effet, dès son arrivée dans la capitale girondine, l’entreprise s’est inscrite dans le projet de l’association des professionnels du jeu vidéo Bordeaux Games. Cette dernière a organisé le 10 octobre et le 5 décembre 2018 deux demi-journées dédiées aux métiers du jeu vidéo. L’opération « Start : les métiers du jeu vidéo » a permis à des élèves de troisième, ne pouvant pas réaliser un stage d’observation dans l’un des studios bordelais, de découvrir le temps d’une après-midi les principaux métiers liés à cette discipline. Pour l’association Fusion Jeunesse comme pour Ubisoft, le choix des établissements scolaires lot-et-garonnais est simple : « le Lot-et-Garonne est un département rural. À travers ce projet, nous proposons aux jeunes des perspectives d’emploi différentes de ce qu’ils voient au quotidien », souligne Julien Mayeux.

Le rôle d’Ubisoft dans le projet « Quand créer aide à motiver », selon Julien Mayeux, est « d’utiliser le jeu vidéo comme vecteur pour l’éducation ». Cela apparaît, par exemple, à travers l’utilisation des mathématiques lors du développement d’un jeu de rôle : ces derniers font appel de manière récurrente aux statistiques et aux probabilités. Le manager du studio bordelais explique l’intérêt du projet par une volonté de « moderniser » l’approche éducative. Dans chacun des établissements scolaires qui participent à la démarche, les travaux liés à cette dernière sont intégrés aux enseignements.

⃰Les collèges Jean Moulin à Marmande, Lucien Sigala à Duras, Daniel Castaing au Mas d’Agenais, Jean Rostang à Casteljaloux, la cité scolaire à Marmande, Germillac à Tonneins, Jacques Philippe Delmas de Grammontde à Port-Sainte-Marie, le micro lycée professionnel Antoine Lomet d’Agen et le lycée professionnel val de Garonne à Marmande.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles